Sollicitée par des Yvelinoises et Yvelinoises sur l’agriculture biologique – suite à une campagne d’interpellation d’Osons la bio, la FNAB et Terre de liens – Anny Poursinoff a souhaité rappeler son engagement en faveur de la bio et ses positions concernant la politique agricole. Sa réponse est à lire ci-dessous.
Madame, Monsieur,
J’ai bien pris connaissance de votre courriel et je vous en remercie. Mon engagement en faveur de l’agriculture biologique est un engagement de très longue date et, au fils des années, j’ai ainsi tissé des liens profonds avec les structures partenaires de la mobilisation que vous avez relayée.
Lorsque j’étais conseillère régionale j’ai rédigé un rapport pour développer l’agriculture biologique en Ile-de-France. Devenue députée, c’est sur les bancs de l’Assemblée nationale que je suis alors intervenue pour défendre et promouvoir la bio. Et c’est en tant que députée et personne engagée que je suis la marraine de la campagne de sensibilisation « oui au bio dans ma cantine » menée WWF.
Permettez-moi de vous exposer brièvement les positions défendues par les écologistes, positions qui sont les miennes et que je mettrai à nouveau en avant si je suis réélue députée.
Nous souhaitons accompagner l’ensemble de l’agriculture vers une transition écologique avec, à terme, un modèle d’agro écologie généralisé à tout le territoire, avec l’agriculture biologique comme exemple le plus abouti.
Le modèle agricole actuel a fait la démonstration de ses limites et dangers. Reposant sur la spécialisation à outrance et la course aux rendements, l’agriculture industrialisée contribue à l’effet de serre, dégrade les ressources naturelles (pollution des eaux, épuisement des sols), détruit la biodiversité, désertifie les campagnes et contribue à l’appauvrissement des paysans en Europe et dans les pays dits en développement.
Or, depuis des décennies, c’est ce système conventionnel qui est favorisé par les pouvoirs publics, au détriment de la bio. Pourtant, c’est la bio qui offre le plus de services à la société en termes environnementaux, sanitaires, sociaux, paysagers… Créatrice d’emplois (30% d’emplois supplémentaires par rapport à l’agriculture conventionnelle), l’agriculture biologique va également dans le sens d’une conception de la santé publique plaçant la prévention au rang des priorités.
Dépendante des intrants, le modèle agro-industriel intensif actuel propose aux consommateurs des aliments standardisés et contenant de nombreux pesticides. Pourtant, les liens entre alimentation et santé sont aujourd’hui indéniables, comme en témoignent les effets des pesticides et des perturbateurs endocriniens sur l’augmentation des allergies, des maladies auto-immunes et neurodégénératives ou encore des cancers.
C’est pourquoi il urgent de changer de modèle agricole.
Atteindre, dès 2020, 20% de la SAU (surface agricole utile) en bio est une première étape. Cela correspond à l’objectif du Grenelle 1 qui, de toute évidence, ne pourra pas atteint dans les conditions actuelles ; il en va de même de l’objectif intermédiaire de 6% de la SAU en bio en 2012. On importe toujours 35% des produits bio (hors produits non transformés) alors que la consommation en bio augmente de 10% par an. Pour ne pas cristalliser des circuits d’importation, certaines cantines scolaires se retiennent de proposer des menus bio et attendent avec impatience que la bio française se développe enfin !
Cependant, il n’est pas suffisant de brandir un objectif quantitatif de ce type. Certes, 20% de la SAU en bio représenterait une étape structurante pour que les alternatives techniques portées par la bio deviennent courantes et que les équilibres agro-industriels évoluent dans le bon sens. Mais, par-delà cet objectif chiffré, c’est bien à terme une généralisation de l’agro-écologie sur le modèle de la bio qu’il faut organiser.
Cette généralisation de l’agro-écologie est à la fois souhaitable et possible. Elle permettrait de mettre fin à la pollution généralisée de l’environnement par les pesticides et les nitrates et réduirait considérablement les maladies qui en découlent. A l’échelle planétaire, elle permettrait de mieux nourrir les populations rurales des pays pauvres et émergents tout en renforçant sur place les emplois et circuits économiques.
Contrairement aux autres partis politiques qui se mettent à brandir des objectifs chiffrés de ce type depuis peu, nous défendons la bio depuis longtemps, et avons montré que nous le faisions concrètement chaque fois que nous avons été en responsabilité. Au niveau régional, les présidents ou vice-présidents écolos en charge de l’agriculture ou de l’environnement ont immédiatement pris des mesures pour soutenir la bio via par exemple :
- un soutien à la recherche sur la bio (il faut savoir que la France est déficiente par rapport aux voisins européens sur le sujet),
- le travail avec les GAB, que les élus écologistes ont contribué à financer,
- l’introduction de la bio dans les cantines scolaires,
- le soutien de filières locales, comme avec le pain bio de la région Ile-de-France,
- l’aide au maintien de la bio – sous l’impulsion des écologistes, l’Ile-de-France avait été l’une des premières régions à proposer un dispositif de soutien financier sous la forme de l’ARMAB, palliant ainsi les déficiences de l’État.
Ces quelques exemples illustrent le volontarisme qui anime les écologistes. La politique menée depuis des décennies doit être revue en profondeur, tant au niveau local, que national et européen.
La réforme de la PAC devra participer à ce soutien à la bio et à l’agriculture paysanne (soutien aux petites fermes, verdissement des aides…). L’échelon territorial de répartition et de gestion des aides doit être revu. La réinstauration de mécanismes de régulation des marchés doit être négociée pour protéger les produits agricoles de la spéculation et garantir des prix rémunérateurs pour les paysans.
Au niveau national, l’actuelle loi d’orientation agricole doit être revue, afin d’instaurer un nouveau pacte entre agriculture et société.
C’est dans ce cadre que nous pourrons soutenir la bio comme il se doit : en incitant les collectivités à atteindre les 20% de leur surface agricole en AB, par l’acquisition foncière publique ou associative ; en systématisant l’usage d’aliments AB en restauration collective (et particulièrement dans les cantines scolaires) via des partenariats avec des producteurs locaux ; ou encore, en instaurant une fiscalité encourageant l’agro écologie et appliquant le principe pollueur-payeur.
J’aurai également à coeur d’agir sur les principaux facteurs de blocages constatés sur le terrain : l’accès au foncier qui favorise l’agrandissement des systèmes conventionnels plutôt que l’installation en bio, la formation en agro écologie déficiente dans les lycées agricoles et les formations d’ingénieur, la faiblesse de l’accompagnement agricole (tutorat, couveuses…) ou encore le manque de représentativité de la diversité agricole au sein des interprofessions. Je m’engage à démocratiser les institutions représentatives.
Si je suis réélue, je soutiendrai également toute initiative visant à conditionner l’ensemble des aides versées au niveau national par rapport à l’emploi, l’environnement et à un réel bien-être animal. J’agirai pour rendre réelle, d’ici 2018, la réduction de 50% des pesticides et je voterai pour la modification de la loi sur les Certificats d’obtention végétale qui constitue un véritable danger pour la biodiversité et le travail paysan.Promouvoir la bio, c’est aussi s’engager à abandonner la transgénèse et les autres biotechnologies (sauf pour la recherche médicale confinée) et assurer un moratoire sur les OGM.
L’agriculture française peut devenir un exemple mondial de performance environnementale et sociale.
C’est conformément à cet objectif que je suis intervenue sur les bancs de l’Assemblée nationale et c’est en ce sens que je souhaite agir au cours de la nouvelle législature.
Cordialement,
Anny Poursinoff