Anne Babian-Lhermet : « L’écologie, des mesures anti-dettes »

Notre économie et notre monde marchent sur la dette.

« L’économie mondiale est comme une voiture qui roule mais qu’on a besoin d’arrêter tous les 300 mètres pour lui donner un litre d’huile. Nous sommes addicts à la dette », déclare l’économiste Pierre Larrouturou.

Comment ça marche ?

Nos économies marquées par un chômage persistant et des croissances faibles (ne résorbant donc pas le chômage) ont trouvé un bon additif au pétrole, leur carburant naturel : la dette. Depuis les années 70, nos sociétés accumulent des montagnes de dettes. Le château de cartes s’est effondré en 2008. Mais les leçons n’ont pas été tirées. La prochaine crise sera plus grave encore.

Qu’est-ce qu’une dette ?

La dette, c’est employer des ressources dont on n’aurait dû disposer que demain ; et ainsi en priver nos enfants qui, eux, en auront besoin demain ; mais qui devront reboucher les trous que nous avons creusés avec les ressources qui auraient dû leur servir à vivre.

La dette est donc :

  • financière

  • écologique (déchets ménagers, nucléaires, CO2, épuisement des ressources…)

  • morale : un confort illusoire est facturé aux générations futures et aux plus pauvres.

Seuls les écologistes mettent toutes les dettes à l’envers ; en trois points : s’acquitter de notre dette morale en réduisant les dettes écologiques et financières à des niveaux soutenables pour les générations futures.

Nous proposons donc d’agir, dès le 18 juin prochain, pour un « new deal » écologique et social, pour une nouvelle économie innovante, soutenable et riche en emplois.

Comment ?

Nous nous attacherons à réduire :

  • la dette privée

Travailler tous (et non plus travailler plus) et substituer les salaires aux dettes. Nous lancerons dès l’été 2012 trois grandes négociations sur les retraites, la réduction du temps de travail (vers les 32h) et la formation tout au long de la vie.

  • la dette publique

Réduire de 1% de PIB le déficit en 2012 soit 30 milliards de recettes nouvelles affectées à la réduction du déficit (autour, notamment, d’une refonte de la fiscalité).

  • la dette énergétique

Une puissante politique de conversion énergétique s’appuiera sur le développement de nouvelles filières industrielles dans les énergies renouvelables dont regorgent nos territoires et notamment l’Allier (bois, biomasse, biogaz, géothermie puis, dans une moindre mesure solaire et éolien)

Sera mise en place une politique volontariste de soutien au secteur du bâtiment :

- construction de logements neufs : 150 000 logements sociaux BBC - coût : 2 milliards d’euros

- isolation des bâtiments : 150 000 logements BBC en 2012 pour atteindre un rythme annuel d’un million en 2020 - coût : 1 milliard

- Plan immobilier BBC universitaire – coût 1 milliard 

  • la dette de nos déchets : consommer mieux, recycler et réduire notre montagne de déchets (ménagers, chimiques, nucléaires, fonciers, gaz à effet de serre, …) réduira le coût de nos produits et donnera de l’air à nos enfants, ainsi qu’à notre pouvoir d’achat.

S’il nous faut sortir du pétrole et du nucléaire, les écologistes prônent aussi la sortie d’un système nourri par l’accumulation des dettes. Mais s’il faut parler endettement, parlons alors de toutes les dettes que nous laissons à nos enfants.

La majorité qui s’apprête à sortir ne parle jamais que de dettes financières pour mieux nous conduire à l’austérité, en fait à un partage inégal du poids de cette dette. Quand les écologistes parlent dette, c’est pour poser la question du partage de son poids. A l’austérité généralisée nous substituerons sobriété et prospérité partagée : la réduction de notre dette énergie-climat aura d’ailleurs comme priorité un double soutien aux ménages ainsi qu’aux entreprises les plus fragiles. [Voir le financement de notre Fonds de conversion écologique]

Et cela, en créant plus de 900 000 emplois d’ici la fin de la décennie. J’y reviendrai dans les jours suivants.

 Anne Babian-Lhermet