Très schématique s’entend: Où il me semble percevoir une tendance historique peut-être liée au degré d’éducation, de la diversification et de l’accessibilité des sources d’information.
1) Le centralisme démocratique : la période 1950-1960 voit en France la domination du PCF. Sa structuration est fondée sur le centralisme démocratique et un système pyramidal.
Le système pyramidal: les sections élisent des représentants départementaux qui à leur tour élisent des représentants nationaux. Puis ces représentants nationaux votent une ligne politique qui ne peut plus être remise en cause par la base. Il y a un mouvement ascendant pas de retour descendant. De plus aucune tendance n’est toléré dans le parti. Il n’y a qu’une ligne. C’est l’ère des journaux (qui existaient déjà avant le 2nd guerre mondiale ) et l’âge d’or de la radio.
2) Les courants : la période 1980-2000. Les années 70 voient le passage de témoin du PCF au PS. Puis dans années 80-90 l’hégémonie à gauche est assurée par le PS sans aucune contestation, le tout couronné par les 14 ans de présence de François Mitterrand à l’Élysée. Le PS est toujours pyramidal, les groupes locaux (sections), départementaux (les fédérations), national qui élit en son sein son premier secrétaire, il faut attendre la période récente pour que François Hollande transforme l’élection du 1er secrétaire au scrution indirect, en une élection directe par tous les militants. En cela, avant la réforme Hollande le PS est semblable au PCF. Par contre il apporte une grande innovation, la tolérance des courants. En théorie il ne s’agit que d’une tolérance puisque dans ses statuts même à l’heure actuelle, la structuration des courants est interdite. Ils ne peuvent pas se constituer en association déclarée. Ségolène Royal sera la première à franchir le Rubicon en déclarant son association Désirs d’avenir. Grâce à cette innovation dès son apparition 1969/1971, une grande liberté de ton est donnée, on peu enfin discuter des orientations du parti. Revers de la médaille, malgré l’interdiction théorique, les courants se structurent, deviennent des écuries présidentielles qui s’affrontent au sein du parti, le système de la 5e république présidentialiste n’y étant pas pour rien. Le système pyramidal, lui aussi subit les dérives inhérentes à ce genre de système, l’apparition du système de cour. Le militant de l’échelon n a tendance à flatter le chef du niveau n+1 dont il a choisi le courant espérant ainsi être nommé candidat au poste de chef de l’échelon n. Il faut gagner l’investiture de son courant avant de gagner l’élection intercourant et ce quelque soit l’échelon. En même temps c’est l’âge d’or de la télévision.
3) La démocratie participative dans un système pyramidal: les années 2000. Tout ceci (effets secondaires de la pyramide+courants) a commencé à lasser les militantEs et à éroder le PS , car la conséquence des phénomènes de cour est que le débat cède la place à la flatterie au sein du courant et à la hargne entre les courants au sein du parti, tout cela au détriment de l’efficacité qu’apporte la démocratie par son débat contradictoire. Donc un mouvement de mécontentement est apparu en interne qui s’est cristallisé autour de Ségolène Royal qui a eu l’intelligence d’apporté la démocratie participative. De nouveau les militantEs pouvaient s’exprimer, se sentir utile au débat démocratique, ils n’étaient plus de simples distributeurs de tracts rédigés au château où ils n’allaient pas. Par contre Ségolène maintenait son association (Désirs d’Avenir) dans un système pyramidal, à cause de la présidentielle, en restant à la tête de ce mouvement. Du coup la démocratie participative n’était pas un vrai pouvoir, une vraie liberté oui, mais un simple travail de conseil dont la patronne faisait ce qu’elle voulait. Cela donnait un peu le sentiment du « cause toujours ». Le mécontentement externe s’est incarné dans l’émergence dans un premier temps du Modem puis d’Europe Écologie.
DA est la première organisation politique de gauche a utiliser massivement le web 1.0, à travers son magnifique site en Drupal réalisé par la netscouade.
4) La démocratie délibérative plus le réseau : les années 2010-2030. Voilà pourquoi l’analyse historique des 3 formes précedentes m’amène à penser que la forme pyramidale induit plus d’inconvénients que d’avantages. Que la démocratie participative ne doit pas être un simple conseil mais doit devenir une vraie forme d’organisation politique, des philosophes y ont déjà pensé (Habermas…) on appelle cela la démocratie délibérative. Cette ère s’ouvre avec un nouveau média qui lui donne la possibilité d’exister, le web 2.0, le web collaboratif que toutes et tous connaissons déjà: facebook; myspace, dailymotion et surtout wikipédia. A chaque époque sa façon de penser le monde selon les médias utilisés.
Version 0.2
Merci pour cette synthèse, est-ce que tu as des infos sur la structuration des partis politiques chez certains de nos voisins? J’imagine que la culture politique locale doit beaucoup influencer ces structures.
En tout cas merci beaucoup!
Antoine
Superbe analyse. Merci Laurent. Mettons en service cet outil web 2.0 . La coopérative EElv en a besoin pour se structurer. Il faut absolument créer les conditions pour que le parti soit au service des coopérateurs/trices et non le contraire.
amitiés,
christian