Une agriculture paysanne pour une alimentation saine en Aquitaine

Le contexte national

Selon les comptes prévisionnels de la nation publiés par l’INSEE, le revenu des agriculteurs chute de 32% en 2009 après avoir reculé de 20% en 2008, revenant ainsi à son niveau de 1993. Les plus touchés sont les producteurs de lait et les céréaliers. Un tiers des exploitations agricoles risquent mettre la clef sous la porte faute de revenus.
En même temps les prix payés par les consommateurs augmentent régulièrement.

Le contexte régional

Les points forts de notre région en matière d’agriculture sont la diversité et la richesse des productions agricoles avec une labellisation : vins, fruits et légumes, céréales, bétails et une forte notoriété : vins, foie gras, jambon de Bayonne, pruneaux, vins, huîtres, fromage de brebis qui leur donnent une valeur ajoutée supérieure à la moyenne française.
Les surfaces agricoles sont encore importantes. Les facteurs géologiques et climatiques sont favorables. Les traditions culturelles avec des terroirs affirmés, art de vivre et sens de la fête accompagnent les savoirs faire des différentes filières
L’Aquitaine porte encore en elle une image grand espace nature, valeurs compatibles avec l’écologie, une image adaptée aux productions de qualité dans un environnement privilégié
Ses faiblesses sont révélées par une baisse de la production agricole en volume ces 3 dernières années, de 3% alors qu’elle n’était que de 1,5% en France. Les labels sont insuffisamment porteurs à l’exportation et perdent parfois de leur impact sur les consommateurs hexagonaux.
Les exploitations restent de petites tailles et sont concurrencées par celles des régions aux logiques plus industrielles (Bretagne).
Le bassin de population aquitain est relativement faible.

Mais nos agriculteurs doivent saisir quelques opportunités :
Des consommateurs de plus en plus nombreux qui estiment que alimentation et santé vont de paire, qu’une alimentation simple à partir de produits de qualité est également source de plaisir.
Les nouvelles obligations de l’étiquetage : valeur nutritionnelle et indication du dégagement en CO2. Les coûts des transports devront augmenter avec l’instauration de la taxe carbone et la relocalisation des achats de produits alimentaires en sera ainsi favorisée

Le souci de l’environnement va influencer les comportements.
La demande des consommateurs en produits bio connaît une croissance à 2 chiffres mais malheureusement notre région, malgré ses atouts, n’est qu’en 9ème position en France pour leur production. Elle est cependant déjà deuxième pour les oléagineux, troisième pour la vigne et les volailles de chair, quatrième pour les oeufs et les fruits et légumes.

Cependant de sérieuses menaces risquent s’accentuer avec la concentration des acteurs de la distribution qui font pression sur les marges de producteurs, la diminution du nombre d’exploitations et une pyramide des âges qui vont demander de gros efforts de renouvellement.
La problématique de l’aménagement du territoire est à prendre également en considération avec des terres agricoles de qualité, bien situées qui sont sacrifiées à l’étalement urbain et la multiplication des infrastructures de transport. La réduction du pouvoir d’achat de couches
importantes de la société risque également peser au dépens des produits de qualité.

Propositions d’Europe Ecologie Aquitaine

Conversion écologique de l’agriculture en Aquitaine et un développement équilibré des territoires.

Le développement de produits alimentaires de qualité et accessibles à toutes et à tous pour lutter contre la malbouffe, vers le soutien et l’extension de l’agriculture biologique, paysanne et familiale, vers la préservation des ressources naturelles et la mise en place d’échanges équilibrés et équitables.

Les systèmes hors-sol ou totalement dépendant d’importations protéiques (vaches laitières) devront évoluer vers des schémas de polyculture-élevage et permettre un accès privilégié aux pâturages.
Les autres élevages doivent être désintensifiés et retrouver un lien direct avec le sol, pour le respect des animaux d’élevage et pour limiter les effluents et les pollutions par les nitrates.
Cette politique se situe dans la perspective d’une décroissance de la consommation de viande au profit de leur qualité.

Soutenir l’alimentation saine, sûre, de proximité et de saison.
La répartition des aides sera redéfinie pour soutenir le maintien et la création d’emplois et pour compenser les handicaps naturels.
L’agriculture paysanne, les exploitations de polyculture-élevage seront favorisées afin de retrouver un équilibre agronomique régénérateur.
Il faudra accompagner la démocratisation de l’accès aux aliments les plus sains et les plus nutritifs (AMAP, restauration collective notamment scolaire).
Nous serons fermes pour garder une Aquitaine sans OGM.
Nous soutiendrons avec force l’agriculture biologique et durable.

S’il est vrai que tous les agriculteurs ne peuvent pas passer au bio du jour au lendemain, c’est possible pour la majorité d’entre eux en 10 ans à condition qu’ils soient accompagnés techniquement et économiquement. Une agriculture biologique à grande échelle, c’est aussi une façon efficace de tirer l’ensemble de l’agriculture aquitaine vers le haut, tout en généralisant des pratiques économes en intrants et en énergie et créatrice d’emplois.
Nous proposons donc un plan aquitain de développement de l’agriculture biologique qui harmonisera les moyens engagés à différents niveaux, fixera des objectifs et dégagera des financements pluriannuels garantis pour :

  • l’accompagnement des agriculteurs en conversion bio par des paysans déjà expérimentés dans ces pratiques agronomiques ;
  • le renforcement de la formation des enseignants des lycées agricoles et des centres d’apprentissage, des agriculteurs et des techniciens (formation initiale et continue) ;
  • une recherche et un développement agronomique orientés vers l’agro-écologie ;
  • une sélection participative de variétés végétales adaptées à la bio ;
  • le soutien à l’organisation de filières locales et régionales ;

Ce plan accompagne l’objectif de réduction de 50% de l’usage despesticides retenu lors du Grenelle de l’environnement

Yves Wegner, Bernadette Campagne, pour le groupe landais

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