LETTRE A NOS FILLES

par Antoinette et Nathalie

Si, pour une fois, on se livrait avec des mots simples, nos sentiments, nos choix, nos douleurs, nos passions, avec notre cœur autant qu’avec notre raison.

« Tu sais, ma fille, chez nous, il y a des choses qu’on ne dit pas.»

Se présenter à une élection, c’est un honneur. Une chance et une fierté pour nos proches, nos familles, nos ami.e.s, nos militant.e.s.

C’est surtout, en cette période difficile, proposer une vision d’espoir, un futur désirable, une fenêtre ouverte sur les valeurs d’écologie et de justice sociale dans une République apaisée.

Notre République, c’est la République de la solidarité, de la sororité et de la fraternité, de la générosité et du partage.

Si nos combats, nos forces, nos convictions sont résolument tournées vers la jeunesse, nous n’oublions pas d’où elle vient, de la génération banlieue à la génération Covid en passant par la génération climat.

Des marches des années 80 aux révoltes des années 2000, il y avait déjà ce goût d’aigreur chez les jeunes.

Aminata, Roxane, David, Maria, Abdel, Halima, Stanislas, Zhang, Louisa, vous êtes et serez toujours des enfants de la République.

Notre République ne sera jamais celle du contrôle au faciès ou celle de la déchéance de nationalité.

Les polémiques stériles ne doivent pas nous faire douter de la nécessité absolue d’une nouvelle République sociale et écologique.

Quel est donc ce gouvernement qui condamne notre jeunesse à de tristes promenades entre Netflix et les queues alimentaires ? Où les seuls espoirs de lien social viennent s’échouer sur Insta, Tik Tok ou Twitch.

Qu’a-t-il été proposé d’autre que des applaudissements, comble de l’ironie, à celles et ceux qu’on appelait les petites mains ? Qu’est-il arrivé au « Monde d’après » ?

Nous n’avons pas toutes la même histoire mais comme dit le poète « On est pas là par hasard ».

Notre écologie puise ses racines dans celles de nos parents et grands-parents, qui, face aux épreuves, nous ont appris à savoir, quand il le faut, lever la tête et bomber le torse.

« Cette mère qui m’apprit à coudre, la silencieuse Marie, mais que d’orages, que de foudres réduits sous tant de broderies ».

C’est cet esprit de résistance, d’indignation, de persévérance que nous nous engageons à porter naturellement à l’Assemblée nationale.

Ils et elles nous ont appris aussi, avant l’heure, une écologie simple, réelle, concrète, celle du quotidien. Celle qui évite le gaspillage, qui économise l’eau et l’électricité, qui cultive, qui répare et qui recycle.

C’était uneécologie dictée par les contraintes et la pauvreté. Progressivement, nous sommes passées d’une écologie subie à une écologie choisie, une écologie populaire.

Aujourd’hui, elle pourrait paraître complexe, technique ou réservée à quelques un.e.s.

Au-delà de la raison ou des convictions, nous savons qu’il y a urgence. Et celles et ceux marchant à petits pas, n’ayant pas la force d’agir, ils dissertent.

Les canicules s’installent, les inondations se succèdent, les pollutions se multiplient. L’air devient étouffant et irrespirable, le bruit permanent rend fou. Dans les quartiers, les classes populaires y sont les plus exposées. Les injustices environnementales se cumulent toujours aux injustices sociales.

Cette alliance indissociable entre l’environnement et le social, c’est l’essence même de l’écologie. Comme en témoignent aujourd’hui les questions d’alimentation, d’accès à la nature et de santé.

Le lien entre le virus, les pandémies et l’écologie est aujourd’hui démontré.

La circulation effrénée des capitaux, des marchandises et des hommes est responsable de la propagation des virus. La chute de la biodiversité, le pillage des ressources, la déforestation cassent les équilibres de la nature et augmentent les transmissions de maladies vers l’humain.

Pourtant nous ne devons pas céder au pessimisme. Nous avons la responsabilité d’envoyer un immense signe de confiance et d’encouragement aux jeunes générations.

« Sois heureux déjà d’avoir un stage, c’est normal de galérer quand on est jeune ».

En quoi ces 5 à 10 ans où se succèdent stages, petits boulots, contrats courts et précaires avant d’accéder à un emploi durable sont-ils utiles à la construction d’un meilleur adulte ?

Quand va-t-on sortir du mythe du parcours du combattant obligatoire pour les jeunes ?

Croire en ce mythe, c’est privilégier celles et ceux qui ont un capital au départ : un capital économique avec une famille qui joue le rôle de filet de sécurité, un capital culturel qui donne les codes et un réseau qui ouvre les bonnes portes.

Sortir de ce mythe, c’est accorder aux jeunes dans leur grande diversité un droit à grandir, un droit à choisir, un droit à l’avenir : un revenu universel pour les 18-25 ans. Universel car pour tous et toutes.

Riches de nos trajectoires, chacune sa route, chacune son chemin, nous avons entendu le message : la demande d’un rassemblement cohérent sur le fond, sincère sur la forme et exigeant sur les valeurs.

Celles de la justice sociale, de la lutte contre les discriminations, du respect de la nature, de la démocratie…,

ce sont ces valeurs qu’exprime l’écologie, naturellement.

Parfois au détour des mots nous avons voulu, en toute humilité, rendre hommage à quelques écrivain.e.s, auteur .e .s, poètes.se.s disparu.e.s ( Idir, Anne Sylvestre, Jean Jaurès, Tonton David) et saluer d’autres, encore bien vivant.e.s (Diam’s, Kery James, Amel Bent…).