Réaction aux annonces du ministre de l’Education nationale
Paris, le 5 janvier 2023,
Le 18 septembre 2022, Pap Ndiaye avait suscité une forte attente en déclarant que le collège était « l’homme malade du système ». Ce mardi, le Ministre a annoncé quelques pistes en s’appuyant notamment sur la création d’une heure d’accompagnement en 6e par des professeurs des écoles.
Si les écologistes saluent la volonté de repenser une meilleure articulation du lien CM2-6ème, nous regrettons l’absence d’un cap clair, et surtout, le manque de réalisme des réformes annoncées. Une étude parue fin décembre dresse un constat sévère de notre système éducatif. La France présente non seulement les tailles moyennes de classes les plus élevées de tous les pays européens mais aussi des salaires qui restent inférieurs à la moyenne de l’OCDE à chaque étape de la carrière. Les statistiques montrent aussi que les enseignants travaillent pour la plupart plus de 43 heures par semaine, et qu’ils passent davantage de temps à enseigner que leurs collègues dans les pays européens.
Dans de telles conditions, comment des professeurs des écoles déjà surmenés, épuisés, mal rémunérés et en sous-effectifs pourraient-ils être déployés efficacement au collège sans créer de tensions inévitables sur le système ? La priorité absolue, avant d’engager toute réforme, doit être la revalorisation de 20% pour rattraper le décrochage de pouvoir d’achat subi par la profession.
Le deuxième chantier doit être la diminution du nombre d’élèves par classes à tous les niveaux. La baisse démographique offre pourtant une occasion inédite d’engager une politique ambitieuse en la matière, le Ministère a fait le choix incompréhensible de supprimer 2000 postes d’enseignants pour la rentrée 2023. Nous nous interrogeons sur l’arrêt prématuré en 2017 du plan « plus de maîtres que de classes » dont les retours de terrain semblaient pourtant positifs. Rappelons que la France investit encore trop peu dans l’école primaire avec une dépense 9% inférieure à la moyenne des pays de l’OCDE.
Nous regrettons aussi l’absence de mesures sur la mixité scolaire et sociale qui constituent pourtant les piliers de toute politique éducative ambitieuse. Nous formons le vœu pour 2023 que le gouvernement adoptera une politique volontariste sur le sujet. Nous sommes prêts à échanger avec lui sur nos solutions.
Nous souhaitons enfin afficher notre scepticisme à l’égard des injonctions répétées sur les fondamentaux alors même que les pourcentages des horaires hebdomadaires d’enseignement dévolus au français et aux mathématiques sont nettement plus élevés en France qu’ailleurs en Europe. Non seulement les pratiques envisagées sont déjà répandues, mais elles témoignent d’une vision statique de l’éducation. Réduite à de simples prescriptions, l’éducation perd peu à peu sa visée émancipatrice et les professeurs aussi bien que les élèves, le goût de partager, d’apprendre, et de se projeter vers l’avenir. Les défis qui nous attendent sont nombreux et plus que jamais, l’école a besoin d’un nouvel horizon démocratique, solidaire et écologiste.
Thomas Dossus, sénateur écologiste
Francesca Pasquini, députée écologiste
Jean-Claude Raux, député écologiste
François Thiollet, Secrétaire national adjoint