Les jeudis de l’Ecologie : Santé et Environnement
Ce jeudi 2 février nous avions 2 intervenants : Sabine Bonnot du Gabb32 et Olivier Labouret médecin psychiatre.
Au cours de cette soirée, Sabine nous présente tout ce qu’il y a en moins et tout ce qu’il y a en trop dans nos assiettes.
Pour ce qu’il y a en moins, Sabine nous propose le cas des fruits : on donne aux plantes des composés chimiques qui favorisent l’absorption d’eau. Les fruits grossissent plus vite et sont ramassés avant la plein maturité. Conséquences, ils n’ont pas eu le temps d’emmagasiner les oligo-éléments, les vitamines et autres substances indispensables à notre bonne santé.
En ce qui concerne le plus, c’est tout le long de la chaine que les substances nocives s’accumulent : engrais, pesticides, conservateurs, etc. Pour un pomme, c’est plus de 30 traitements que le fruit reçoit en agriculture conventionnelle pour plus de 50 molécules actives.
Les conséquences sur notre santé sont nombreuses et souvent mal connues. En effet si nous absorbons chaque molécule en dessous du seuil de toxicité, quasiment aucune étude ne prend en compte les effets cocktails (le mélange de toutes ces molécules). On observe dans les pays de l’OCDE, une progression des maladies environnementales.
D’abord les Cancers (1000 nouveaux cas par jour en France), la majorité du système digestif mais aussi, obésité, maladie du système immunitaire (allergie, asthme, …) ou du système endocrinien ( thyroïde, pancréas, puberté précoce, hypo-fertilité,…)
Quelles sont les solutions ?
Il faut manger des fruits et légumes de saison, produits localement (ça évite les conservateurs) et Bio, ce qui élimine toutes les molécules nocives.
Certains voient dans le Bio des produits plus chers, mais en changeant un peu nos habitudes par ex en mangeant moins de viande mais de meilleure qualité, on a tous les nutriments nécessaires et on ne dépense pas plus.
De plus le Bio, évite des dépenses individuelles ou collectives : les maladies qu’on ne va pas attraper, l’eau des rivières qu’il ne faut pas dépolluer pour la rendre potable, etc.
C’est ensuite Olivier qui nous présente la médecine telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui : une médecine productiviste et curative qui va à l’encontre de ce que devrait être une politique de santé écosystémique.
Dans ce modèle, seul l’individu est malade, et les progrès de la biologie et de la pharmacologie vont suffire à le soigner. C’est une médecine scientiste, portée par le gouvernement, les administrations de l’État et une recherche universitaire gangrenées par le lobby pharmaco-industriel (OMS, HAS, AFSSAPS, INSERM…). Elle entraîne chaque acteur, professionnel et usager, vers toujours plus d’activité, de performance et de profit : une fuite en avant que rien n’arrête, qui ne traite pas les grandes épidémies liées au mode de vie actuel, puisque ce marché est source de richesse ! (maladies cardio-vasculaires et nutritionnelles, cancers, « troubles psychiques »…).
La loi HPST de juillet 2009 consacre cette organisation bureaucratique et autoritaire du système de santé, centrée sur la productivité (tarification à l’activité), où chaque professionnel devient un gestionnaire rémunéré à la performance, et où chaque patient devient un consommateur de soins, de plus en plus chers et sélectifs (29% de la population a renoncé à des soins en 2011 !). Dans ce modèle, la « prévention » (« éducation thérapeutique ») se résume à convaincre le patient de prendre correctement ses médicaments. Le contexte environnemental et économique des cancers, de la souffrance socioprofessionnelle, de tout trouble individuel est systématiquement nié comme non scientifique : de cet immense déni de réalité découlent les scandales sanitaires des prothèses PIP, du Médiator, de l’amiante, de Tchernobyl, de Fukushima…
En opposition à ce modèle productiviste, il faut développer une conception systémique de la santé où c’est la relation de l’homme avec son environnement qu’il faut traiter. Modifier l’organisation sociale et du travail, restaurer les droits et l’initiative individuels, sortir de la course au toujours plus : c’est là que réside la véritable éducation !
Concrètement, cette politique de prévention doit comporter :
– un accès universel et gratuit aux soins ;
– un plan majeur de lutte contre les épidémies de civilisation en changeant radicalement nos manières de produire et de consommer (développement de l’alimentation biologique, élimination progressive des pesticides, des principaux polluants industriels, de la production nucléaire…) ;
– la transparence et l’indépendance du système de santé, en supprimant les conflits d’intérêt et en instaurant la démocratie sanitaire de la part des professionnels de terrain et des usagers ;
– une politique de santé environnementale et de santé au travail avec une recherche indépendante, une décentralisation régionale et démocratique des instances de décision et de financement, une médecine de proximité, la limitation des nouvelles technologies ;
– l’abrogation de la tarification à l’activité et de la loi HPST ;
– l’abrogation de la loi sécuritaire du 5 juillet 2011, qui organise les soins psychiatriques forcés à domicile de toute personne présentant un « trouble du comportement ».