Discours d’Emmanuelle Cosse en meeting à la Bellevilloise

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Jeudi 3 décembre se tenait le meeting « Pour le climat, pour nos vies : mobilisation générale ! » à la Bellevilloise avec tous les candidats du Rassemblement écologiste et citoyen. Retour sur le discours d’Emmanuelle Cosse : 

Chers amis, merci beaucoup. Je suis très émue parce que j’ai été accueillie par deux anciens secrétaires d’EÉLV. Je vois aussi Dominique Voynet, s’est extrêmement important de savoir que l’on peut compter sur les amis tout le temps : dans les bons et les mauvais moments. En politique, ça n’a pas de prix.
Je suis très heureuse d’être là ce soir, devant vous, si nombreux : candidats, militants, amis, proches, personnes indécises. Pour finir en beauté cette campagne qui a été très étrange.

Nous savions que cette campagne ne serait pas simple. Il faut dire les choses : nous n’étions absolument pas prêts à vivre ce que nous avons vécu ces derniers jours. Nous étions partis farouchement en campagne, nous avons été coupés dans notre élan le 13 novembre dernier. Nous en avons beaucoup parlé ensemble. Ce sont nos valeurs, notre jeunesse, nos lieux de vie qui ont été pris pour cible.
Depuis, il a fallu repartir. Mais repartir engourdi par le choc, l’émotion. Par le soutien et la compassion à l’ensemble des victimes.

Dans un moment où ce ne sont que les questions de sécurité et d’identité qui ont pris le pas sur tout le reste, je suis comme vous toutes et vous tous. Je suis passée par des états très différents. Des moments, on s’affole. À d’autres moments, on est sidéré. On se demande s’il faut encore se battre. Si les combats partisans ont encore du sens.

Pourtant chaque instant, ma question était : quel était notre rôle à nous, les écologistes ? Quelle était notre place, comment poursuivre nos combats dans cette situation. Nous devons continuer à nous poser cette question.

La virulence extrême des uns, l’arrogance des autres, les certitudes assénées, m’ont convaincu qu’il fallait continuer, ne rien céder de ce que nous sommes, de ce que nous portons, et du monde dans lequel nous voulons vivre. Oui, les écologistes que nous sommes avons des réponses à apporter après la violence qui nous a frappé.

Je suis heureuse d’être dans une famille politique qui accepte la complexité du monde, considère qu’il n’y a pas qu’une seule recette magique pour régler les problèmes. Qui ne joue pas ni sur les peurs ni sur les émotions, et qui ne fait pas dans la démagogie.

Je le dis ainsi, encore ce matin, quelqu’un faisait allusion à une interview que j’ai faite : c’est peut-être pour ces raisons-là que nous n’étions pas assez entendus. Je dis une chose simple : la peur et l’effroi ne doivent pas nous empêcher de réfléchir ni nous battre face à l’obscurantisme.

C’est pour cela, après l’attaque du 13 novembre, nous devons continuer nos combats pour une société meilleure, diverse, où la fraternité n’est pas un vain mot.

Alors, nous devons tenir toujours plus fort ce discours d’ouverture et de diversité, continuer à défendre les diversités européennes comme les particularismes régionaux. Continuez à prôner l’accueil des réfugiés, malgré les attaques. Malgré les insultes de certains qui se disent, je n’ai même pas de mots pour les qualifier, je vais passer.

C’est le moment de continuer à défendre la paix quand ce sont les accents guerriers qui résonnent. Même dans cette période troublée, qui est difficile, il ne faut pas se tromper ni de combat, ni de cible : l’écologie sera toujours dans le camp de la paix, de la fraternité. Nous défendrons toujours la cohabitation pacifique des identités qui font la France, et toutes celles et ceux qui y vivent, quelle que soit leur nationalité, culture, histoire.

Dans cette période, pour rester toujours sur ma ligne depuis trois semaines, je le dis : gardons notre sang-froid, restons dignes et lucides. Que veut Daech ? Nous terroriser, nous monter les uns contre les autres, générer la discrimination contre les musulmans érigés en bouc émissaire. Cela s’appelle : nourrir la guerre civile.

Et si on se laisse aller à cette pente, cela ne va que renforcer l’extrême qui prône la fermeture des cœurs comme celle des frontières.

C’est pour cette raison qu’en tenant un discours d’ouverture, le camp du progrès gagnera. Et pour cela, c’est d’abord mettre l’humain au centre de notre approche et de la sécurité, et de notre protection.

Disons-le franchement : oui, nous préférons l’intelligence humaine, les capacités d’analyse et les moyens d’instruction, à la vidéosurveillance qui ne sert qu’à enregistrer la violence, nous préférons le rôle préventif des médiateurs et des éducateurs.

Oui, nous devons remettre de l’humain partout !
Remettre de l’humain partout, dans l’éducation, dans la culture, dans les MJC, les centres sociaux, les commissariats, les tribunaux, l’ensemble des institutions républicaines.

Si comme le Premier ministre nous contentons de dire : la première des libertés, c’est notre sécurité. Nous faisons une erreur. Nous prenons le risque de les perdre toutes ! Alors, je préfère dire tout simplement : la première sécurité, c’est une société humaine et apaisée. Oui, il faut se défendre contre la violence, mais avec des moyens appropriés. Non, ils ne font pas tomber dans la naïveté des fractures sociales, carburant du terrorisme.

Mais nous devons nous poser la question : quoi faire face à des jeunes qui ont perdu tout amour de la vie, qui sont capables de déposer leurs propres frères en voiture pour qu’il se fasse sauter dans une terrasse ?

C’est la paix et l’humanité que nous défendons.
La première réponse qui s’offre à nous, et à l’ensemble des citoyennes et des citoyens dimanche : un geste démocratique, tout simplement, aller voter. Pour regarder à nouveau l’avenir. Pour plus de souffle citoyen dans la vie politique régionale. Aller voter pour choisir sa vie demain dans cette région, Île-de-France. Bref, aller voter pour changer d’air en Île-de-France !

Ensemble, nous avons décidé d’appeler notre liste : Changeons d’air pour l’Île-de-France. Cette liste de rassemblement. Les Franciliennes et les Franciliens ont besoin de changer d’air. L’air est pollué une bonne partie de l’année. Mais on manque aussi d’espace pour se loger, une vie stressante, des temps de transport inégalé dans notre pays. Alors pour changer d’air, c’est déjà proposé de changer d’atmosphère de vie. Agir avec une action en priorité pour celles et ceux qui vivent dans un cadre dégradé.
Changer d’air : c’est proposé une autre vision pour l’Île-de-France. Autre qu’une simple machine à croissance comme ces dernières années.

C’est préférer une région qui préfère les logements aux quartiers d’affaires. Les métros aux aéroports, les bases de loisirs populaires aux pistes de ski dans un centre commercial géant ! Ou les parcs naturels régionaux plutôt que des villages en nature en contreplaqué dans un faux lagon tropical !
Vous connaissez ces dossiers. Rappelez-vous, le projet à Gonesse où tout simplement le village nature qui bouffe l’ensemble de nos terres agricoles très fertiles.

Nous, à la région, il n’y aura pas un euro pour ces projets néfastes pour le développement de notre région et pour nos conditions de vie.

Et tout simplement, nous devons en terminer avec cette vision du développement en Île-de-France qui n’a jamais été pensée en fonction de ses habitants, mais uniquement en fonction du fric, de la bagnole et des aspirations des plus riches. C’est comme cela que l’on a construit l’Île-de-France ces 40 dernières années.

Hier, j’ai eu la chance de faire un débat avec mes concurrents. On m’a demandé en conclusion du débat qui était plus ou moins stimulant : à quel mot je voudrais utiliser pour associer mon mandat si je dirigeais la région ces cinq prochaines années : j’ai répondu bien-être. J’aurais pu dire, vivre mieux. Ou faire ensemble comme le dit souvent Mohamed.

Ces mots là sont très importants. Après l’attentat, dans un contexte très difficile, ou un tiers des Français sont prêts à voter pour l’extrême droite aux régionales, il ne faut pas baisser les bras. Oui, on peut se battre pour la qualité de vie, le faire ensemble, le climat, la solidarité, la sécurité en même temps. Ce ne sont pas les événements actuels qui doivent nous faire abandonner nos combats.

C’est pour cette raison, aujourd’hui, après tout ce que nous avons connu, oui nous pouvons avoir une Île-de-France moderne qui réponde en même temps aux besoins de ses habitants et à la lutte contre le dérèglement climatique. Exigences essentielles si on veut préserver notre avenir.

C’est exactement tout le contraire de ce que défendent Valérie Pécresse ou Nicolas Dupont-Aignan. On nous explique qu’il faut amener l’autoroute directement sur Paris. Et pour lutter contre la pollution de l’air, il faut supprimer les subventions à la seule association indépendante AirParif qui nous donne tous les jours des éléments pour connaître la qualité de l’air.

Il faut le dire ! Demain et samedi, il faut le dire à tout le monde. La droite de Valérie Pécresse supprime des subventions à un organisme indépendant. Pour faire supprimer les données sur le sujet. Cela ne fait pas disparaître les particules fines que l’on respire tous les jours. Simplement, ils veulent faire disparaître les preuves de cette pollution pour ne pas avancer sur le sujet.

J’ai aussi coutume de dire, je l’ai beaucoup répété à l’occasion de la COP21, quand on veut défendre le climat et l’environnement, il faut être constant, cohérent. Et toujours accorder l’acte au discours.
C’est pour cette raison que l’on peut compter dans tous les temps sur les écologistes.

Lundi dernier, nous avons entendu un message très fort du Président de la République à l’ouverture de la COP21. Je ne suis pas de ceux qui se plaignent d’un bon discours. Mais comment comprendre que le lendemain, à l’Assemblée nationale, on torpille une mesure très simple : avoir une indemnité kilométrique pour celles et ceux qui se déplacent en vélo et qui n’ont aucune aide !

Comme l’a dit Cécile : quel est le sens d’une telle mesure ? Quelle est cette difficulté à accorder quelques centaines d’euros par an à des personnes qui ont fait le choix, par conviction écologique et civique, de se déplacer en vélo plutôt qu’en voiture ? Est-ce si difficile de tenir en adéquation les discours et les actes quand il s’agit de défendre l’écologie, et de protéger notre environnement ?

Est-il besoin de rappeler que pour obtenir cette mesure aussi fondamentale que le passe Navigo au à tarif unique, il nous a fallu quatre ans de bataille, de persuasion, de menaces de ne pas voter le budget annuel. Ce passe est en vigueur depuis le 1er septembre, et il y a 10 % d’abonnés de plus en Île-de-France depuis septembre. Cela ne s’était jamais vu. Je pourrais vous raconter ici le nombre de personnes qui m’ont dit ce que cela changeait de gagner 40 euros de pouvoir d’achat par mois quand on gagne à peine un SMIC et qu’on a besoin de se déplacer tous les jours.

Et je ne vous parle même pas des batailles qu’il a fallu mener, notamment avec Corinne pour avoir enfin une aide en Île-de-France à l’agriculture biologique et son développement.
Combien il a fallu se battre pour avoir une politique de logement digne de ce nom, combien on a dû batailler pour obtenir le financement de lieu pour la pratique amateur en matière de culture : les fabriques culturelles que maintenant tout le monde présente en étendard dans ses programmes pour les régionales.

Pourquoi je dis tout ça : une fois dans l’institution, il a fallu imposer à nos partenaires de sortir de la posture, pour entrer dans l’action. C’est pour cette raison qu’il faut des écologistes en Île-de-France : pour rappeler à l’ensemble de nos partenaires qu’être écologiste, c’est aussi tenir ses engagements et changer les politiques actuelles.

Une seule chose compte aujourd’hui face à nos électeurs : ce sont les actes. C’est pour cela que je vous demande de continuer à vous battre. Nous, nous défendons la région qui sortira du diesel dans 10 ans, en remplaçant l’intégralité de la flotte des bus et des autocars.

Une région qui aidera tous les ménages et les entreprises à changer de véhicule pour sortir du diesel. Une région qui aura pour objectif la réduction de la pollution de l’air en engageant des efforts financiers. Le monde économique a besoin de se libérer du diesel. Une région qui sera 100 % renouvelables et qui créera des milliers d’emplois dans cette région qui souffre énormément du chômage, grâce aux filières vertes qui sont présentes sur notre territoire. Une région qui devra développer l’agriculture biologique qui nous permettra de limiter nos émissions de gaz à effet de serre. Une région qui sera à côté des peuples autochtones.

Et je voulais remercier les représentants de Sarayaku qui étaient présents ce soir. La présence de Félix et de Corinne Arnould qui nous a aidés à l’amener ici, est très important.

La région Île-de-France finance les Sarayaku pour compenser les gaz à effet de serre, dans le cadre d’une solidarité internationale. Et vous le savez : cette aide est stigmatisée par Valérie Pécresse quand elle veut défendre son projet d’alternance à la région Île-de-France.

C’est pour cette raison que je leur ai demandé d’être là, pour rappeler ce qu’ils font. Pour dire aussi quelles sont les conséquences sur leurs modes de vie, sur leur vie. La région que nous défendrons remettra la finance à sa place, et pas simplement dans un slogan. Et je le dis aussi, cette région sera à côté de toutes les associations. Je dis bien toutes les associations. Au moment où le Front national montre son vrai visage, avec la menace de retirer les subventions au planning familial. Au moment où en Île-de-France, la candidate républicaine ne cache plus sa volonté de supprimer son soutien à des associations. Mon parti continuera à soutenir l’ensemble des associations franciliennes dans toute leur diversité.

Ce sera aussi une région où on continuera à construire des logements sociaux, des logements abordables, économes en énergie. À un moment où de nombreux maires républicains ont décidé d’annuler des permis de construire parce qu’ils ne veulent pas accueillir une population défavorisée dans leur commune.

Oui, notre région soutiendra toutes les cultures, tous les lieux de culture. À un moment où des communes dirigées par des républicains ont décidé de fermer des lieux de culture, de censurer des programmations, et de mettre fin à un grand nombre de contrats avec des équipes culturelles.
Oui, notre projet est différent. Il est bien différent de celles de ceux qui pensent qu’ils vont diriger cette région demain. Il est différent parce qu’il est porté par des personnes qui tiennent leur engagement. Des élus engagés uniquement pour leur mandat. Garanti sans cumul et sans renoncement ! Autant d’arguments, pour ne pas avoir de doutes pour dimanche : mettre le seul bulletin vert qui sera présent dans vos bureaux de vote, le bulletin écologiste.

La campagne va se terminer dans quelques heures. Nous voulions cette campagne rassembleuse et citoyenne. Malgré les épreuves, les attaques, la lâcheté, je suis très heureuse d’avoir pu compter sur vous toutes et tous sans faillir en Île-de-France. Je suis heureuse, avec Corinne Lepage, d’avoir rassemblé les militants d’Europe Écologie Les Verts, et de CAP21. Avec Hervé Jacob, François et tant d’autres. Je suis heureuse d’avoir fait cette campagne avec tant de citoyens et citoyennes engagées en Île-de-France : Mohamed Mechmache, Emmanuel Poilane, Alice Barbe, Lucile Peget, Claude Boulanger, Marie-Odile Bertella-Geffroy, et beaucoup d’autres. Et tant d’autres, nous étions extrêmement nombreux.
Je suis aussi très heureuse que nous ayons construit cette liste avec beaucoup de militants écologistes : à leur tête dans les départements, Pierre Serne, Bénédicte Monville de Cecco, Juliette Espargiliere et Mounir Satouri ; oui, nous avons été soutenus sans faille par Gaspard Delanoë notre président de comité de soutien, sans faille. Et tous les membres de notre comité de soutien. Et d’ailleurs, à cette occasion, je dois excuser Vikash Dhorasoo qui ne peut pas être là parce qu’il garde ses enfants. Vous pouvez l’applaudir !

Depuis que nous avons commencé cette campagne, j’ai pu compter sur le soutien sans faille de tout les parlementaires qui sont là ici, de Pascal, et de l’ensemble des eurodéputés qui ont tous répondu présents. Nombreux ont répondu présent pour être sur nos listes comme Cécile Duflot, André Gattolin, … De vous le rappeler pour vous dire une chose simple. Les écologistes n’abdiquent pas devant la difficulté. Nous nous sommes réunis pour porter une alternative crédible dans cette région. L’alternance doit être écologiste pour que cette région devienne la première région écologiste d’Europe dans cinq ans.

C’est pour cette raison, puisque vous semblez convaincus que maintenant, il me semble nécessaire aussi de lancer un appel à l’ensemble du peuple de l’écologie, à tous celles et ceux qui se sont retrouvés un jour en face avec nos idées. Ou qui pourraient l’être demain. Tous celles et ceux qui savent que l’écologie est l’avenir : ne succombez pas aux sirènes de l’unanimisme. Cela passe aussi par la défense du pluralisme des idées. Utilisez le premier tour pour défendre ce qui vous tient à cœur, l’écologie !

Et puis, si jamais vous avez un petit coup de mou, rappelez-vous simplement qu’il ne faut pas se laisser paralyser par la peur du FN : actuellement, tout se passe comme si Marine Le Pen avait déjà gagné. Ce n’est pas le cas. Le Front national n’a pas encore gagné. Il est encore temps de se ressaisir, de lutter contre ses idées xénophobes, rétrogrades, haineuses. Elles cherchent à opposer les Français les uns aux autres, à construire des catégories pour les faire se fracasser entre elles.

C’est pour cette raison que dimanche nous n’avons qu’un seul combat : défendre la démocratie, combattre le FN. Allez voter pour les écologistes, et défendre partout une société meilleure, plus solidaire, plus écologiste !

Vous l’aurez compris : devant vous, 225 candidates et candidats convaincus que nous pouvons changer la donne dans cette région. Il reste encore quelques heures pour vous convaincre, jusqu’à demain soir pour faire campagne, jusqu’au moment du vote pour discuter avec vos voisins pour leur montrer que l’on peut compter sur les écologistes : oui, nous pouvons créer la surprise. Et nous pouvons continuer à faire de cette région le leader de l’écologie dans ce pays.

Finalement, le choix est assez simple. Dimanche : soit on suit celles et ceux qui veulent nous ramener au XXe siècle. Soit on met la région sur orbite pour qu’elle soit leader du XXIe siècle. Le Nouveau Monde ne nous attendra pas. À nous de décider si nous voulons en être ou pas. Tout simplement, pour l’écologie, pour le vivre ensemble, pour le climat, pour nos vies, je compte sur vous : dimanche 6 décembre, votez écologistes !

Et j’appelle tous les candidats à me rejoindre sur scène.
Merci à tous !

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