Intervention sur les rythmes scolaires

Lors du Conseil Municipal Lillois du 17 Mars 2013, Lise Daleux est intervenue sur la question des rythmes scolaires.

 

Notre groupe est favorable, et ce n’est pas une surprise, au retour à une semaine de 4,5 jours d’école ;
Oui, nous sommes convaincus de l’utilité de cette réforme au vu des dégâts opérés par les décisions brutales et irresponsables de Xavier Darcos et Nicolas Sarkozy. Ils ont supprimé purement et simplement les classes le samedi matin, avec un programme pédagogique basé sur la sélection plutôt que la valorisation, l’individualisme plutôt que la coopération.

Cette diminution du temps scolaire a engendré des dysfonctionnements graves pour les enfants, moins de journées de classe et des journées plus lourdes. Exactement l’inverse de ce que recommandent les chrono-biologistes.

Nous sommes favorables à une autre répartition du temps de travail sur la semaine et sur l’année.

Sur la semaine, la coupure de deux jours en fin de semaine imposée par Darcos a cassé le rythme veille/sommeil des enfants qui se couchent tard le vendredi, le samedi et le dimanche soir, avec des lundis matin difficiles pour des enfants fatigués. Le retour à la matinée du samedi matin nous semble préférable. avec la possibilité d’un moment privilégié pour le rapport entre l’école et les familles. Les parents sont moins pressés que les autres jours et peuvent prendre le temps d’accompagner leur enfant dans l’école.

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Nous ne sommes pas convaincus non plus par l’allongement de la pause du midi si elle n’est pas pensée dans son contenu et en fonction de l’âge de l’enfant et de ses besoins. Ils ne sont pas les mêmes pour un enfant de 3 ans ou de 7 ans.

Globalement, nous considérons cette réforme comme une avancée mais pour qu’elle se fasse dans de bonnes conditions, nous souhaitons qu’elle soit mise en place en 2014.

Nous avons besoin de temps. Du temps pour que la ville puisse engager une concertation approfondie des différentes parties prenantes. Du temps pour que les équipes éducatives s’impliquent dans cette réforme et lui donne tout son sens au point de vue pédagogique. Du temps pour les parents et les enfants pour qu’ils appréhendent ces changement comme celui d’un mode de vie.

En effet, la question aujourd’hui est moins l’ajustement des rythmes scolaires que l’organisation du temps de l’enfant. Il faut que les parents, les enseignants, les professionnels et les élus des collectivités territoriales mais aussi les associations à but éducatif réfléchissent ensemble aux modalités de mise en œuvre.

Il ne faudra jamais perdre de vue les situations locales réelles, qui peuvent très largement varier et voir comment travailler avec chaque directeur pour accompagner les particularités.
Cette réforme des rythmes doit nous permettre d’explorer tous les champs du possible vers de nouveaux emplois du temps, au service de projets collectifs. En cela, le décret doit pouvoir autoriser un droit à l’innovation et à l’expérimentation et laisser l’intelligence s’exprimer.

Enfin, il faut se donner le temps de définir les moyens nécessaires à la mise en œuvre du projet Avec un double regard à porter sur la capacité de financement de la commune et sur la formation des personnes amenées à intervenir en classe, pour que ça ne soit pas de la garderie.

C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous focaliser sur la seule question des rythmes avec le risque d’oublier des questions plus fondamentales sur les contenus, les programmes, la finalité de l’école, la pédagogie… Dans cette optique il faut évidemment repenser les programmes de 2008 qui font l’unanimité contre eux, pour d’autres plus ambitieux et pédagogiquement cohérents. Il s’agit aussi d’articuler intelligemment activités scolaires et périscolaires et travailler sur des parcours plutôt que sur la juxtaposition des temps.

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C’est toute la question d’une refondation de l’école face aux grands défis de notre société que nous devons anticiper, car nos enfants devront s’y adapter.

C’est dans cette perspective que les villes éducatrices, comme c’est le cas de Lille, doivent offrir des partenariats éducatifs amenant nos enfants à se confronter aux questions qui détermineront leur mode de vie demain. C’est évidemment le cas des problématiques liées aux économies d’énergie, aux circuits courts de production et de distribution, aux éco-quartiers, à la biodiversité, aux modes de déplacements alternatifs, à la lutte contre la pollution, le gaspillage….Ce sont les enjeux de demain, mais c’est aujourd’hui qu’il faut les amener à l’école.

La refondation de l’école » est un projet attendu des acteurs de terrain, il est essentiel de lui donner toute l’ambition nécessaire : ce sont des moyens, du temps et de la concertation.

Donnons-nous les chances de réussir ce changement !

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