Conseil municipal du 12 décembre 2011 – Etre plus inventifs et moins gaspilleurs

Fin d’année oblige, le conseil municipal du 12 décembre aura été dédié principalement au débat budgétaire de la ville. Michel Ifri est intervenu au nom du groupe des élus EELV sur le budget en pointant les priorités à poursuivre dans le contexte actuel de la crise.

A l’occasion du rapport d’activités de Lille Métropole, Eric Quiquet aura auparavant signalé combien se font sentir les conséquences des choix sur le grand stade, financé par un partenariat public-privé bancal.

Vous pouvez revoir la séance du conseil municipal sur le site internet de la mairie.

 

Intervention de Michel Ifri au nom du groupe des élus EELV – Budget 2012 (délibérations N° 11/1046 à 11/1051).

Madame le Maire, Monsieur le Premier adjoint, chers Collègues,

Mon propos ce soir s’inscrira sans surprise dans la lignée de l’intervention de Lise Daleux lors du débat d’orientation budgétaire de novembre dernier. Le document qui nous est présenté ce soir est, en effet, le reflet des orientations définies à ce moment là.

Mes collègues de la majorité l’ont évoqué, je ne vais donc pas trop m’attarder sur ce point mais relever néanmoins que la crise effectivement s’aggrave, que l’Etat se désengage, que les incertitudes sur le financement des collectivités sont nombreuses, que l’accès au crédit est de plus en plus difficile. Face à ces difficultés, nous saluons le travail accompli par le Premier Adjoint et toute son équipe, et nous savons que la construction du budget a été particulièrement délicate cette année.

Nous approuvons dans l’ensemble les orientations générales du budget 2012, marqué par une augmentation de l’épargne, le report d’un certain nombre de projets et une vigilance accrue sur les dépenses de fonctionnement. Nous approuvons le choix de prudence que sous-tend ce budget et comme nous l’avions déjà dit en 2009, nous ne pouvons plus faire comme si tout allait redevenir « comme avant ».

Il est à noter que malgré toutes ces difficultés, la ville reste ambitieuse, notamment dans la politique d’investissements prévus dans les quartiers. Nous nous félicitons de la création d’une nouvelle bourse du travail, de la construction de l’équipement Porte de Valenciennes qui accueillera la maison de l’économie sociale et solidaire, une crèche et l’implantation de l’auberge de jeunesse. L’effort constant de la ville en matière de logement est notable, nous souhaitons qu’il soit poursuivi.

Concernant le fonctionnement, le groupe EELV partage la volonté de protéger les actions qui concourent au maintien, du lien social et de la solidarité. Nous souscrivons également au maintien et au développement du bien commun des lillois en conservant un service public de qualité, un réseau associatif dense et dynamique bref une ville agréable pour tous. Pour y arriver, il nous faut des moyens, « humains » notamment, et, n’en déplaise à nos collègues de l’opposition, nous ne serons pas de ceux qui fustigent la part des dépenses de personnel dans le budget de fonctionnement.

Par contre nous nous interrogeons toujours sur l’opportunité et le montant de certaines dépenses, comme la multiplication des cérémonies des vœux, les réceptions de corps de métiers mais aussi sur les fortes subventions allouées a Lille 3000 par exemple.

En cette période de crise, il nous faut être raisonnable et inventifs. Il faut, d’une manière générale, développer une meilleure gestion de notre patrimoine municipal. Cela passe par un entretien permanent et suivi du bâti. Il y a trop d’urgence qui coûte cher à la ville. Des cessions immobilières pourraient par ailleurs nous apporter des deniers bien utiles.

Concernant les recettes notre groupe est satisfait que soient prises en compte les propositions faites par le passé.

Nous soutenons par exemple la révision des grilles tarifaires et notamment celles des cantines scolaires et je veux ce soir rassurer nos collègues communistes, cette mesure va permettre une plus grande justice sociale, car ne seront touchés par ce changement que les foyers les plus favorisés.

En revanche nous sommes dubitatifs sur la politique tarifaire en matière d’urbanisme commercial. Alors que les droits de place pour les commerçants non sédentaires augmentent, ceux des terrasses sont gelés pour 3 ans. Une augmentation même symbolique nous aurait semblé plus équitable.

Sur la politique d’emprunt nous sommes satisfaits de constater et je cite « que la ville ne travaillera qu’avec les banques qui ont intégré une certaine forme d’éthique dans leur activité ».

Pour terminer, nous voulons rappeler que le développement durable ne doit pas être une variable d’ajustement du budget 2012. Nos projets doivent être compatibles avec notre plan climat. Les économies d’eau et d’énergie constituent d’autres marges de manœuvre qui découlent de la responsabilité de tous et qui feront école dans un futur proche.

Nous restons aussi vigilants sur l’introduction du bio dans les cantines et les crèches, aujourd’hui freiné pour des raisons d’ordre budgétaire et d’accès à une offre qu’il faut mieux appréhender. Pour la santé de nos enfants, la préservation de notre environnement, le maintien à l’emploi des producteurs qui croient en l’engagement de la ville, nous sommes « condamnés » a réussir.

Nous l’avons déjà dit, face à un monde qui change, nous devons être inventifs, beaucoup moins gaspilleurs, et à notre modeste niveau, nous devons rester actifs et solidaires face aux conséquences sociales, économiques et écologiques de la crise que nous traversons.

Pour conclure Madame le Maire, Monsieur le premier Adjoint, le groupe EELV approuve bien sûr le budget primitif qui nous est présenté ce soir.

Je vous remercie.

 

 

Intervention Eric Quiquet – Rapport d’activités LMCU 2010 (délibération N° 11/1014).

Comme chaque année, Alain Cacheux, Christian Decocq et moi-même passons en revue le rapport d’activité de Lille Métropole. C’est devenu un petit rituel, mais ô combien indispensable pour rappeler au public que notre sympathique petit théâtre municipal n’est rien sans la puissance financière de Lille Métropole. Il n’y a pas d’action municipale sans l’intervention de Lille Métropole.

Il suffit de feuilleter effectivement ce rapport d’activités pour constater le rôle majeur de Lille Métropole dans la vie quotidienne des habitants : distribution de l’eau, gestion des déchets, voirie, transport collectif, culture, économie, ou encore dernièrement, gestion de l’accueil des gens du voyage. Ces compétences ne peuvent se résumer à des préoccupations techniques. La façon de recycler les déchets, les enjeux de mobilité, la façon de produire la ville, intense ou étalée, relève de choix de société, c’est à dire du débat politique. Qui dit choix politiques dit suffrage universel direct.

La réforme territoriale de l’UMP maintient les intercommunalités dans le trou noir de la démocratie locale en maintenant une élection au second degré, c’est à dire en refusant au citoyen la possibilité d’élire directement leurs conseillers communautaires au suffrage universel. Mais que le public présent ici ce soir se rassure, l’accord de mandature entre le Parti Socialiste et Europe Ecologie Les Verts ne se résume pas à l’arrêt de 24 réacteurs nucléaires d’ici 2025. Cet accord s’intéresse aussi à l’acte 3 de la décentralisation et prévoit qu’une partie des conseillers d’intercommunalités soient élus au suffrage universel directement par les électeurs. L’alternance souhaitée de 2012 permettra de combler ce déficit démocratique en donnant la possibilité à chaque force politique de présenter son projet politique pour la métropole devant les citoyens.

Je me souviens qu’en mars 2008 les enjeux métropolitains avaient été peu présents du débat des élections municipales. Je me souviens même que les écologistes avaient été les seuls à profiter des élections municipales pour débattre de l’opportunité du grand stade. Mais pour débattre devant les citoyens, il faut au moins être deux. Nous étions seuls pour évoquer les conséquences du grand stade. Pages 56 et 57 du rapport d’activité était évoquée l’accessibilité du grand stade. C’est très pédagogique, c’est bien fait, mais il manque un chiffre. Le coût de l’accessibilité : 140 millions d’euros.

140 millions d’euros, pour donner un idée, c’est deux années de budget de voirie pour toute la communauté urbaine. Je me souviens, en février 2008, lors du dernier conseil de Lille Métropole du dernier mandat, j’avais demandé à Pierre Mauroy, à l’époque président : quelle politique allons-nous tuer ?

Quatre ans plus tard, je commence à avoir un début de réponse. Alors on va m’objecter « oui, la crise est là… ». Mais j’ai parfois l’impression que la crise a bon dos. Les 140 millions d’accessibilité pèsent terriblement sur les choix ou les non-choix de Lille Métropole. D’ailleurs en 2012 et 2013 LMCU pourra aussi produire un rapport de non-activité. En effet, nous différons des investissement importants. A Lille même, on a évoqué il y a quelques semaines le chantier avenue du peuple belge qui sera décalé. La place Rihour continuera à ne ressembler à rien. Et surtout nous garderons nos trottoirs défoncés à Fives et ailleurs. Alors ces trottoirs pourront certes servir de décor à des cinéastes voulant restituer l’ambiance du Bucarest des années 20, mais ces non-investissements sur la voirie, ce sont les lillois qui – dans leur quotidien – vont le subir.

Dans 8 mois, en pleine crise financière et sociale, nous allons donc inaugurer une boite à spectacle ultra-moderne. Une fois que l’accessibilité sera payée, restera à payer l’objet. Quand on parle de partenariat public-privé, en l’occurrence, c’est le public qui va payer pendant 30 ans une somme d’à peu près 7 millions d’euros par an. 7 millions d’euros pendant 30 ans c’est à peu près 45 ans de gratuité du transport des lycéens. L’Humanité, dans son édition du premier octobre que j’ai ici, parle du partenariat public-privé pour l’hôpital. L’organe central du parti communiste français évoque un partenariat qui pille le public. Le journal L’Humanité dénonce effectivement les visées libérales de ces PPP. En citant l’exemple de l’hôpital d’Evry, le journaliste évoque les 8000 malfaçons qu’on découvre dans cet hôpital. Ces 8000 malfaçons résonnent assez curieusement lorsque le PDG d’Eiffage doute lui-même de la capacité de son propre stade à résister à des chocs sismiques. Chez nous, le PPP pourrait s’appeler « profit pour le privé » ou « perte pour le public » puisque ce sera effectivement la communauté urbaine qui assumera pendant 30 ans le risque sportif.

Voilà, mes chers collègues, ce que je voulais moi aussi extraire de ce rapport d’activités en me disant qu’à l’avenir des projets aussi décalés, aussi douteux sur le plan de l’intérêt social, n’auront plus d’avenir au sein d’assemblées qui seront élues directement par les citoyens.

Je vous remercie.

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