Lilas autopartage : image de développement durable

autopartage

Intervention de Marc Santré au conseil municipal du 28 mars 2011

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Madame le Maire, Mesdames Messieurs, chers collègues,

Je vous présente ce soir, à  la veille de la semaine du Développement Durable, mon unique délibération à  ce Conseil, qui vous propose de renouveler notre subvention de 15000€ à  la Société Coopérative d’Autopartage Lilas.

C’est l’occasion de vous parler ce soir de Lilas en trois minutes (c’est court) et de nous interroger sur la pertinence de son inscription à  notre agenda 21. En quoi LILAS allie-telle harmonieusement les trois piliers du développement durable qui sont, vous le savez :

  • l’économie
  • le social
  • et l’environnement

Trois dimensions que 150 ans d’ére industrielle ont toujours opposées, aboutissant à  ce qu’aujourd’hui dans l’inconscient collectif ce soit quasiment gravé comme une donnée immuable. Comme au restaurant, ce serait entrée/plat ou plat/dessert mais jamais les trois.

En tout cas, combien de fois nous écologistes n’avons nous pas entendu: « Vous avez de bonnes idées, OUI MAIS l’économie et le social vous en faites quoi ? ». Pour nous c’est repas complet ET équilibré (avec des produits locaux et de saison bien sà»r).

Alors commençons par le début; Lilas et l’économie ça donne quoi. Aïe !

L’Etat a dépensé ces deux dernières années plus d’un milliard d’euros pour booster, avec succès, les ventes de voitures et presque tout le monde s’en est réjoui. Et moi, je vous propose ce soir d’en acheter moins et de les partager. à‡a commence mal.

A moins peut-être de se dire, que faisant ainsi, les ménages économisent sur les quelques 5000€ annuels qu’ils dépensent en moyenne pour la voiture et réinjectent cet argent dans d’autres secteurs de l’économie : alimentation de qualité, rénovation de leur logement, services locaux, culture….

N’est-ce pas aussi bien que d’amputer son budget pour remplir les 1100 places de parking d’un futur hypermarché desservi par deux lignes de métro ? L’économie durable ne pourra pas servir l’avenir en s’accrochant au passé du consommer toujours plus.

Oui mais l’autopartage, socialement c’est quoi?

 

Née de la volonté politique de la Ville, Lilas a voulu rompre avec l’image souvent accolée aux pratiques sociales innovantes : une bonne conscience pour bobo. économiquement, à  court terme, il eut été plus judicieux de ne s’adresser qu’aux habitants aisés, prêts à  payer. Mais avec un abonnement mensuel fixe à  6€ et un coût horaire d’usage à  3€50, l’offre Lilas est l’une des plus attractives en France. C’est un choix.

Elle permet l’accès occasionnel à  la voiture pour des foyers qui en sont aujourd’hui privés, pour des raisons économiques. L’autopartage c’est aussi l’occasion pour d’autres ménages de renoncer à  la seconde voiture, ou pour les professionnels d’optimiser la gestion de leur flotte, et pour tous le coût réel à  service rendu au moins équivalent.

Lilas, société de services à  la mobilité, c’est aussi la création d’emplois locaux non délocalisables. Un satisfecit d’avoir gagné le pari de l’embauche en 2007 de personnes « éloignées de l’emploi » comme on dit pudiquement. Fabrice, salarié depuis la création de Lilas, y est aujourd’hui très investi et représente le collège salarié au sein de notre Conseil d’Orientation.

Car l’innovation sociale chez Lilas, ce n’est pas seulement détacher l’usage de la voiture de sa possession. Société Coopérative d’Intérêt Collectif (je remercie ici Christiane Bouchart pour son indispensable implication), elle associe dans son capital et ses processus de gouvernance la collectivité publique, des industriels du transport, l’épargne citoyenne et ses salariés.

L’autopartage un autre modèle économique à  conforter, une forme de lien social, deux étapes franchies.

Mais voitures et environnement, a priori ça colle mal !

Surtout que Lilas n’a pas fait le choix de voitures propres. La question nous est souvent posée « A quand la voiture électrique chez Lilas ?». Après le drame de Fukushima, pas sûr que la voiture électrique conserve, au pays d’AREVA, son statut de voiture propre. Mais là  n’est pas le débat ce soir.

Le gain environnemental de l’autopartage, c’est d’abord un usage modéré et réfléchi de la voiture, souvent en dernier ressort. Plus des ¾ des abonnés Lilas sont des usagers réguliers du réseau Transpole, et ont des pratiques très diversifiées de mobilités urbaines. Alors que Lille Métropole adoptera vendredi son nouveau PDU c’est un exemple à  suivre.

C’est aussi, une partie de la réponse à  la question essentielle du stationnement en ville, alors qu’une voiture passe plus de 95% du temps en stationnement, et que même à  l’heure de pointe dans notre métropole plus de 8 voitures sur 10 sont en stationnement, illustrant le sur-dimensionnement du parc. Jeudi dernier le représentant du culte protestant en France (rassurez vous je ne parlerai pas de croisade ce soir !) évoquait ainsi sur France Inter ses relations avec les collectivités :
« Nous sommes capables de construire sur fonds propres de nouveaux temples, mail il faudrait que les collectivités soient moins tatillonnes et ne nous bloquent pas en exigeant 200 places de parking »

Au-delà  de l’anecdote le sujet me rappelle le dossier de la salle polyvalente de Saint Maurice (n’est ce pas Dominique), ou les nombreuses questions qui nous sont posées à  chaque présentation de nouveaux logements (Audrey ne me contredira pas).

Alors oui la ville dense, l’activité économique, les espaces verts, le logement… sont possibles et sans renoncer à  libérer nos trottoirs ! A la condition d’utiliser mieux la voiture, et donc de la partager. Avec plus de 1000 utilisateurs pour 30 voitures aujourd’hui, LILAS équivaut à  la création de plus de 200 places de stationnement, soit plusieurs centaines ou millions d’euros non dépensés par les collectivité, et sans consommer un métre carré de notre précieux foncier. Mieux gérer pour ne pas investir inutilement.

Environnement, social, économie ! Trois dimensions qu’il faut dés aujourd’hui regarder sous un autre angle pour ne pas s’arrêter au green washing de certains. Il faut s’engager d’urgence et avec volontarisme dans la conversion écologique de nos sociétés, asphyxiées par l’investissement à  courte vue, la compétition sociale et le gaspillage érigés en dogmes comme facteurs de progrès.

Pour terminer, comme l’évoque la délibération, LILAS envisage dés 2011 d’étendre le service sur Lille et sa métropole, pour atteindre en 2016 un parc d’une centaine de véhicules et ainsi son équilibre économique. Je remercie toutes celles et ceux qui depuis plus de quatre ans ont contribué au développement de Lilas, les acteurs de l’économie solidaire et surtout le groupe Keolys qui a accepté, ce n’était pas évident, le risque d’entreprendre autrement à  Lille.

En conclusion, Lilas symbolise bien le développement durable. L’autopartage c’est la rencontre entre une volonté politique, des acteurs économiques et surtout des changements d’habitude au quotidien pour des citoyens de plus en plus nombreux à  prendre conscience « qu’on ne peut plus continuer comme avant ». Ne confondons pas sobriété et privation.

Nous n’avons qu’une terre, il faut la partager, nous avons trop de voitures, partageons les.

En conséquence je vous propose d’adopter cette modeste délibération et vous en remercie.

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Délibération 11-222 : Octroi d’une subvention à  la société coopérative d’intérêt général Lilas Autopartage. (15.000 € pour la poursuite de son développement)

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