Indignité
Ce n’est pas ce gouvernement qui va rehausser les mœurs déjà bien peu civiques de notre Ve République. En regardant dans le rétroviseur des années Sarkozy, il semble bien que la dignité ne soit pas la valeur la mieux partagée par l’équipe d’amateurs censée nous gouverner.
Quand il y a faute politique, conflit d’intérêts ou condamnation par la justice, la démission s’impose dans une démocratie normale… Pas chez nous ! Nous avons eu, entre autres, un ministre du budget, en même temps collecteur de fonds pour l’UMP auprès des grandes fortunes; un ministre de l’intérieur condamné pour injure raciale et désormais une ministre des affaires étrangères, amie des fortunes tunisiennes, et proposant une coopération policière pour maintenir un peuple sous la tyrannie et la kleptocratie d’un clan familial…
L’incapacité de notre ministre à respecter la dignité de sa fonction, c’est à dire à démissionner, est grave, car elle rend notre pays aphone, au moment où les peuples arabes se construisent un autre avenir. Du Caire à Sanaa, de Tobrouk à Tunis, la rue exige la fin de l’arbitraire, la possibilité de choisir ses représentants et un partage équitable des richesses.
Beaucoup de responsables politiques, d’intellectuels ont considéré ces peuples comme des armées de figurants peuplant des destinations touristiques, oubliant qu’il s’agissait de citoyens, prêts à mourir et refusant de se laisser enfermer par l’alternative entre la dictature ou l’islamisme… La dignité de ces peuples force le respect.
Pendant ce temps chez nous aussi, face aux pratiques sarkoziennes, un autre avenir est possible et il appartient aux citoyens de ce pays de peser dans les urnes, dans la rue et par leurs initiatives pour mettre un terme aux régressions démocratiques et sociales d’un régime déconsidéré.
Eric Quiquet, Adjoint au maire
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Tribune publiée dans Lille Magazine N°73 – Mars 2011