Copenhague, … ou le sentiment d’avoir rencontré l’humanité

Philippe Tostain a emmené une délégation lilloise à  Copenhague, à  l’occasion du sommet sur le climat, du 10 au 14 décembre (voyage en bus inclus). Cette délégation était composée de 40 personnes issues de la mairie (3 élus[Philippe Tostain évidemment, accompagné de 2 élus socialistes : Stanislas Dendievel en charge du suivi des projets urbains et Latifa Kechemir présidente du conseil de quartier du Faubourg de Béthune.]] et 4 salariés), des structures de démocratie participative (conseil communal de concertation, conseil des jeunes, conseil de quartier), de centres sociaux, du réseau associatif (via la MRES), ainsi que 3 étudiants et 8 professionnels, tous impliqués dans les domaines du développement durable (éco-construction, recherche, animation…).

Une aventure véritablement collective

Il faut rendre à César ce qui appartient à  César : l’idée de ce déplacement en bus à  Copenhague revient d’abord à Antoine Bonduelle, consultant et nordiste, reviewer pour le GIEC. Philippe Tostain, enthousiaste, a embrayé le pas et lancé dans l’aventure le service développement durable de la ville qui a concocté un voyage aux petits oignons, tache ardue tant un séjour à  Copenhague en cette période tenait de la gageure. A l’occasion du compte rendu (parfois émouvant) du voyage, lors de l’assemblée de l’Agenda 21 du 14 décembre 2009, chacun a salué le service du développement durable à Lille, qui s’est démené pour établir un programme carrément futé.

Résultat : « un moment de grande qualité humaine » selon Stanislas Dendievel, élu en charge des projets urbains. Une expérience qui a marqué les participants, « un effort et un temps communs, une lenteur commune » précise Philippe Tostain. Jeunes, élus ou professionnels … tous étaient logés à  la même enseigne et en l’occurrence dans un gymnase aménagé pour l’occasion (les hôtels étaient saturés depuis longtemps).

C’est important, car d’une aventure collective comme celle-là  on revient marqué pour de bon. « Le projet n’est pas seulement dans les objectifs mais aussi dans la méthode » souligne Philippe Tostain. (C’est aussi une belle définition du développement durable !)

Les objectifs étaient multiples :

  • visites de deux écoquartiers (l’un émanant d’une reconstruction/rénovation lancée sur le long terme, l’autre créé ex-nihilo; l’un à Copenhague, l’autre à Malmà)
  • rencontres et débats au centre de conférences
  • participation à  la manifestation pour le climat le samedi 12 décembre

La méthode infaillible : passez donc une bonne dizaine d’heures dans un bus aller, puis retour, dormez 3 nuits dans un gymnase avec vos camarades, rencontrez des personnes du monde entier, découvrez des pratiques et des lieux inattendus… vous trouvez de la « solidarité inter-générationnelle », « des échanges incroyables », « le sentiment d’avoir rencontré l’humanité ». Il faut aussi aller assez loin (Copenhague) pour … se connaître et se parler (entre lillois).

La visite des écoquartiers a marqué les esprits, en montrant des réponses concrètes aux défis climatiques : « on a rêvé les yeux ouverts » dit une participante. De même, Latifa Kechemir, élue et présidente du conseil de quartier du Faubourg de Béthune est revenue étonnée et inspirée par le travail très fin associant les habitants à la rénovation du quartier. Beaucoup ont signalé la diversité architecturale et la qualité des démarches, sur la gestion des eaux pluviales, les éclairages, la végétalisation, le souci de la maintenance et de l’accompagnement des habitants (écogestes, médiateurs, actions pour les enfants…).

There is no planet B

Les rencontres avec des citoyens venus du monde entier venus faire pression auprès des dirigeants ont renforcé la prise de conscience sur les responsabilités individuelles, sur la signification lourde du changement climatique pour certaines populations insulaires. Les 40 membres de la délégation lilloise participaient à un moment historique, symbolisé dans la manifestation par des « tic tac » suggérant le temps restreint de l’action ou encore par des pancartes affichant « there is no planet B ».

« Le poids est un peu lourd sur les épaules de la jeunesse mondiale » conclut une jeune participante à  l’occasion du compte-rendu. Et on laissera le mot de la fin à un autre participant, Luc Sémal, jeune chercheur, qui insiste sur le temps qu’il reste, à  savoir 10 ans pour agir. Il refuse d’entendre « ce que l’on ne peut pas faire aujourd’hui, on le fera demain » et, inspiré par ce qu’il a entendu à  Copenhague, établit le lien avec l’agenda 21 lillois en cours de renouvellement. « Le mot d’ordre de ce deuxième Agenda 21 sera, dit-il, audace, audace et encore de l’audace. Sinon le mot d’ordre deviendra : de la sueur, du sang et des larmes. ».

Au regard du triste bilan politique de ce sommet, le sursaut citoyen devient indispensable. On ajoutera avec Eric Quiquet que [l’avenir est plus que jamais entre les mains des pouvoirs locaux, des villes et des citoyens. L’ampleur du chantier est certes phénoménale, néanmoins l’enthousiasme communicatif de la délégation lilloise est, lui, plein de promesses. Merci Philippe Tostain pour les avoir faire surgir, et de nous les faire entendre.

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