Le parc de la Citadelle, refuge de la biodiversité

La gestion du Parc de la Citadelle est emblématique des nouvelles orientations choisies pour la nature en ville et elle témoigne d’un changement de pratiques qui sont aussi des changements de culture et de mentalités. Les élus Verts y sont pour beaucoup, d’autant que les délégations dédiées aux espaces verts leur sont assez souvent octroyées. Si la ville de Paris a été exemplaire en la matière  à ses côtés Lille y fait très bonne figure, comment l’a prouvé l’attribution en décembre 2007 du label EVE (Espace Vert écologique) décerné par EcoCert au Parc de la Citadelle et au Parc Matisse, suite à un audit.

Une évolution flagrante dans la gestion

En 1880 est aménagé le parc de la Citadelle, en suivant le modelé de la Citadelle Vauban, avec diverses fonctions (promenades, loisirs) sur un site militaire qui avait exclu la présence arboricole. De nombreux arbres sont alors plantés qui sont à l’origine du parc boisé actuel.

Dans les années 90, la gestion radicale a été néfaste pour la faune et la flore (abattage en masse des arbustes notamment). Le parc de la Citadelle dépend depuis 1981 du service des fêtes et manifestations.

En 2001, avec le score important des Verts aux municipales (15 % des suffrages) un coup de pouce sérieux est donné à  la reconnaissance du cadre de vie et de l’environnement. Le parc de la Citadelle revient sous la tutelle du service des Parcs et jardins, enfin réunifié et consolidé. (Note : En 1981 le service avait été éclaté, les jardiniers décentralisés par quartier et dépendant du service bâtiments.)

 

Au fur et à  mesure, le projet de gestion différenciée (lancé en 1999), le schéma de développement des espaces verts, l’embauche d’un écologue, le plan biodiversité sont autant de choix qui marquent une évolution dans la gestion de cet espace conséquent de prés de 70 hectares (si l’on comptabilise l’ensemble du site), auquel 4 agents sont affectés sur place.

En effet, le projet de gestion différenciée appliquée à  divers sites de Lille, dont le Parc de la Citadelle, a engagé un ensemble d’actions déterminantes:

  • constitution d’une « équipe-projet » réunissant des techniciens et des jardiniers,
  • plan de formation (visites de sites, formation aux nouveaux outils, connaissances écologiques….),
  • définition de plans de gestion,
  • plan de communication (lettres aux riverains, articles, publication de plaquettes d’information…)

Un pas exemplaire: la gestion écologique

En 2003, un plan de rénovation écologique est lancé, sur base d’une concertation entre les nombreux acteurs concernés par le site (la ville de Lille, la DRAC, l’armée, les voies navigables de France). En effet le site présente alors diverses contraintes et usages: milieu naturel, espace de loisirs, patrimoine, site militaire et fluvial. L’Union européenne, l’Etat, et la région interviennent également, notamment au niveau du financement.

Ainsi, le parc de la Citadelle est mis en valeur de façon écologiquement responsable, par (sans être exhaustif) :

  • des solutions alternatives (sur le fauchage – plutôt que la tonte, feuilles mortes non bralées)
  • le bannissement des produits phytosanitaires
  • des diagnostics écologiques (inventaire des espèces végétales et de groupes faunistiques, indicateurs et/ou remarquables)
  • une gestion pour le retour des espèces historiques (niveaux d’eau par exemple)
  • la création de corridors écologiques, de chemins et sentiers sans ruptures spatiales
  • des espaces réservés pour les chauve-souris
  • le maintien du bois mort, des chandelles, et tas de bois (pour nourrir et héberger la faune)
  • un éclairage bas, ciblé, limité dans le temps
  • la restauration des remparts dans le respect de la végétation qui s’y développe.


Il n’est donc guère surprenant que l’audit mené par Ecocert en 2007 ait été concluant (Note : le label est délivré pour un an, renouvelable après un audit de contrôle). Le parc de la Citadelle est à  ce titre exemplaire en France en terme de réintroduction de la biodiversité. En ce sens, l’installation de nichoirs, la préservation de cavités dans les arbres, la création d’une mare ou l’aménagement de souterrains au sein des fortifications, tout comme la diversification de la strate arbustive, le bois mort, l’éclairage bas produisent un impact décisif pour les insectes, hérissons, chauve-souris, chouettes hulottes, mésange bleue ou plus rares pigeons colombins, voire même plus tard écureuil roux ou renard !

Et cette gestion a contribué plus généralement à  la mise en place d’un observatoire local de la biodiversité, dont on peut s’enorgueillir. Saluons à  ce titre l’engagement passionné du service des parcs et jardins de la ville, prééminent en la matière  Notons aussi l’atout pour les élus Verts de porter à  Lille trois délégations complémentaires pour le parc de la Citadelle : Eric Quiquet avec les espaces Verts, Cyrille Pradal en charge du parc zoologique et de l’apiculture urbaine (essentielle à  la biodiversité) et Dominique Plancke en charge du patrimoine (et donc de la restauration des remparts). Sans oublier enfin qu’en France de nombreux élus Verts en charge de ces thématiques se rencontrent et concourent à  la prise en compte croissante de la biodiversité et du paysage.

Si donc cet été vous irez flâner sur les chemins du parc de la Citadelle, peut-être y porterez-vous un regard différent. Et si vous voyez des citadins peu informés prendre ou brâler du bois mort, dites-leur que cette belle matière abrite beaucoup de vie !

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Sources:

 

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