Le hall de la grande Poste : un triste constat des dégradations du patrimoine de Poitiers

Samedi dernier, le hall de la grande Poste de Poitiers ouvrait après trois mois de travaux. Le résultat est du pire effet pour un coût d’aménagement d’environ 480000 euros. Contrairement aux indications fournies par la Poste, les anciens guichets dotés de mosaïques ont été tronçonnés et réduits à l’état de simples boiseries ou consoles. Ces éléments, remisés au fond du hall apparaissent désormais encombrants et dénués de toute fonction. Ils ont, de surcroît, été placés devant une bonne partie des décors arts nouveaux en céramique qu’il n’est donc plus possible d’admirer. Plus grave, environ quatre mètres de ce même décor ont été détruits lors de l’installation d’un monnayeur. La Poste s’est bien gardée de communiquer sur ces destructions, préférant axer sa communication sur l’ajout d’une partie de sol en mosaïque qu’elle qualifie improprement de « restaurations ». Ce magnifique hall qui faisait l’objet de visites guidées est aujourd’hui profondément dénaturé et encombré par un mobilier bas de gamme digne de grandes surfaces commerciales. Fréquenter un tel lieu ne peu désormais que donner une image des plus banales et commerciales de la Poste.

La position de Poste-Immo a été des plus détestables. Nombre de chercheurs, historiens et historiens de l’art s’étaient unanimement opposés à ce projet. La Société des Antiquaires de l’Ouest s’en était même émue et avait écrit au directeur de la Poste. Comme si cela ne suffisait pas, une pétition ayant recueillie plus de 700 signatures et avait été adressée à la directrice régionale de Poste-Immo, Lise Massière, demandant un rendez-vous de manière à proposer un projet alternatif plus respectueux du patrimoine. Le courrier expédié en recommandé avec accusé de réception est bien arrivé, mais, cinq mois après… toujours pas de réponse !

Nous regrettons d’autant plus ces dégradations que dès le 14 janvier 2010, nous avions demandé au député-maire Alain Claeys de déposer une demande d’inscription de ce hall au titre des Monuments Historiques et que rien n’a été fait dans ce sens. Il s’agissait de la seule procédure permettant d’assurer sa protection. Bernard Cornu, adjoint à l’urbanisme, estime quant à lui avoir fait ce qui était en son pouvoir en se rendant une fois sur place puis en acceptant de signer le permis de construire suite à l’accord de l’architecte des bâtiments de France. À quoi servent nos élus s’ils ne sont pas capables d’être à l’écoute des citoyens, de leurs administrés et des historiens ? C’est une bien triste affaire qui, malheureusement, illustre une nouvelle fois l’indifférence de la ville de Poitiers pour la défense de son patrimoine alors qu’elle prétend obtenir le label Unesco.

Arnaud Clairand, porte-parole EELV du groupe local Poitiers sud-Vienne et Didier Biven.

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