Les arbres de Cœur d’agglo : quand le paraître prime sur le bien-être

Le député-maire Alain Claeys vient d’indiquer que les Poitevins auront 40 % d’arbres en plus dans le projet « Cœur d’agglo » de Poitiers, 60 arbres ayant été coupés et 84 autres devant être replantés. Voilà de quoi nous rassurer, mais qu’en est-il de l’aspect qualitatif qui a été soigneusement éludé ?

Comme trop souvent ce type d’information s’apparente à une opération de communication souvent déconnectée de la réalité. Le 1er septembre 2010, suite à la coupe des tilleuls de la place du Maréchal Leclerc, nombre de Poitevins s’étaient indignés, et la Mairie de communiquer immédiatement en essayant de nous rassurer : « Lieu symbolique dans le vaste projet Cœur d’agglo, la future place illustrera la reconquête par le végétal de l’espace public. Tout comme l’ensemble de Poitiers Cœur d’agglo, elle apportera un nouvel équilibre végétal/minéral ». Les Poitevins peuvent désormais juger par eux-mêmes.

Le choix de sophora du Japon, au feuillage indigent, a été dicté par la volonté de mettre en valeur les façades de la place, au demeurant très hétérogènes. C’était ignorer que l’été, cette place se transformerait en une véritable fournaise où les Poitevins ne trouveraient plus l’ombre salvatrice d’arbres à grande ramure et au feuillage fourni. Force est de constater que le paraître a primé sur le bien-être des habitants. 84 arbres plantés pour 60 coupés, la belle affaire ! Surtout lorsque le compte n’y est pas d’un point de vue qualitatif. Un arbre à croissance limitée et au feuillage clairsemé s’apparente plus à un arbuste. Quel plaisir d’avoir des oiseaux en centre-ville ne serait-ce que pour susciter l’émerveillement de nos enfants. Malheureusement, la faune avicole a été priée de déguerpir, ne trouvant plus d’arbres suffisamment feuillus et protecteurs permettant l’implantation de ses nids. Au sein du secteur sauvegardé, la plupart des espèces, poiriers de Chine, sophora du Japon, féviers d’Amérique et autres micocouliers se trouvent en complète inadéquation avec l’architecture locale et l’histoire de notre ville. Le poirier de Chine importé d’Amérique du Nord est devenu une espèce invasive, ses fleurs ne sentent pas bon et son pollen peut présenter des risques allergènes. Pourquoi boudons-nous à ce point nos espèces endémiques (cormier, érables…) pour recourir systématiquement à des essences étrangères ?

En appliquant un bon vieux principe anthropique : aimeriez-vous être un sophora japonica planté place du Maréchal Leclerc, dépaysé, isolé, mal-aimé et appelé à passer le reste de sa misérable vie au milieu d’une fournaise ? Quand miserabilis rime avec minerabilis !

Arnaud Clairand, porte-parole EELV du comité local de Poitiers Sud-Vienne.

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