Nitrates : relevons le défi par l’intelligence collective !
(Photo Sophie Goux FranceTV)
17 janvier 2013
Dans l’ouest, les agissements de certains membres de la FNSEA suite au classement de nouvelles communes en zone vulnérable au titre de la pollution par les nitrates a atteint un niveau de violence inquiétant. A Melle, en Deux-Sèvres, la permanence de Delphine Batho a été saccagée. Nous nous élevons contre ces pratiques et assurons Delphine Batho de notre soutien dans cette épreuve.
C’est l’inertie des gouvernements français depuis plus de 30 ans, sous la pression de la FNSEA et du puissant lobby de l’industrie agro-chimique, qui conduit à l’impasse actuelle : la France risque une condamnation à 20 M€ d’amende pour manquement à la directive nitrates de 1991, aux frais du contribuable !
Outre cette menace, rappelons que les enjeux sont majeurs en termes de santé publique et d’environnement :
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le dépassement des normes dans l’eau génère des risques avérés de cancers,
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la concentration de nitrates entraine une diminution drastique de la biodiversité dans nos cours d’eau,
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ce sont bien les nitrates qui sont à l’origine de proliférations d’algues vertes et bleues, dont les derniers remontent à la semaine dernière, sur les côtes de l’ouest.
Le traitement de l’eau pour la rendre propre à la consommation coûte également de plus en plus cher et c’est là encore, tous les citoyen-ne-s qui le paient.
Dans ce contexte, refuser le classement des zones présentant des concentrations de nitrates supérieurs aux objectifs est irresponsable de la part d’un syndicat professionnel.
Nous soutenons les propositions du Gouvernement en ce domaine même si des mesures complémentaires d’accompagnement auraient pu aussi être prises.
Cependant nous tenons à souligner qu’il serait tout aussi irresponsable d’ignorer les conséquences d’un tel classement car le programme des actions proposées par le gouvernement favorise l’élevage intensif.
En cette période de crise, où l’opulence céréalière est un vrai miroir aux alouettes, le risque est grand de voir les prairies retournées, au profit de la grande culture avec pour conséquences l’appauvrissement des sols, les arrachages de haies, l’utilisation massive de pesticides.
Nous demandons donc à l’État d’élaborer dans la concertation un programme d’actions adaptées et efficaces, associé à des mesures d’accompagnement techniques et financières pour les éleveurs.
En corolaire et en toute logique, nous demandons l’abrogation des décrets du 10 octobre 2011 et de l’arrêté interministériel du 19 décembre 2011 qui autorisent, in fine, une augmentation des quantités de nitrates épandus et défavorisent les élevages extensifs.
Véronique Massonneau, Députée de la Vienne
Yannick Jadot, Député européen du Grand Ouest
Serge Morin, Conseiller régional de Poitou-Charentes