Nous voulons moins de voitures
Jean-Marc Soubeste est en charge des mobilités urbaines et du stationnement. Il porte le plan de la Ville pour faire de La Rochelle une cité aux transports plus doux.
L’homme d’Europe-Écologie-Les Verts voulait devenir conseiller municipal. Désormais, chacun de ses pas dans la rue rappelle à Jean-Marc Soubeste son élection : ici, un commerçant en colère ; plus loin, la plainte d’une habitante… Pour l’heure, peu de tension mais le nouveau plan de circulation et la piétonnisation du Vieux Port devraient animer le débat que « Sud Ouest » ouvre ce jour.
« Sud Ouest ». Vous avez dit vouloir accorder davantage de place aux piétons et aux cyclistes. Mais comme vous n’allez pas repousser les façades, ce sont les voitures qui vont « trinquer » ?Jean-Marc Soubeste. C’est un choix assumé. Je suis persuadé que, pour la majorité des automobilistes, l’usage de la voiture n’est pas indispensable. Il n’est pas rare d’entendre que l’on ne veut pas que ses enfants aillent à l’école ou au collège à vélo car il y a trop de voitures. Et, du coup, on les conduit… en voiture, c’est quand même paradoxal. Nous voulons réduire le nombre de voitures, notamment dans les cœurs de quartiers et au centre-ville. Souvent, dans les quartiers de La Rochelle, il existe des places où la vie a disparu. L’idée, c’est de réactiver la vie locale en y facilitant les déplacements de proximité, tout en y permettant la survie des commerces de proximité.
Les commerçants sont souvent parmi les plus réticents. Que leur répondez-vous ?D’abord, c’est pour ça que nous organisons une grande phase de concertation. Le but, c’est de trouver le meilleur compromis possible. Il faut quand même savoir que, dans les grandes villes, les rues les plus commerçantes sont celles où l’on circule le plus facilement. De toute façon, les gens qui ont une démarche d’achats en voiture, ça fait longtemps qu’ils ont déserté les villes pour les grandes surfaces en périphérie.
Le maire a annoncé que ce plan aura pour « vitrine » la mise en place d’un Vieux Port piéton. Vous n’avez pas peur que cela suscite des oppositions ?Une majorité de Rochelais y sont favorables. C’est vécu comme l’aboutissement d’une longue réflexion. On va avancer par étapes en laissant une grande place à la concertation. On veut créer un consensus. Nous n’avons jamais dit que nous voulions bannir totalement la voiture du Vieux Port. On peut envisager diverses manières de moduler cette piétonnisation en fonction des heures, des jours, des saisons. C’est la concertation qui en décidera…
…Soit, mais vous avez bien une préférence personnelle. Quelle est-elle ?Je suis très attaché à la phase de concertation mais disons que si l’on fait un ratio sur l’année, actuellement le Vieux Port est piéton 20 % du temps. À l’avenir, il faudrait inverser la tendance, qu’il le soit à 80 %.
Vous avancez sur votre plan de circulation à l’échelle municipale mais cela pose des questions qui sont du ressort de la CdA. Quid du stationnement ?Il faut développer les offres en périphérie : il nous faudra deux parkings relais supplémentaires.
Où voulez-vous les installer ?Ils sont prévus mais l’achat des terrains n’est pas finalisé. Ils devraient se trouver en amont du boulevard Sautel et à Aytré, sur la zone des Cottes-Mailles.
Si vous créez des parkings relais, il faut aussi développer des lignes de transport efficaces. Là encore, cela relève de la CdA mais quel est votre point de vue ?Il faut être ambitieux, développer des lignes mieux cadencées, privilégier des lignes en site propre. À La Rochelle, nous avons un réseau très développé mais pas d’une très grande efficacité.
Qu’en est-il du projet, qui ressemble à un serpent de mer, de relier par une navette maritime Port-Neuf aux Minimes ?Nous sommes en phase avec le maire. C’est une solution qu’il faut relancer mais, d’abord, il faut la chiffrer.
Le coût de l’extension du réseau aux nouvelles communes de l’agglomération pourrait plomber le budget transports de l’Agglo……Il faut avant tout lancer une phase de concertation, de co-élaboration pour définir les besoins de chacun. Si on étend le modèle rochelais de bus à l’ensemble de l’agglomération, cela représentera un coût trop important. Il faut adapter le réseau aux besoins.