Eva Joly rencontre des opposants russes et affirme son soutien à la démocratie et aux droits de l’homme en Russie

Eva Joly rencontre des opposants russes et affirme son soutien à la démocratie et aux droits de l’homme en Russie :

Ce samedi 21 janvier 2012, Eva Joly avait invité à Paris trois opposants russes au régime autocrate de Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev :

– Ilya Yashin, 28 ans, co-président et co-fondateur (en 2008, avec Nemtsov et Kasparov) du mouvement d’opposition démocratique Solidarnost (mouvement social-libéral, pour la justice, la démocratie et les droits humains), jeune figure montante de la politique russe.

– Ilya Ponomarev, 36 ans, député à la Douma et membre du parti « Russie Juste » (social démocrate) et du Front de gauche (coalition de gauche) faisant partie de l’opposition « dans le système ». Il est élu et accepte le dialogue avec le pouvoir.

– Yaroslav Nikitenko, jeune écologiste et antifasciste russe de 24 an numéro  deux du mouvement qui défend la forêt de Khimki, militant également en France contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.

Eva Joly et ses trois interlocuteurs ont tout d’abord déjeuné dans un restaurant discret du 3e arrondissement de Paris, où ils ont pu faire connaissance et échanger à bâtons rompus sur la situation russe actuelle, suite aux élections législatives de décembre dernier, très contestées, et à quelques semaines de l’élection présidentielle. Puis ils se sont rendus à la librairie du Globe, librairie spécialisée en littérature russe, à quelques pas de là, où au sous-sol et devant quelques journalistes et citoyens rassemblés, ils ont pris la parole chacun leur tour.

La candidate d’Europe Ecologie Les Verts n’y est pas allée par quatre chemins et a fortement critiqué d’emblée le président Dmitri Medvedev et le premier ministre actuel Vladimir Poutine, vainqueurs très contestés, avec leur parti Russie unie, des élections législatives du 4 décembre dernier. Ils ont en effet obtenu officiellement 49% des voix et gardent donc la majorité des sièges au Parlement russe, la Douma, mais de nombreuses organisations et ONG dont Globos ont souligné des milliers de cas de falsifications. Depuis l’annonce de ces résultats, des dizaines de manifestations se sont déroulées un peu partout en Russie, dont une grande manifestation à Moscou de plus de 100 000 personnes le 24 décembre dernier ayant entrainé des milliers d’arrestations.

Pour Eva Joly, il faut donc logiquement « organiser de nouvelles élections législatives, et reporter le prochain scrutin présidentiel où l’on sait d’avance que Poutine redeviendra le président ». Et bien entendu libérer l’ensemble des prisonniers politiques. Eva porte le ruban blanc qui symbolise le vœu de l’opposition russe d’avoir des élections libres et non truquées. La candidate a souligné également le « silence assourdissant », coupable, des politiques français.

Il lui semblait également très important de recevoir ces représentants de l’opposition « pour signifier que nous n’acceptons pas le niveau de corruption en Russie de même que la non indépendance de sa justice » ajoutant que nos pays européens « acceptaient beaucoup trop facilement de blanchir les fonds des oligarques russes. » Eva Joly a également précisé que beaucoup d’affaires en provenance de Russie (20% des requêtes) arrivaient devant la Cour européenne des droits de l’Homme, seule instance judiciaire garantissant aux citoyennes et citoyens russes indépendance et incorruptibilité. Il lui semblait donc nécessaire de fournir plus de moyens à la CEDH. Elle a conclu son intervention en enjoignant Medvedev et Poutine à « écouter les revendications de ces citoyens russes qui ne demandent que le respect des élections. »

Ilya Yashin a ensuite souligné l’importance de la question des droits de l’homme et de la démocratie en Russie à l’occasion de la présidentielle française, rendant hommage à Eva Joly et à son invitation. Pour lui, les oligarques russes corrompent les acteurs politiques européens, et il doit donc « y avoir un engagement global pour la démocratie en Russie». En effet, « les citoyens des autres pays doivent pouvoir entendre un discours alternatif sur la Russie ».

Pour Ilya Ponomarev, quels que soient les résultats de la prochaine présidentielle russe, il faut s’atteler à « un tournant dans les relations franco-russes », souhaitant voir arriver au pouvoir en France « des gens comme ceux des Verts qui veulent lutter pour la démocratie en Russie. »

Le jeune écologiste Yaroslav Nikitenko a insisté quant à lui sur le rôle très néfaste de grandes entreprises françaises qui mènent actuellement de grands chantiers en Russie participant à la corruption généralisée du pays. Par exemple, l’entreprise Vinci est très impliquée dans le projet d’autoroute Moscou-Saint Pétersbourg dont le tracé détruirait sans vergogne la fôret protégée de Khimski, écosystème d’une valeur écologique inestimable. Le projet, bloqué par les autorités russes face aux multiples protestations, avait été relancé  suite à la visite du premier ministre François Fillon.

Eva Joly conclut la rencontre en soulignant que ces trois opposants notoires au pouvoir autocratique de Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev étaient de « véritables héros, des résistants que l’on ne doit pas laisser tomber ».

 

 

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