« Le nucléaire, c’est pas cher »

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Les pro nucléaires ont la fâcheuse tendance à donner le prix du nucléaire « historique », c’est à dire celui de nos vieilles centrales amorties. A l’heure d’un parc nucléaire vieillissant qui doit être renouvelé, c’est le prix du « nouveau nucléaire » qui importe. Or, il est de plus en plus cher pour des raisons de sûreté évidentes. Si l’EPR de Flamanville voit le jour, l’électricité qu’il produira, en supposant que le dérapage financier du projet s’arrête enfin, coûtera au minimum 75€/MWh. L’éolien est d’ores et déjà moins cher et son coût continue de baisser ! C’est parce que le nouveau nucléaire est si cher qu’EDF a demandé une augmentation du prix de 30% sur 5 ans.

Le nucléaire présente une particularité unique : le coût augmente au fur et à mesure des nouvelles technologies  ! Habituellement, au fur et à mesure du développement d’une technologie, le coût diminue… pour le nucléaire, c’est l’inverse.

Source : A. Grubler, 2009, An Assessment of the costs of the French nuclear PWR program 1970-2000, IIASA

Le graphique ci-dessus montre que les coûts de construction de nouvelles centrales ont été multipliés par 2,6 entre 1977 et 1998. L’EPR devrait aboutir à une facture multipliée encore par 1,7. L’axe des abscisses indique le la puissance nucléaire cumulée ; l’axe des ordonnées donne le coût en milliers de francs 1998 par kW installé.

Evidemment, pour les énergies renouvelables (comme pour la plupart des autres technologies), c’est l’inverse qui se passe : à mesure qu’on les développe, le coût diminue. Et même les technologies que l’on dénonce en France comme très onéreuses (par exemple le photovoltaïque) seront compétitives sans aucune aide publique d’ici 2020.

Source : Solar photovoltaics, competing in the energy sector, EPIA, 2011

Les projections montrent que le photovoltaïque sera compétitif entre 2015 et 2020 pour la France (suivant les lieux et les technologies).

Rappelons que les coûts officiels du nucléaire n’incluent pas le coût réel du traitement des déchets (y compris pendant plusieurs milliers d’années), le coût réel du démantèlement (l’unique tentative à Brennillis a vu son coût multiplié par 20 depuis 25 ans sans résultat définitif pour l’instant), l’assurance en cas d’accident majeur (y compris suite à des actes de malveillance ou un attentat), le coût de la prolifération nucléaire, les efforts considérables de R&D publique payés intégralement par les contribuables, etc. Remarquons que les éoliennes, elles, doivent disposer d’une assurance et d’une garantie bancaire qui couvrent l’ensemble des risques (accident, déconstruction…).

Dans les pays occidentaux, le nucléaire a bénéficié de 58% des moyens publics de la recherche et développement ces 30 dernières années ! Les énergies renouvelables seulement 8%, tout comme l’efficacité énergétique. Malgré ce désavantage gigantesque, de nombreuses énergies renouvelables sont ou seront compétitives dans la décennie à venir.

Source : Agence Internationale de l’Energie, Renewable Energy, markets and policy trends in IEA countries, 2004

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