L’exemple alsacien

Dany Dietmann, élu innovateur milite pour la valorisation des « produits résiduels ménagers ».

Quel avenir pour le traitement des déchets ménagers dans le département ? À quoi ressemblera le fameux Plan départemental de prévention et de gestion des déchets non dangereux sur lequel planche tout un panel d’élus, de fonctionnaires, de professionnels et de responsables associatifs ? Est-il nécessaire d’augmenter le potentiel d’incinération de la Charente-Maritime ? Peut-on faire baisser la taxe des ordures ménagères avec le tri et la valorisation ? Autant de questions qui taraudent les protecteurs de l’environnement. Afin de disposer d’un regard extérieur, la jeune association Surgères Alert (1), née de l’opposition à l’usine d’incinération, avait convié l’élu alsacien Dany Dietmann à faire état de son expérience à la commission ad hoc. Maire de Manspach, une petite commune du Haut-Rhin, Dany Dietmann a réussi à faire baisser de 380 à 78 kg, la production annuelle de déchets de chaque habitant dans 33 communes : « Je n’utilise pas le mot déchet. Pour moi, ce mot est un aveu de non intelligence et entraîne la culpabilité de celui qui le produit et est donc prêt à payer pour qu’on l’en débarrasse. Je parle donc pour ma part de produit résiduel ménager. »

Valeur ajoutée du tri

Le système mis en place par Dany Dietmann et les élus qui l’entourent repose donc sur la valeur ajoutée du geste de tri : « Pour tout ce qui est bien trié, le ramassage est gratuit. Pour le reste, on paie au kilo. Chaque bac est équipé d’une puce informatique qui fiabilise la pesée. Toutes les collectes s’effectuent au porte-à-porte pour que les personnes à mobilité réduite ne soient pas pénalisées », explique Dany Dietmann qui rappelle que ces « produits résiduels ménagers » ont une valeur, que le plastique s’achète 402 € sur le marché de Rotterdam, l’alu 1 007 € et que des entreprises vivent et vivent bien du recyclage. Mise en place progressivement depuis 1991, l’organisation est aujourd’hui parfaitement huilée. Au point que le volume à incinérer a considérablement baissé, que cela a entraîné l’abandon d’un projet de nouvelle usine d’incinération et que celles qui restent fonctionnent au ralenti.

L’incinération en débat

« Les Allemands, les Néerlandais s’y sont déjà mis. Ils ont compris que la facture incitative était le meilleur moyen d’avancer », poursuit l’élu qui intervient un peu partout en France pour prêcher la bonne parole. Son intervention jeudi dernier devant un groupe de travail à la préfecture n’était pas innocente. Alors que la réflexion porte actuellement en Charente-Maritime sur le renforcement des capacités d’incinération en passant de cinq à trois usines, (90 000 tonnes à Échillais, 50 000 tonnes à Paillé, 70 000 tonnes à La Rochelle), les environnementalistes s’interrogent sur sa pertinence : « Quand on réalise une usine d’incinération ou qu’on la rénove, c’est pour trente ans. Et si demain, avec le tri, la valorisation et l’incitation financière, le gisement s’effondre que fera t-on de cet outil », s’interroge Pascal Dupuy, de l’association Surgères Alert. Seul hic : pour écouter le maire de Manspach, il n’y pas un seul élu…

(1) Avec Nature Environnement 17 et Saintonge boisée vivante

 

Article Sud-Ouest du 5/4/2011…

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