L’impossible partage de l’eau

Par BENOÎT MARTIN

(SUD-OUEST du 20/10/2011)

L’impossible partage de l’eau

Agriculteurs, conchyliculteurs, pêcheurs… Comment arbitrer la bataille de l’eau entre usagers ?||PLUVIOMÉTRIE Printemps et été records à La Rochelle et Jonzac. Saintes s’en sort à peine mieux.

 Les agriculteurs irriguent toujours trop, selon les autres usagers de l'eau.  photo archives xavier léoty

Les agriculteurs irriguent toujours trop, selon les autres usagers de l’eau.PHOTO ARCHIVES XAVIER LÉOTY

Année record. 2011 a été très sec, trop sec en Charente-Maritime. De mémoire de météorologiste, printemps et été n’ont jamais été aussi peu pluvieux à La Rochelle et Jonzac. En attestent les relevés, éloquents, de Météo France depuis leur création en 1955 et 1969 (lire ci-dessous).

Le pire, c’est que ce n’est pas un épiphénomène. « 2003, 2005, 2006, 2009, 2010… Et maintenant 2011 ». Luc Servant, président de la chambre d’agriculture, égrène la funeste litanie des années sans pluie. « En blé, pois et orge, ce sont les plus mauvais rendements depuis trente ans. En secteurs irrigués, heureusement que les pluies d’été ont pris le relais des pompes. À l’est du département, sur les bassins du Mignon et de l’Antenne, là où l’interdiction d’irrigation a été totale, dès le 18 mai, la baisse des rendements est très nette », précise encore Luc Servant.

Trop de dérogations

Déficit pluviométrique, températures anormalement élevées, niveaux des nappes et débit des rivières poussent en effet la préfecture à agir tôt, très tôt. En filigrane de cette décision, il y a aussi l’Union européenne. D’ici 2015, dans le cadre de la Directive européenne sur l’eau, les États-membres ont l’obligation de résorber le déficit entre la ressource et les prélèvements.

« L’administration joue le principe de précaution à fond. Mais si le maïs stresse au départ, il bloque à 50 cm et ne bouge plus, explique Jean-Jacques Gaucher, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) de la Charente-Maritime. On avait donné la consigne de ne pas respecter les arrêtés. Cela a permis de ne perdre que 15 à 20 quintaux par hectare contre 60 par ailleurs. »

Urgence du terrain contre vision à long terme de l’administration. Survie au quotidien de son pré carré contre réglementation garante d’un avenir collectif. « Des interdictions tôt dans la saison, c’était une position courageuse. Mais les arrêtés n’ont pas été tenus. Il y a eu trop de dérogations. On satisfait uniquement les besoins des agriculteurs sans tenir compte de la ressource et des autres utilisateurs », regrette Gilles Brichet, président de Fédération de pêche de la Charente-Maritime.

 

Lire la suite…

Remonter