Lettre au président, par Pierre Serne

Message envoyé ce soir au Président de la République à propos de sa sortie devant le congrès des maires pour proposer que les maires ne voulant pas marier de couples de même sexe aient le droit de faire jouer une sorte de clause de conscience pour ne pas le faire.

Bonsoir,
élu régional et municipal de gauche et électeur en votre faveur le 6 mai, je suis aussi homosexuel.

Ce que vous avez déclaré aujourd’hui devant le congrès des maires me glace et me blesse au plus profond de mon identité. Ainsi, si je veux épouser mon compagnon, si mon maire (de droite en l’occurrence) trouve ça sale, ou indigne ou je ne sais quoi, il pourra faire jouer une clause de conscience? Alors qu’il représente en tant qu’officier d’état civil l’Etat à cette occasion… Donc je ne suis ni un citoyen ni un humain comme les autres; si je gêne qu’à cela ne tienne on n’est pas obligé de me marier, même si la loi le permet…

Et où s’arrêtera-t-elle cette clause de conscience? Les mariages mixtes, il y a des maires à qui cela déplait. inutile de multiplier les exemples d’autant que vous n’auriez jamais évoqué cela pour autre chose que le mariage d’un couple de même sexe. Je ne vous pensais pas capable de cela. Vous aurez beau le tourner en tout sens, cela établit clairement une hiérarchie entre citoyens, entre humains. Et que vous le vouliez ou non c’est de l’homophobie.
Comme des millions de personnes LGBT, je suis ce soir humilié par celui là même auquel j’ai contribué à l’élection.
Pierre Serne
Vincennes
(photo de Zouheir Zerhouni)

Remonter