Et si les irrigants parlaient « autonomie alimentaire » et pas « agri business » ?
Le 10 janvier 2012
Contrairement à ce que l’on veut faire croire à la population, les retenues de substitution sont surtout remplies par des prélèvements dans les nappes aquifères, et donc dans des réserves qui alimentent les cours d’eau en période d’étiage. Dans certains cas, il n’est même pas possible de les remplir car le niveau des nappes en hiver est insuffisant.
Les caciques de l’irrigation en Poitou-Charentes poursuivent un projet d’après-guerre largement dépassé, en réclamant avec bruit des retenues de substitution. Ce modèle a engendré une artificialisation des milieux (produits chimiques dangereux pour la santé des agriculteurs et des consommateurs, semences standards, races animales standardisées et élevées hors sol), la dégradation des ressources en eau au niveau qualitatif et quantitatif, une consommation croissante d’énergie, la concentration des moyens de production (mécanisation exacerbée, agrandissement, endettement, diminution du nombre d’emplois agricoles…).
Ce modèle profite avant tout aux géants de l’agrochimie et de l’agroalimentaire. Il est en revanche coûteux pour le contribuable en termes d’aides publiques et de coûts de réparation sanitaires et environnementaux.
Selon la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), en 2006, les cultures destinées à l’alimentation animale occupaient environ un tiers des terres arables.
L’essentiel des cultures irriguées en Poitou-Charentes est destiné à l’alimentation animale et à l’exportation.
Ces politiques à court terme ne peuvent constituer une solution responsable ni pour les finances publiques, ni pour les milieux naturels, ni pour le développement des territoires ruraux qui devront être, demain, pourvoyeurs d’aliments sains et d’emplois non délocalisables.
Les solutions aux questions alimentaires ne se situent pas dans la pérennisation de ce modèle agricole dépassé, mais dans la prise en compte d’agricultures diversifiées.
L’objectif est de passer au plus vite à un modèle conçu avec les paysans, par et pour les citoyens et les consommateurs et de privilégier l’autonomie alimentaire.
Europe Écologie Les Verts dit NON à ces réserves de substitution présentées et aux importants moyens de promotion qui leur sont accordés actuellement. Nous préférons une réorientation complète des politiques agricoles pour plus de responsabilité, d’équité et de respect de nos ressources communes : aider l’agriculture biologique, l’élevage à l’herbe, les systèmes de culture aux assolements diversifiés (il faut réhabiliter l’agronomie trop souvent oubliée), les exploitations à taille humaine revitalisant nos territoires et créant des emplois, la réhabilitation de nos marais qui retiennent l’eau, un tourisme éco-responsable dans des milieux vivants.
Pour Europe Ecologie Les Verts Poitou-Charentes,
Stéphane Trifiletti, porte-parole régional, tel. 06 58 53 66 25
Didier Coupeau, secrétaire régional, 06 37 64 66 99