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Fukushima : un AVANT et un APRES

Il y a 40 ans le gouvernement engageait la France dans la société électronucléaire hors de tout contrôle
démocratique. Dès lors le nucléaire, pourtant décidé dans l’opacité totale, apparaît comme légitime et la
critique comme une atteinte à l’intérêt supérieur de la nation.
La manne financière énorme déversée sur les communes et des dogmes martelés en boucle nous ont
menés à cette situation paradoxale.
Parmi ces dogmes l’indépendance énergétique, l’énergie bon marché et la fiabilité.
La catastrophe de Tchernobyl et son nuage radioactif arrêté aux frontières ont suscité une première vague
d’interrogations. En dévidant le fil du mensonge et de l’omission on découvre les déchets à gérer pour des
milliers d’années, les « incidents » à répétition, la maintenance et la « viande à électron » des sous-
traitants, l'extrême difficulté du démantèlement des centrales qui vieillissent. Au Niger ce sont les vieilles
recettes coloniales qui s’imposent : interventionnisme militaire, déni de l’environnement et des hommes,
redevance pour l’uranium 3 fois inférieure à celle versée au Canada par exemple.
La nouvelle génération d’EPR, dont la Finlande et Flamanville devaient être les prototypes, s'enlise sous
le poids de technicités mal dominées. Le démarrage finlandais est sans cesse repoussé (quelles indemnités
et qui va payer ?). Flamanville, qui stagne sous les malfaçons diverses, a déjà vu son prix doubler.
Pourtant la fuite en avant continue avec les mêmes mensonges sur la réalité des prix.
Mars 2011, Fukushima.
Le mythe du risque zéro disparaît. On parle maintenant de risque acceptable ! Mais les temps changent.
La nécessité de la transition écologique fait son chemin. La réalité des dangers encourus et l’absence de
solution aux drames humains et économiques vécus au japon, donnent à réfléchir. Enfin le dogme du prix
tombe à son tour.
Le groupe des Verts à l’Assemblée nationale a obtenu une commission d’enquête sur le coût du nucléaire.
Les premiers résultats montrent la sous-évaluation des calculs d’EDF.
Le simple entretien et la mise aux normes des centrales actuelles pour prolonger leur fonctionnement est
estimé à un minimum de 75 milliards d'euros, contrairement aux 55 milliards annoncés par EDF. Et c’est
un minimum : l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) avance le chiffre de 200 milliards en tenant compte
des différentes recommandations de sécurité !
L'hypothèse d'EDF pour remplacer le parc actuel, prolongé par des EPR, reviendrait au plus bas à 250
milliards d'euros.
Outre le coût se pose aussi la capacité d’EDF à mener un travail d’une telle ampleur, alors même qu’il est
considéré par l’ASN et sa propre direction comme dépassé par les simples opérations de maintenance
usuelle (les arrêts s’allongent plus que prévu).
La commission étudiera aussi le coût de fonctionnement, la sûreté, la gestion des déchets ...
Nous sommes à une période charnière. Ne rien décider aujourd’hui et accepter l’allongement de vie des
centrales c’est encore prendre du retard sur la mise en place de la transition énergétique. C'est elle qui
atténuera les effets sociaux et économiques de la modification climatique et qui garantira à tous un accès
fiable et sécurisé à des énergies propres, stables et décentralisées. Ne rien décider c’est aussi accroître le
risque d’un accident majeur sur notre territoire.

 

EELV BOURGOGNE