La honte du sommet de Varsovie
La conférence sur le climat, réunissant à Varsovie les membres de l’ONU, se termine dans la honte le 21 novembre.
On connait depuis longtemps le point de vue des Etats-Unis qui ne veulent pas toucher à leur merveilleux way of life, le plus polluant de la planète, mais l’Union Européenne n’écoutant que son courage – et sans doute pour plaire à « nos amis américains » - a décidé de laisser chaque pays définir lui-même son niveau de réduction d'émissions de CO2. Ce qu’ont fait :
- L’Australie, en supprimant tout objectif de réduction et le soutien aux énergies renouvelables ;
- le Canada , avec la sortie du protocole de Kyoto ;
- le Japon qui réduit de son côté ses objectifs de réduction.
Quant à la France , elle a accepté la décision de l’Union de ne rien faire avant les autres pays…et s’apprête à abriter une Conférence sur le climat en 2015, probablement aussi courageuse.
On pensait que les conférences précédentes avaient atteint le fond du fond. Mais celle-ci a fait mieux : elle a abrité, comme sponsors ou négociateurs, des représentants d’entreprises parmi les plus polluantes de la planète. Quant au gouvernement polonais, hôte de la conférence, il appuie un sommet mondial sur le charbon et le climat, le charbon «pouvant faire partie des solutions pour la protection du climat», d’après Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la convention climat de l'ONU.
Pour bien enfoncer le clou, le gouvernement polonais a renvoyé son ministre de l'environnement pour le remplacer par un partisan des gaz de schiste.
Quant aux financements promis pendant les dernières conférences « aux pays les moins développés », pour compenser des « pertes et dommages » qui n’appartiennent plus à un futur problématique mais à un présent bien réel, rien n’a été décidé.
Depuis des années, les mouvements sociaux et les ONG alertent les gouvernements, l'ONU et l'opinion publique sur l'absence de propositions à la hauteur de la situation mondiale.
A Varsovie, ils ont multiplié les initiatives pour obtenir une action immédiate, ont dénoncé, dans la rue, le sommet sur le charbon et le climat et ont manifesté contre les énergies fossiles y compris l’uranium, indispensable au nucléaire.
En vain. C’est pourquoi de nombreux mouvements comme les Amis de la Terre International, PACJA, Jubilee South Asia Pacific, les syndicats internationaux, Oxfam, Greenpeace ont quitté les négociations le 21 novembre et annoncé vouloir construire une mobilisation citoyenne au niveau mondial.
A noter que cette mobilisation existe déjà comme celle des mouvements et réseaux d'Asie du Sud-Est qui vient d’avoir lieu à Bangkok pour réclamer des actions urgentes des gouvernements mondiaux pour faire face à la crise climatique, ou à Durban, avec un camp climat destiné à s'opposer à certains projets destructeurs de la part de multinationales, appuyés par le gouvernement sud-africain .
Denis Baupin, Vice-Président de l’Assemblée Nationale, présent à Varsovie dans la délégation française, a d’ailleurs approuvé la décision des ONG de quitter la Conférence, en rappelant le récent désastre des Philippines et en insistant sur la feuille de route à respecter lors de la prochaine conférence climatique de 2015 à Paris.
Mylène Rémy