Conseil Communautaire du 18 décembre 2014: intervention de Frédéric FAVERJON sur la demande de subvention 2015 au Syndicat Mixte de l’Aéroport Dijon-Longvic

Monsieur le Président, chers collègues

Ce rapport nous inscrit dans la droite ligne de la convention Renaissance. Il s’agit, de nouveau, d’accorder une subvention d’exploitation, pour l’exercice 2015, de 510 000€ à l’aéroport Dijon-Bourgogne. On constate que le montage juridique a changé mais le modèle économique est toujours le même : 1 020 000€ d’argent public, au total, destinés majoritairement à des vols commerciaux, et donc à une minorité de personnes, alors que la fréquentation massive des transports urbains de l’agglomération dijonnaise témoigne, chaque jour, d’une forte demande en transport en commun.

Les interrogations, quant à la viabilité économique du projet sont, une fois de plus, légitimes et ce pour plusieurs raisons :

  1. nous n’avons aucunes données prévisionnelles sur le nombre de passagers potentiels pour 2015. Cette absence d’information, pourtant cruciale, montre bien que la réflexion sur la réforme du modèle économique n’a pas été engagée, malgré l’échec du projet Renaissance, au moment du changement de statut. Si nous nous appuyons sur les 800 passagers, de septembre et d’octobre 2014, une fréquentation sur cette base laisse penser que nous faisons, sciemment et en toute connaissance de cause, le choix de gaspiller de l’argent public alors que toutes les collectivités subissent, dans leur gestion quotidiennement, les effets de la baisse des dotations.

  1. Rappelons quelques chiffres : la Convention Renaissance avait fixé un objectif de 265 000 passagers/an. Au bout de 4 ans d’activité, le nombre de passagers a toujours été en deçà de 20 000/an, et sur les 3 dernières années d’activités, la fréquentation moyenne s’élevait à 28 277 passagers/an.

Que devons nous penser, si notre référence sont les mois de septembre et d’octobre 2014, d’une fréquentation de 4 800 passagers/an ? Tout simplement que nous nous dirigeons vers un modèle économique de plus en plus intenable et qui révèle, ce que nous affirmons depuis 10 ans, à savoir que l’aéroport représente une offre en transports surdimensionnée par rapport à la demande.

D’ailleurs, le récent rapport de la Cour Européenne des Comptes, de décembre 2014, nous donne raison. En effet, il dénonce un gaspillage de 225 millions d’euros de fonds européens sur des projets surdimmensionnés, soit parce que les aéroports étaient trop près les uns des autres, et nous sommes dans cette configuration avec les aéroports de Lyon et de Paris, soit parce que les infrastructures étaient trop importantes pour le nombre d’avions et de passagers concernés. Enfin, l’audit affirme que ces investissements n’ont pas permis d’améliorer la qualité de services rendus aux usagers et n’ont généré aucunes retombées socio-économiques, comme la création d’emplois.

  1. C’est dans ce contexte que l’on nous propose de voter une subvention sans avoir pu prendre connaissance du budget prévisionnel global. Ce qui nous empêche, bien évidemment, de pouvoir apprécier la performance économique du projet.

L’absence de stratégie globale, l’utilisation par une minorité de personnes de plus en plus restreinte, les contraintes budgétaires pour les années à venir, le malheureux constat d’échec de la convention Renaissance avec ses 25 millions d’euros investis, et bien sûr l’absence d’évaluation sérieuse et de prospectives sur les retombées économiques du projet confortent notre attitude responsable et pragmatique de refuser le prolongement de cet aéroport.

Alors que nous venons d’avoir notre débat d’orientation budgétaire, il nous paraît incohérent que notre collectivité prennent des risques qui bloqueront, de fait, des investissements en faveur d’une amélioration constante des services publics de transports, qui facilitent les accès et permettent au plus grand nombre de pouvoir se déplacer au quotidien, et bien sûr de la conversion écologique de notre économie, que ce soit sur le soutien aux éco-filières, que le développement du service public du numérique qui est une véritable alternative aux déplacements à forte empreinte écologique.

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