AEROPORT: intervention de Fréderic FAVERJON LORS DU CONSEIL COMMUNAUTAIRE DU 26 JUIN

Monsieur le Président, chers collègues,

En 2006, les écologistes ont alerté sur les risques financiers et sociaux pris par les collectivités en investissant sur un projet d’aéroport surdimensionné par rapport à la demande locale en transports, par rapport à la qualité de la desserte ferroviaire et autoroutière de l’agglomération. Au regard de la situation actuelle, reconnaître que nous avions été précurseurs n’est pas une satisfaction pour les écologistes. Nous déplorons que l’argent public ait été investi à fonds perdus.

De fait, les choix politiques doivent être évalués à la lecture du bilan :

25 millions d’euros d’investis depuis 8 ans pour quel bilan ?

  • pas de création d’emplois pérennes

  • et des retombées économiques incertaines. En effet la plus-value économique de l’activité aéroportuaire n’a jamais été démontrée.

Le vrai constat avec chiffres à l’appui est celui-ci: après 4 ans d’activité, le nombre de passagers était en deçà de 20 000 /an alors que les prévisions de la convention Renaissance avait fixé comme objectif 265 000 passagers/an au bout de 10 ans. La réalité a été la suivante: 14 000 passagers en 2007 pour arriver à 25 500 en 2013 avec au passage, 46 000 passagers en 2011 et 40 000 en 2012.

Quant à la participation au déficit d’exploitation, nous continuons de dénoncer le dépassement du seuil maximum plafonné à 4,5 millions d’euros, eu égard au déficit de 1 096 000 euros qu’il a fallu combler en 2013, au lieu des 600 000 euros envisagés.

Malgré ce malheureux constat d’échec et l’absence d’évaluation des retombées économiques, évaluation pourtant régulièrement évoquée, nous sommes aujourdhui réunis pour donner une suite à ce projet !

Ce soir, il s’agirait, outre le fait de financer une fois de plus un déficit d’exploitation, de signer quasiment un chèque en blanc en actant le principe d’un syndicat mixte dont on ne connaît pas les missions précises, les objectifs et le détail du modèle économique. Aujourd’hui, la proposition de prolonger l’exploitation par la CCI repose sur un financement public à 80%. La perspective pour le syndicat mixte est un financement public à 55% alors qu’il devrait s’agir d’une activité économique équilibrée.

Concernant le transport aérien, il faut tout même rappeler qu’il bénéfice d’une exonération totale de la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétique (TICPE), l’ancienne TIPP (Taxe Intérieur sur les Produits Pétroliers). Cette exonération ne pourra pas perdurer compte-tenu du déficit public et du bilan carbone fort négatif du transport aérien, compte tenu de la distorsion de concurrence qu’elle induit par rapport aux autres modes de transport.

Par ailleurs, tous ici, nous sommes également conscients que les 3 années à venir seront extrêmement contraintes financièrement avec 11 milliards d’euros d’économies demandées aux collectivités territoriales.

Doit-on soutenir d’emblée un tel projet alors que les bases essentielles du BP 2015 devront assumer le passage programmé en CU avec la nécessité de répondre aux attentes premières de l’ensemble des habitants comme les transports, les services publics locaux, la qualité de vie, l’ accès au logement à des prix corrects. Nos concitoyens ne sont pas plus exigeants que cela. Les investissements publics destinés à l’avion pour quelqu’uns ne répondent pas à la réalité de la demande sociale qui aspire, en matière de déplacements, à des transports du quotidien facilités.

Dès lors, les collectivités ne sont en pas en mesure de prendre des risques financiers qui bloqueront, de fait, des investissements en faveur de l’amélioration de la vie quotidienne des habitants d’une part et des investissement en faveur de la transition énergétique créatrice d’emploi qui ne fait que commencer d’autre part.

Enfin, nos décisions doivent redonner confiance en notre capacité à apporter des solutions qui garantissent le pouvoir d’achat des ménages et la qualité de leur cadre de vie. Cette volonté se traduit par des investissements dans des projets économiques créateurs d’emplois dont le montage financier est transparent, et qui seront évalués selon des critères environnementaux et sociaux.

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