Poulets industriels : une table ronde fragile

Article du journal Sud-Ouest en date du 11 novembre 2011
Les opposants aux projets pourraient bien bouder la table ronde du préfet
« C’est ce que j’appelle mettre la charrue avant les bœufs. En acceptant deux projets, le préfet coupe l’herbe sous les pieds de la table ronde qu’il propose. C’est une démocratie tronquée. » Jean-Bernard Lecroix, de l’association Bien vivre à Lannepax, membre du collectif Bien vivre dans le Gers, n’y va pas par quatre chemins. Le jugement de Salomon appliqué par le préfet Étienne Guépratte au dossier des élevages industriels (lire « Sud-Ouest » d’hier) ne le satisfait pas. « On n’a pas forcément envie d’aller à sa table ronde », lâche même Martine Delmas, au nom de ce collectif. « Il faut encore qu’on contacte tout le monde », tempère-t-elle. Mais la tendance semble bien être celle d’un boycott. Elle aurait, à la limite, préféré un débat public. « Là, on va se retrouver en petit comité, avec une majorité de personnes favorables… On connaît déjà l’issue », poursuit-elle.

Sur le terrain juridique
C’est aussi sur le terrain juridique que les associations entendent se battre. « On a une avocate spécialisée dans l’environnement », précise-t-elle. De même, « on va essayer de continuer à informer le public, en organisant des débats, en réagissant à certaines informations, certaines actions de Vivadour. »

Une déception d’autant plus grande que, même s’ils s’attendaient plus ou moins à cette décision, les opposants à ces projets savaient que « le préfet avait la possibilité de tout geler », souligne Jean-Bernard Lecroix. « On a l’impression d’être complètement méprisés. »
Même déception, mais plus mesuré de la part de Philippe Martin. Le président du Conseil général estime que le préfet aurait tout le temps d’organiser cette table ronde, comme il le lui avait demandé le 23 octobre. Toutefois, le patron du Département se dit prêt à participer à la plateforme de réflexion annoncée par le représentant de l’État. « Est-ce que de ce mal sortira un bien, c’est-à-dire l’établissement de règles qui n’existaient pas ? » poursuit-il. « Il faut y aller, il faut plaider la cause. »
Appel du pied de Vivadour
Pour le directeur général de Vivadour, Franck Clavier, la position du préfet va à la fois dans le sens des procédures engagées pour les deux projets acceptés, et répond tout à la fois « aux interrogations de la société civile » et de la « transparence » dans laquelle le groupe affirme avoir voulu agir. « On accepte de participer à la plateforme de réflexion de manière à expliquer de façon plus didactique et pédagogique ces projets. Nous avons aussi accepté de rédiger une charte, et de nous y conformer. Cela nous permettra de beaucoup mieux expliquer ce qu’on fait, et qui est malheureusement mal connu de la société civile », ajoute Franck Clavier. « Les gens découvriront des modes de production qui sont anciens. Ils découvriront aussi le sérieux et la qualité qu’il y a derrière. »
« On se prête au jeu, poursuit Franck Clavier, qui consiste à mieux éclairer la société civile, et en particulier le Conseil général », ajoute-t-il, en forme d’appel du pied. « Dans un département agricole, il est anormal qu’il y ait un tel fossé entre deux instances qui visent à développer le département. »
Philippe Andréoulis

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