J’en ai ras le bol qu’on doive s’excuser à cause de la «théorie du genre»
D’habitude, je suis partisane de l’idée selon laquelle pour se faire comprendre, il faut expliquer calmement et ne pas monter les gens les uns contre les autres. Mais là, basta.
Aujourd’hui, ça me saoûle. Ça me saoûle de devoir prendre des gants avec des abrutis pour ne pas les choquer dès qu’on émet une idée sortie d’ailleurs que du Moyen-Age. (Je m’excuse auprès du Moyen-Age, je sais que tu ne mérites pas l’image qu’on a de toi.)
Là, j’en ai ras le bol.
Je n’ai pas envie de prétendre que la notion de genre n’a pas été une révolution intellectuelle et qu’il ne faut surtout pas en tenir compte dans l’éducation de nos enfants sous prétexte qu’on doit rassurer les gens qui ont peur. Parce que Vincent Peillon et Najat Vallaud-Belkacem peuvent réexpliquer cent fois les choses avec un gros brin d’hypocrisie, je vais vous dire le fond de ma pensée: ces gens qui refusent de mettre leurs enfants à l’école ont très bien compris de quoi il s’agissait.
Oui, les présentations dans les manuels scolaires qui disent que l’identité sexuelle ne se construit pas seulement sur le sexe biologique mais aussi selon un contexte socio-culturel, ce sont bien un apport intellectuel des gender studies.
Ces gens ont peur et ils ont raison. Oui, on ne veut plus faire de différence de traitement entre les garçons et les filles, oui, on veut leur dire qu’ils peuvent choisir leur identité, leur sexualité et même, attention, leur sexe pour ceux qui veulent en changer. Oui. J’en ai ras le bol qu’on doive s’excuser à cause de la «théorie du genre». Qu’on doive rectifier, nuancer, dire que non ce n’est pas vraiment ce qu’on veut, faire du mot «genre» un mot interdit (dites «parité» et non «genre») que bien sûr, ce n’est pas bon pour les enfants, qu’on va respecter leurs natures essentialistes de petits garçons et petites filles. Mais merde, non.
Article publié par Titiou Lecoq le 31/01/2014 sur Slate.fr. Lire la suite ici.