Des femmes interdites de parole dans un syndicat étudiant britanique

Depuis près de sept ans, l’Union chrétienne de l’Université britannique de Bristol interdit aux femmes d’intervenir en public lors des réunions… sauf si elles sont en présence de leur mari.

«Les femmes ne peuvent pas enseigner dans nos réunions. Elles n’y sont autorisées qu’en l’unique présence de leur mari». Sortie tout droit de nos anciens temps les plus obscurantistes, la phrase date pourtant de 2012. Dans un mail envoyé aux membres de l’Union chrétienne de l’Université de Bristol, (Bristol University Christian Union, un groupement d’étudiants), son président Matt Oliver écrit noir sur blanc que les femmes n’ont aucun droit de parole.

Cette règle instaurée depuis sept ans et réaffirmée en 2012 a été révélée par la presse en décembre et suscite depuis une polémique dans le monde universitaire outre-Manche. Les femmes encadrées par leurs époux ou contraintes au silence, «shocking» au pays de Thomas More et Francis Bacon. Une enquête a été ouverte en interne par l’Union des Étudiants de l’Université (The University of Bristol Students Union), qui met en garde contre cette discrimination.

La direction de l’Université n’a pas souhaité s’exprimer, préférant laisser l’embarrassante affaire aux mains des instances associatives de l’établissement.

Féministes et athées révoltés

Les étudiants eux, semblent révoltés: «Comment peut-on bannir la parole aux femmes en 2012?», «Comment l’Union des Étudiants peut laisser passer de telles discriminations?» s’indignent certains sur Internet .

Les autres associations ne sont pas en reste, et ont tour à tour condamné les propos de l’Union chrétienne. «Nous pensons que l’égalité des sexes est un droit humain fondamental. Les femmes ont le même droit que les hommes à parler dans les universités, quel que soit leur état matrimonial», s’indigne Caitlin Greenwood, vice-présidente de l’Union athée, agnostique et laïque de Bristol. (Bristol University’s atheist, agnostic and secular Society).

Shannon Kneis et Laura Ho, membres de l’Union féministe ont décrit cette décision comme «profondément offensante et sexiste envers les femmes». Dans un communiqué, les deux jeunes femmes expliquent que l’association religieuse «laisse entendre que les femmes ont plus de valeur lorsqu’elles sont mariées». Elles appellent à régler le problème au plus vite en précisant que les «groupes religieux ne doivent pas être à l’abri de la critique en ce qui concerne l’égalité des sexes.»

Dans un premier temps, The Bristol University Christian Union, s’était fendu d’un court argumentaire sur son site internet le 5 décembre dernier. Mais la polémique enflant, les responsables de l’Union ont fait machine arrière et proposent désormais d’«inviter également les femmes à prendre la parole dans l’ensemble des réunions».

Par Assma Maad, Publié le 12/12/2012 sur lefigaro.fr

 

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