Contribution EELV Enquête d’Utilité Publique relative à la LGV Bordeaux Toulouse-

Toulouse, le 4 décembre 2014
Monsieur le Commissaire enquêteur,

Le projet de la LGV Bordeaux Toulouse a soulevé beaucoup de points négatifs lors des réunions de concertation avec les populations des territoires concernés. En effet, il s’agit de construire un ouvrage qui ferait gagner seulement 20 minutes pour se rendre à Paris par rapport à la solution de réfection des voies TGV.

A la veille de la prise de décision par l’État de la réalisation de cet ouvrage, Europe Écologie les Verts Midi Pyrénées souhaite argumenter sur les points suivants :

– les financements de l’infrastructure
– l’aménagement du territoire en Midi Pyrénées
– un tracé qui porte atteinte à l’environnement

Les financements de l’infrastructure :

Les travaux pour les lignes nouvelles (Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax) sont estimés à 8,3 milliards d’euros mais de nombreux doutes pèsent sur le financement. Seule la Région Midi Pyrénées a voté une enveloppe de 423 millions d’euros.
Plusieurs Conseils Généraux de Midi Pyrénées s’étaient engagés à financer le projet. Face aux baisses de dotations de l’État et à la difficulté d’équilibrer leurs budgets, plusieurs d’entre eux remettent en question ces financements. Récemment lors de sa session plénière d’octobre, le Conseil général de Haute-Garonne a indiqué qu’il ne provisionnerait pas la ligne budgétaire en 2015.

Le produit de l’écotaxe devait abonder très largement le budget alloué à l’Agence de financement des infrastructures de transport (AFITF). Or, Mme Royal a supprimé cette taxe sans lui trouver des contre parties crédibles à ce jour.
Défaut des Conseils Généraux et d’autres collectivités locales, absence de budget de l’AFITF, quelles seront alors les solutions pour financer cette LGV ? Verra-t-on revenir le partenariat public privé ?

Pourquoi pas simplement rénover la ligne existante : un coût de 2 milliards d’euros au lieu de 6 milliards d’euros que coûterait la LGV pour un gain de 20 minutes.
L’aménagement du territoire en Midi Pyrénées :

La construction de cette infrastructure pose la question de l’aménagement du territoire et de la desserte des zones rurales, des villes moyennes en dehors de la métropole toulousaine.
Depuis une dizaine d’année, la fréquentation des trains régionaux est en constante augmentation. Le plan rail a permis de rénover certaines lignes mais la SNCF et RFF négligent particulièrement l’entretien des voies existantes. Ainsi :

– La ligne Luchon-Montrejeau sur laquelle peu d’entretien avait été fait depuis 1953, vient d’être suspendue par la SNCF pendant un an pour études (réfection totale de l’infrastructure).

– La ligne Toulouse-Tarbes est aussi en très mauvais état, alors que de nombreux trains y circulent tous les jours. Un budget important de 300 millions d’euros est prévu par RFF.

– La ligne Rodez-Séverac est très vétuste et doit être rénovée afin de permettre le croisement des trains et augmenter la vitesse des trains de fret.

– La ligne Béziers-Neussargues a besoin d’une totale remise en état. Cet axe est une liaison alternative au couloir rhodanien. Elle permettrait aussi le passage du fret de l’usine Arcelor de Saint-Chély-d’Apcher, de trains de granulat, de céréales, etc.

– La ligne Cahors-Capdenac a été arrêtée en 1989 alors que cette voie avait  été construite pour des gros convois de fret. Le Conseil Général du Lot envisage de l’aménager en vélo-route. Elle peut être rénovée pour le fret, le transport de voyageurs et le tourisme tout en installant la vélo-route sur un autre trajet.

– La ligne Rodez-Brive-Paris (jonction avec la ligne POLT à Brive) est menacée de suppression avec l’arrivée de la ligne LGV Bordeaux-Toulouse. Depuis quelques années, les fréquences y sont volontairement réduites par la SNCF alors que la voie ferrée a été rénovée grâce au Plan Rail Midi-Pyrénées entre Rodez et Brive. Il faut à tout prix rénover maintenant la ligne POLT et favoriser cette ligne qui désenclave le nord-est de la région Midi-Pyrénées.

Voici de nombreux exemples en Midi Pyrénées qui pourraient être pris en compte avec les crédits d’investissement qui seraient dégagés si le choix de la rénovation de la ligne existante entre Toulouse et Bordeaux était fait.
La priorité pour les collectivités territoriales doit être d’offrir des solutions de substitution à la voiture. La LGV ne répond pas à cette priorité, les trains du quotidien si. Pour EELV Midi-Pyrénées, il est important de mener de front la réduction de l’usage de l’avion entre Toulouse et Paris et d’offrir également des transports du quotidien de qualité. L’inflation du coût du projet LGV, nous fait craindre une baisse considérable des financements des collectivités pour les transports du quotidien. Il est urgent de choisir la solution de la rénovation de l’existant.

Le fret profiterait de la LGV selon RFF-SNCF. Nous constatons que celui-ci a décliné depuis de nombreuses années suite aux politiques de l’État et de la SNCF qui n’ont pas soutenu le transport ferroviaire des marchandises. L’apparition de LGV sur le territoire national n’a en rien amélioré cette situation. La plate-forme fret de Saint-Jory est quasiment à l’arrêt actuellement. Il a été préféré le transport routier à l’alternative rail qui pourtant est beaucoup moins polluante et plus sécurisée. Nous soutenons le développement du fret ferroviaire mais nous ne feignons pas un intérêt soudain afin de défendre une LGV comme le font RFF et la SNCF.

Un tracé qui porte atteinte à l’environnement :

Avec la construction de la LGV et ses gares excentrées des villes moyennes (Bressols dans le Tarn et Garonne ), c’est un nouvel étalement urbain qui nous est proposé.
La réalisation de la LGV va conduire à détruire près de 4000 hectares de terres agricoles et forestières, 34 hectares de site Natura 2000, une centaine d’hectares de Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ainsi que 1650 hectares de sites écologiques contenant de nombreuses espèces à protéger.
La biodiversité est encore laissée pour compte car les mesures compensatoires ne dédommageront jamais les dégâts irrémédiables causés à la nature.

Au regard de ces différents éléments, EELV Midi Pyrénées :

– s’oppose au projet de LGV Bordeaux Toulouse tel qu’il nous est présenté dans l’enquête publique.
– demande que la ligne actuelle Bordeaux-Toulouse soit rénovée, sécurisée, et que les dessertes locales soient maintenues et améliorées
– demande que les études de la ligne POLT soient redémarrées en y intégrant la desserte Brive-Rodez
– souhaite connaître le plan d’investissement prévu au regard du désinvestissement de l’État et des collectivités territoriales.
– n’acceptera pas un financement majoritaire d’une entreprise privée dans le cadre d’un partenariat public-privé.

Véronique VINET
Secrétaire Régionale
Europe Ecologie les Verts Midi-Pyrénées

la commission régionale transports de EELV avec l’adresse : mp-comm-transports@listes.eelv.fr

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