Comme les trains, les camions doivent participer aux coûts d’entretien des infrastructures de transport.

Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier vient d’annoncer un report de la mise en place de la taxe kilométrique poids lourd (TKPL). Voilà une mauvaise nouvelle pour les finances publiques puisque l’Etat se prive de 100 millions de recettes fiscales par mois de retard pour entretenir les infrastructures de transport, mais c’est aussi une mauvaise nouvelle pour l’environnement.

Le retard pris pour la mise en place technique de cette opération n’est pas la seule cause de ce report. Les transporteurs routiers font depuis quelques mois le forcing pour retarder on application. Tout est bon pour faire pression sur le gouvernement et montrer leur désapprobation à cette taxe pourtant prévue depuis le Grenelle de l’Environnement en 2007 et voté pratiquement à l’unanimité au parlement : appel au boycott des équipements nécessaires pour les camions, blocage de routes, abattage de portique de détection, avalanche de communiqués dans la presse quotidienne régionale et nationale…

Qu’en est-il exactement ? Cette taxe provient de la directive européenne Eurovignette et a déjà été mise en place dans plusieurs pays comme l’Allemagne, l’Autriche et la République Tchèque. Elle prend en compte l’usage des infrastructures routières par les poids lourds. C’est donc un péage pour l’utilisation des routes par les camions comme les trains s’acquittent d’un péage pour utiliser les voies ferrées.

Il faut aussi rajouter que le secteur des transporteurs routiers a bénéficié depuis quelques années de cadeaux fiscaux très importants : diminution de la taxe à l’essieu en 2009, exonération de la TICPE en faveur des régions en 2011, généralisation de la charge des camions à 44 tonnes qui provoque un coût supplémentaire pour l’entretien des routes, et de diverses exonérations ou minorations pour certaines régions dont Midi-Pyrénées.

Cette taxe sera acquittée par tous les camions utilisant les infrastructures concernées, elle ne désavantagera donc pas les transporteurs français. Les itinéraires concernés par cette taxe ne nous semblent par ailleurs pas assez nombreux en Aveyron. En Aveyron, seule la RN 88 est concernée. Certaines routes départementales mériteraient peut-être d’y figurer afin de ne pas subir un transfert de circulation des poids lourds en transit voulant éviter le péage.

A quelques jours de la conférence environnementale, le report de cette taxe est un très mauvais signe. Nous demandons donc au gouvernement de faire preuve de courage, de ne pas céder aux pressions du lobby des transporteurs routiers et de mettre en application cette taxe dans les plus brefs délais.

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