BELO MONTE – JOUR 2

BELO MONTE – JOUR 2 – Récit de Catherine Grèze

 

5h du matin. Départ pour Altamira (la ville la plus proche du barrage).

 

Hier, à Belem, la chaleur était écrasante.

Première étape de cette deuxième journée, une conférence de presse : salle bondée, journalistes et Tv.

Les ONG nous déclarent : « Merci d’être là. Vous êtes les bienvenues malgré ce qu’on vous a laissé croire. Le Brésil, qui veut jouer un rôle international de premier plan doit accepter d’être critiqué quand il ne respecte pas ses engagements internationaux ! »

 Après la conférence, nous nous sommes réunies avec 40 experts qui nous ont présenté une étude remise au gouvernement en 2010. L’exposé est passionnant. Belo Monte est un « piège technique ». Une fois construit, il y aura aussi la tentation d’en construire une dizaine d’autres pour le remplir. Sans cela, le barrage ne sera en pleine capacité que 4 mois dans l’année.

 

Avec les Experts

 

Belo Monte est un barrage pas comme les autres : il n’y aura pas de réservoir, ni inondation mais un assèchement et un détournement du Rio Xingu. Les chiffres sont démentiels : 200 millions de mètres cubes de terre et de roche déplacés (pour le Canal du Panama, on en a déplacé 187 !). Déjà 100 000 ouvriers au travail. Belo Monte coutera 9 milliards de dollars US. À moins que ça ne soit 17, les chiffres varient en fonction des sources.

 

Les conséquences seront terribles, surtout pour les Indiens qui verront leurs terres envahies. La stratégie du consortium en charge de la construction du barrage est de tenter de les acheter. On leur « donne » ainsi des bateaux, des véhicules, des vêtements, de la nourriture ou encore de l’argent. 30 000 Reales par village. Les conséquences sont désastreuses : drogue, prostitution (y compris de mineures), conflits, violence. Sans parler du manque de poisson qui constitue 70% du régime alimentaire des Indiens.

 

On omet souvent de le dire mais la zone du barrage est surtout très propice aux mines. Belo Monte multipliera le potentiel minier. Le fleuve asséché, les entreprises d’extraction auront de nouvelles zones à creuser. Ce qui explique la participation financière des compagnies minières au consortium.

 

Nous n’avons pas encore vu le barrage mais il y a une certitude : si Belo Monte est un échec économique annoncé (puisqu’il ne fonctionnera que 4 mois dans l’année), c’est déjà un désastre social, humain et environnemental. C’est déjà une catastrophe.

 

 



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