AZF : un verdict qui ne doit pas rester sans lendemain

Le verdict rendu ce jour, 11 ans après l’explosion qui a fait 31 morts et 2 500 blessés, canalise enfin la douleur d’une ville entière et doit à présent permettre de tirer des leçons pour l’avenir.

Pour Gérard Onesta, témoin, lors du procès et présent lors du délibéré aux côtés des victimes, la condamnation de la société Grande Paroisse et de son directeur Serge Biechlin pour homicides involontaires permet d’inscrire enfin le nom d’un coupable face à la douleur des victimes et de leurs familles.

Les écologistes se félicitent que la raison du drame –l’accident chimique- dont ils étaient les seuls à avoir évoqué la probabilité bien avant l’explosion, soit officiellement reconnue par la justice, écartant ainsi toutes autres causes qui auraient pu laisser bonne conscience aux responsables. « En condamnant un directeur d’usine à de la prison ferme la justice lance un appel à tous les directeurs de sites SEVESO qui ne pourront plus fuir leurs responsabilités en matière de risques industriels » souligne Gérard Onesta.

En revanche sur le plan pénal, « il est regrettable que la société mère, Total, et son ex-PDG Patrick Desmarets, n’aient pas été inquiétés. Le législateur doit tirer toutes les conclusions de ce procès afin que désormais aucune entreprise, aussi puissante soit-elle, ne puisse plus organiser son immunité en laissant les responsabilités à sa filiale. Nous espérons à présent qu’elle ne puisse pas organiser son insolvabilité. »

Au-delà de cette condamnation, il est urgent de tout mettre en œuvre pour qu’un tel drame ne se reproduise plus : « Malgré toutes les précautions qui seront prises à l’issue de ce procès, le risque zéro n’existant pas, il est indispensable d’éloigner tous les sites classés Seveso, seuil haut, des zones habitées pour que plus personne ne vive à nouveau un drame à la mesure d’AZF » conclut Gérard Onesta à l’issue du verdict.

Gérard Onesta pour les élus EELV au Conseil régional de Midi-Pyrénées
06 84 95 14 52

Jean-Louis Chauzy : de l’aveuglement à l’indécence

Les élu-es EELV sont particulièrement choqués de la réaction du Président du Conseil Économique Social Environnemental Régional (CESER) publiée hier par la presse régionale suite au délibéré du procès AZF. Pour Jean-Louis Chauzy : « la vérité sur la réalité des faits qui ont provoqué l’explosion reste à écrire et donc à rechercher […] Les débats en appel ont été plus vides de preuves que lors du procès en 1ere instance. La Cour d’appel de Toulouse invente la présomption de culpabilité. Il appartiendra à la Cour de cassation de remettre la justice à l’endroit« .

Pour les écologistes les déclarations de Monsieur Chauzy sont insultantes tant pour la mémoire des victimes que pour la Justice de notre Pays. Ceci est d’autant plus scandaleux que Monsieur Chauzy se permet de remettre en cause une décision de justice en sa qualité de Président du CESER, autrement dit au nom de la Société civile qu’il est censé représenter. Il apparait pourtant clairement que sa position – personnelle et/ou dictée par les lobbies – ne reflète en rien celle de l’assemblée qu’il préside, notamment celle de sa composante associative et environnementale. Dans ce contexte, on ne peut que s’interroger sur sa légitimité à continuer à porter la parole de l’institution qu’il préside si c’est pour la dévoyer ainsi.

Pour rappel, en 600 pages de délibéré, la Cour a précisément étudié toutes les hypothèses du drame et les as toutes écartées sauf celle de l’accident chimique qui est désormais déclarée certaine, hypothèse que les écologistes avaient été les seuls à prédire avant le drame sans être jamais entendus. La certitude de la cause de l’explosion est étayée dans le jugement par de nombreuses preuves concrètes : mauvaise gestion des emballages sur site, absence de lavage, stockage en un même lieu de produits incompatibles, absence de contrôle et de règlement de l’activité de recyclage, absence de formation des sous traitants…

C’est donc, n’en déplaise à Monsieur Chauzy, la certitude de la cause étayée de preuves qui induit la culpabilité directe et certaine de ceux qui – comme l’indique le délibéré – par « maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la Loi ou un règlement, en commettant une faute caractérisée qui exposait autrui à un risque d’une particulière gravité et qu’ils ne pouvaient ignorer, ont causé la mort, (…) des blessures (…) des atteintes à l’intégrité de la personne (…), des destructions, dégradations ou détériorations ».

La Justice a pris 11 ans et 3 jours pour aller au fond de l’affaire. C’est long, très long, mais c’était sûrement nécessaire pour que la vérité complète éclate au grand jour. Cela s’appelle le Droit, celui qui protège les faibles.

Monsieur Chauzy a choisi, jusqu’à l’absurde, jusqu’à l’indécence, le camp des puissants qui méprisent la Vie et ce qu’elle a de précieux.

Guillaume Cros, Président du Groupe EELV, pour l’ensemble des 15 conseillers régionaux EELV

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