Plan Pluriannuel régional de développement Forestier

Plan Pluriannuel régional de développement Forestier

La forêt limousine est jeune. Si elle n’a couvert qu’une surface équivalente à 11% du territoire depuis la fin du moyen âge (entre 6 et 7 % du plateau de Millevaches depuis 6000 ans), il a fallu les massacres de la première et deuxième guerre mondiale pour qu’elle puisse s’élargir aux espaces qu’on lui connaît aujourd’hui, c’est-à-dire 34 % du Limousin ou 50% du territoire du parc Millevaches. Près des trois quart du couvert forestier est constitué de feuillus (73% région, 46% du PNR Millevaches), soit en surface le double de la surface historique, voire beaucoup plus selon les territoires.

Plusieurs études, PAT (plan d’approvisionnement territorial), IFN 2011 (Inventaire Forestier National), outil BOBIBE (bois d’œuvre, d’industrie et d’énergie), tentent de mesurer la ressource disponible. En période de renchérissement des énergies, en cohérence avec la transition énergétique portée par la majorité, connaître cette ou ces données est un objectif stratégique de première importance :

Il est en effet particulièrement important de pouvoir lancer un message fort aux acteurs et usagers de la forêt sur les choix et les arbitrages politiques liés à celle-ci : qui peuvent se résumer à conserver nos massifs forestiers dans la durée, proposer aux usagers et aux industriels une ressource disponible et limiter les conflits d’usage et tout ceci en se soumettant aux objectifs environnementaux déclinés dans les programmes de l’état comme ceux de la région.

Déterminer le potentiel de la ressource et est le seul objectif du PPRDF.

Les enjeux économiques, environnementaux, sociaux, d’aménagement territorial, de gestion de l’eau, de diversité, d’usages, de trames de continuité écologique et autres sont contenus dans les textes politiques, lois, décrets, schémas, programmes, chartes, plans divers et variés qui contractualisent et englobent la seule problématique de la ressource. Le PPRDF, comme le reste, est soumis à ces devoirs et objectifs.

Si en France l’estimation de la mobilisation de bois est estimé à la moitié de l’accroissement naturel, c’est-à-dire la capacité annuelle biologique de l’ensemble des arbres à augmenter de volume, il est de 4,2 million de mètres cube en Limousin. Actuellement, le prélèvement s’élève à 2,6 Mm3. Hors théoriquement, tant que le seuil de l’accroissement naturel n’est pas dépassé, il n’y a pas recul de la surface forestière. En pratique, fixer un tel seuil de prélèvement oublierait les nombreuses surfaces non exploitables, soit difficiles ou impossibles d’axés, liées à des usages autre que productifs, voire contraire à la volonté du propriétaire.

C’est cet arbitrage que tente de résoudre le PPRDF, entre possibilité théorique et réalité de terrain, entre voracité ligneuse et durabilité. Sur les 1.6 Mm3 théoriquement disponibles sans décapitaliser nos massifs, quel peut être la marge de progression du prélèvement ?

A savoir que les données ne prennent en compte que le fût ou tronc de l’arbre ainsi que ses branches maitresses de plus de 7.5 cm, le houppier et les souches étant pour des raisons de maintien de la matière organique au profil des sols exclus du prélèvements. Pour avoir visité des chantiers en Finlande, où il ne reste pas un morceau de bois par terre, racines, feuilles ou aiguilles comprises, ce n’est visiblement pas le cas partout ailleurs.

Les études ont montré qu’une fois soustrait les bois inaccessibles, 353 000 m3 pouvaient être prélevés, soit une augmentation de 14 % des prélèvements actuels. Et ceci essentiellement en feuillus, soit 260 000 m3 de bois énergie et d’industrie et 30 000 m3 de bois d’œuvre feuillus, et 60 000 m3 de bois d’œuvre et d’industrie résineux. En complément de cela, une part importante de ces prélèvements serait issue de coupes d’amélioration, en rien associée aux coupes rases, comme l’immense majorité des chantiers forestiers subventionnés par la région, essentiellement portés par l’ADELI, association forestière de regroupement de chantiers.

 

Pour information, il était question l’année dernière encore de 700 000 m3 supplémentaire pour le seul bois d’énergie !

Pour le secteur de Millevaches, la problématique est inverse, vu la prédominance du résineux, où les seuls objectifs feuillus, en cohérence avec la politique régionale, sont de privilégier l’amélioration des peuplements, dont les éclaircies sont la base, aptes indirectement à la production de bois, essentiellement énergie.

Ces objectifs, qui ne sont en rien une contrainte, seront sans aucun doute difficile à atteindre, tant le morcellement foncier est fort (140 000 propriétaires, dont près de la moitié résident hors région et détenant 96 % des surfaces forestières). De même, cette mobilisation supplémentaire nécessite des investissements (machines et transports) que les difficultés d’accès au crédit rendent difficile. De plus, seuls 15% des feuillus sont prélevés mécaniquement (machines d’abatages) et les études les plus « optimistes » du CTBA (centre technique du bois) élèvent la part « mécanisable » à 25 %.

Parallèlement à toutes ces contraintes, une inconnue risque de remettre en cause les préconisations du PPRDF, celle de la contrainte climatique, qui dans le prolongement des problèmes sanitaires qui touchent les épiceas, a permis à l’assemblée présente lors de la présentation du plan de prévoir une revoyure si les accroissements venaient à baisser.

 

En conclusion, et si les objectifs étaient atteints, le PPRDF ne remettrait certainement pas en cause la présence des feuillus en Limousin, mais permettrait d’améliorer les peuplements présents ou à venir pour que nous puissions faire autre chose de nos arbres feuillus que du bois de feu, synonyme d’emplois et d’activité pour notre région.

 

C’est dans ce sens que je l’ai soutenu

 

Marc Horvat

Délégué à la forêt et à la fillière bois

Pdt du groupe EELV au conseil régional du Limousin

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