Les députés écologistes demandent une commission d’enquête sur la filière nucléaire française

Les députés écologistes demandent une commission d’enquête pour faire -enfin!- toute la transparence sur la filière nucléaire française, notamment ses coûts et ses engagements à l’étranger.
Les révélations se suivent et se ressemblent sur les scandales liés à l’EPR en France, en Finlande, en Grande Bretagne et maintenant en Chine.Semaine après semaine, de nouveaux ratés de la filière EPR apparaissent au grand jour : ils font peser un très lourd tribut sur le consommateur et le contribuable francais, inexorablement appelés à payer la facture de ces errements. 

Non seulement l’EPR de Flamanville a explosé les délais (doublement) et les budgets (triplement) initialement prévus pour sa construction, en faisant aujourd’hui une installation dont le prix du kWh dépasserait de loin celui des principales énergies renouvelables, mais, plus grave encore, rien ne garantit qu’il soit conforme aux derniers standards de sûreté en vigueur après la catastrophe de Fukushima. André Claude Lacoste, ancien Président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, s’était d’ailleurs interrogé publiquement sur un moratoire sur sa construction avant que le précédent gouvernement ne le rappelle à l’ordre. 

La sortie d’Enel du projet EPR français entraînera probablement un surcoût supplémentaire, au vu des clauses très avantageuses qui lui avait été accordé pour l’attirer dans cette entreprise pour le moins aventureuse. Qui paiera ?

Parallèlement, l’EPR en construction en Finlande connaissant les mêmes avatars calendaires et budgétaires, une facture de surcoût d’au moins 3,6 milliards d’euros reste aujourd’hui pendante… à la charge du consommateur français. Là encore, qui paiera la note ?Par ailleurs, depuis plusieurs jours la presse se fait l’écho d’accords secrets signés entre EDF et CGNPC, partenaire chinois pour accompagner la construction de nouveaux réacteurs dans la plus grande opacité, alors même que les conditions de construction de deux EPR dans ce pays posent d’autant plus question que la Chine elle-même a reconnu avoir de gros problèmes à régler en matière de sûreté nucleaire. 

Enfin, après les échecs retentissants de vente d’EPR à Dubaï et aux Etats Unis, les négociations en cours avec la Grande Bretagne pour tenter de vendre des EPR sont menées dans un climat d’opacité (et à des tarifs subventionnés du kWh et des garanties apportées par l’Etat britannique dépassant tout entendement) qui confirme au minimum que l’acharnement de l’industrie nucléaire française à tenter de nier ce que Michel Sapin n’hésitait pas à qualifier de « ratage industriel » en octobre 2011 risque de coûter encore tres cher au contribuable et au consommateur français. Les pouvoirs publics, et notamment les parlementaires, ne peuvent rester observateurs face à des décisions d’investissement qui engagent les finances publiques à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Pour toutes ces raisons, les députés écologistes demanderont lors de la rentrée parlementaire la constitution d’une commission d’enquête visant à faire de façon pluraliste – ce que garantissent les commissions d’enquête parlementaire – toute la lumière sur la filière nucléaire française, ses coûts et ses engagements à l’étranger.
En plein débat national sur la transition énergétique, l’analyse indépendante des responsabilités de cet échec industriel permettra d’en tirer au plus vite les conséquences sur la poursuite ou non de « prototypes » d’ores et déjà condamnés à être des « modèles » à ne pas suivre.

Barbara Pompili et Francois de Rugy coprésidents du groupe écologiste

Denis Baupin chef de file des députés écologistes pour le débat sur la transition énergétique

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