Improvisations et manque d’ambition Photovoltaïque

Une ligue d’improvisation composée de 7 ministres et non des moindres a décidé le 2 décembre de suspendre tout nouveau projet de plus de 3 kWc. Les quelques 25.000 professionnels du secteur, pour l’essentiel des PME et TPE qui entreprennent de créer, diversifier ou réorienter leurs activités au service de la transition écologique de l’économie sont une nouvelle fois plongés dans l’incertitude ; en effet le gouvernement n’en est pas à sa première improvisation photovoltaïque.

Le secteur est régulièrement l’otage des caprices de décret rétroactif, incompréhensible où tout simplement éliminatoire. Sous couvert de protection des consommateurs, le gouvernement s’est associé à la rumeur qui amalgame l’obligation d’achat photovoltaïque à la hausse des tarifs de l’électricité. Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage.

L’amateurisme de cette gestion à vue fait par ailleurs fi de la concertation promise et inscrite dans la loi Grenelle et orchestre les conditions d’un marché en dent de scie. Elle pousse également la profession au crime, en forçant les entrepreneurs à la précipitation par « crainte du lendemain » du prochain décret « solairicide ».

Ces improvisations à répétition ne permettent pas à la naissance d’une filière industrielle française sur les marchés amonts, où se concentre le gros de la valeur ajoutée et pour lesquels de lourds investissements demandent la sécurisation d’un marché de taille et de long terme. Elles pénalisent par ailleurs des milliers de structures sur le marché aval des études, de la promotion, et de l’installation et de l’exploitation.

A court terme, EELV demande à ce que la concertation avec toutes les parties prenantes qui débute ce lundi 20 décembre, le couteau sous la gorge, soit réelle et l’occasion ultime de mettre en placeune politique lisible. A plus long terme EELV propose une refonte des règles de calculs de la Contribution au Service Public de l’Electricité en ce qui concerne le PV. Il est souhaitable que l’on arrête de fustiger l’industrie photovoltaïque par son coût pour la collectivité des usagers alors que les éléments même de la comparaison sont aujourd’hui faussés. Il sera nécessaire de prendre notamment en compte les coûts évités (usage ou non des réseaux de transports et ou de distribution) par le photovoltaïque et les externalités des autres formes d’énergies électriques fossiles pourparvenir à comparer ce qui est comparable. Il apparaîtrait alors que cette industrie est à moins d’une mandature d’atteindre la parité réseau, c’est-à-dire le moment où elle ne constituera plus une charge d’investissement mais une économie pour la collectivité.

EELV souligne le manque cruel d’ambition du gouvernement en terme d’objectifs à long terme et s’associe aux demandes répétées des industriels pour une meilleure anticipation, une plus grande stabilité économique et réglementaire du secteur photovoltaïque

Benoit BRULIN
Porte parole Europe écologie Limousin

2 commentaires pour “Improvisations et manque d’ambition Photovoltaïque”

  1. Le photovoltaïque, réalité ou illusion ?

    En France, le photovoltaïque produit pendant 1500 heures par an. Pour mémoire, une année comporte 8760 heures. Le chiffre de 1500 heures est calculé en prenant la production annuelle en kWh divisée par la puissance installée en kW. C’est le soleil qui permet de produire de l’électricité à partir des panneaux photovoltaïques. Si pour simplifier nous considérons deux saisons, l’été et l’hiver, les 1500 heures de production électrique photovoltaïque se situent principalement en été. En hiver les jours sont courts et lorsque nous voyons le soleil qui se trouve très loin de la terre, l’énergie captée par les panneaux photovoltaïques est faible. Lors d’une journée d’été idéale (sans nuage), la puissance produite va partir de zéro au levé du jour pour monter progressivement vers un maximum correspondant à la puissance installée et redescendre progressivement vers zéro en fin de journée. Les panneaux photovoltaïques ont une durée de vie de 20 ans mais au bout de 10 ans le matériel aura vieilli et la production baissera progressivement . En conclusion, nous constatons que la production électrique photovoltaïque est très aléatoire et que la puissance injectée dans le réseau va varier en permanence. Le taux garanti de disponibilité des panneaux photovoltaïques est donc quasiment nul.

    Comment fonctionne un réseau électrique ? La capacité de production connectée au réseau doit être en permanence suffisante. Si la demande est supérieure à la production, le réseau s’écroule (baisse de la fréquence et délestage). La production classique (nucléaire, hydraulique, gaz, pétrole ou charbon) a un taux de disponibilité de 80%. Les 20% qui manquent, c’est pour la maintenance programmée. La production électrique des systèmes classiques peut être planifiée. La production photovoltaïque trop aléatoire ne peut pas rentrer dans les plannings de production. Cela revient à dire qu’il faut avoir des groupes classiques connectés au réseau pour palier aux variations de la production photovoltaïque. Un groupe dès lors qu’il tourne et est connecté au réseau, il consomme de l’énergie primaire (plus ou moins selon les courbes de rendements des groupes) . Dans le bilan, il faut donc tenir compte de l’énergie primaire consommée par les groupes qui doivent instantanément pouvoir combler les variations de production électrique du photovoltaïque. L’énergie primaire économisée grâce au photovoltaïque est donc plus faible que nous voulons bien nous faire croire.

    En été, la consommation d’électricité en France est plus faible qu’en hiver, telle que nos centrales nucléaires sont pratiquement auto suffisantes. Le photovoltaïque qui produit principalement en été permet d’économiser de la production électrique venant du nucléaire (sans Co2).

    Je passe sous silence l’énergie primaire nécessaire pour fabriquer les panneaux photovoltaïques.

    L’engouement pour le photovoltaïque est donc assez paradoxal. J’espère que ces quelques lignes, différentes du markéting politique et commercial, vous feront réfléchir.

  2. Plusieurs réponses rapides :
    – Le Nucléaire contrairement à une idée reçue (française) n’est pas Nulle en CO2 loin de là

    – Vous parlez des variations de production mais le Nucléaire « centralisé » présente finalement encore plus de risques (on le voit régulièrement)

    – Il ne s’agit pas de faire du 100% Photovoltaique ce serait aussi stupide que le tout nucléaire actuellement en cours

    – la vision actuelle est beaucoup trop centralisée… alors qu’une vision plus décentralisée serait économe en énergie (cb d’énergie perdu sur les km de lignes électriques ?)

    – Les critiques que vous portez contre le Photovoltaique pourraient être similaires sur le nucléaire mais vous ne le faites pas
    (quel énergie primaire nécessaire, durée de vie d’une centrale, quid des déchets à la source et en fin de vie…)

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