Il faut un revenu minimum d’existence
Entretien de ZINFO 974 avec Jean Erpeldinger Pour le Secrétaire régional d’Europe Ecologie les Verts, Jean Erpeldinger, les troubles sociaux sont « inévitables » au regard des « statistiques du chômage ». Son parti milite pour la mise en place d’un revenu minimum d’existence et la tenue d’une Conférence sociale à la Réunion, pour bâtir un « projet pour les 20 ans à venir ». |
Zinfos974 : Comment interprétez-vous les évènements de ces dernières semaines à Saint-Benoît, Saint-Pierre ou encore Saint-Louis, où des jeunes ont manifesté leur mécontentement et ont réclamé des emplois ?
Jean Erpeldinger : Quand on voit les statistiques du chômage, c’est inévitable qu’il y ait des problèmes d’ordre sociaux. Les jeunes n’ont pas de perspective d’avenir et sont dans la désespérance sociale. Certains jeunes arrêtent d’étudier car les parents n’ont pas les moyens de financer leurs études. La réponse que certains jeunes apportent n’est peut-être pas la bonne. Ils devraient faire des manifestations plutôt que de casser et de dégrader l’image de l’île. C’est contre-productif. Mais il ne faut pas être surpris qu’il y ait des troubles sociaux.
Quand les jeunes s’organisent dans l’associatif, qu’ils sont revendicatifs, ils entrent dans le débat public, ils font de la politique. Plus les jeunes sont acteurs, plus ils ont une chance de trouver des solutions ou que des hommes politiques en trouvent. A condition de ne pas tomber dans la violence…
Que pensez-vous du système des contrats aidés et des emplois d’avenir. Sont-ils une réponse efficace pour lutter contre le chômage ?
Les contrats aidés maintiennent les gens dans la précarité. Ces contrats sont des palliatifs. Bien sûr, ils permettent à des gens de sortir la tête de l’eau, d’obtenir un emploi. Mais si ça ne débouche pas sur des embauches durables, c’est très difficile. Je critique les grands partis politiques qui demandent depuis des années de nouvelles subventions, des contrats aidés et qui ne réflechissent pas à un projet économique et social pour la Réunion. Nous sommes dans une société de consommation. On n’a pas de projet d’avenir et la seule question que l’on se pose, c’est : « Comment va-t-on faire pour consommer ? ».
Quelles solutions sont envisagées à EELV pour sortir la Réunion de la précarité et du chômage ?
Nous proposons de mettre en place un revenu minimum d’existence pour que l’on sorte de la logique du « tout ou rien ». Aujourd’hui, soit vous bossez et vous avez un salaire, soit vous ne travaillez pas, et vous vivez avec le RSA. Certaines personnes, qui font des petits boulots de quelques heures par semaine, hésitent à déclarer leur salaire de peur de perdre leurs aides.
Avec un revenu minimum d’existence garanti, les gens pourraient développer des micro-activités (services, vente de légumes etc…) qui leur permettraient d’améliorer leur ordinaire. Cela permettrait de changer le regard sur le chômage. Le revenu minimum d’existence viendrait compléter les revenus que les personnes gagnent.
A combien se chiffrerait le revenu minimum d’existence ?
Nous n’avons pas chiffré à combien doit être ce revenu minimum. Cela coûterait cher mais le système dans lequel nous sommes est également très coûteux. Il pourrait être sur la base du RSA ou un peu plus. Il faudrait que cela soit étudié. Car nous demandons depuis plusieurs années une conférence sociale, qui réunirait les acteurs politiques, syndicaux et associatifs pour que l’on tienne compte des spécificités et l’insularité de la Réunion.
La Région ne l’a pas organisé et nous espérons qu’à la prochaine mandature, une telle conférence sera organisée. Car nous avons le droit, et même le devoir, d’imaginer des solutions innovantes pour notre petite île qui souffre socialement. Nous devons construire un projet pour la Réunion et pour les 20 ans à venir. Nous ne prétendons pas détenir une solution clé en main. Mais il ne faut pas avoir peur d’être un peu audacieux.