NDDL : la ligne rouge des Cent Noms
Depuis toujours engagé·e·s dans la défense de notre environnement, et la lutte contre les grands projets inutiles imposés comme le projet destructeur de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les écologistes savent qu’il est possible de nourrir 9 milliards d’êtres humains par l’alimentation bio et l’agro-écologie. Nous nous battons également pour une démocratie vivante, dans le respect de l’État de droit, c’est-à-dire des droits des citoyen·ne·s. Et nous sommes scandalisé·e·s par l’expulsion violente des exploitations agricoles et des lieux de vie de Notre-Dame-des-Landes.
L’attaque du gouvernement, envoyant 2 500 gendarmes contre quelques dizaines de paysan·ne·s est choquante. Il ne s’agit pas ici de préserver l’ordre et l’État de droit, mais d’attaquer la transition vers un modèle agricole respectueux de nos territoires, qui permettrait à chacune et chacun de manger mieux et à sa faim. Il s’agit ici d’une attaque idéologique d’un pouvoir déterminé à défendre l’industrie agro-alimentaire et les lobbies, face à celles et ceux qui construisent dans les actes un monde nouveau.
Zone humide d’une richesse et d’une biodiversité exceptionnelle, Notre-Dame-des-Landes peut devenir un lieu exemplaire, vitrine de la transition dans une Union européenne qui défend encore les pesticides et une France qui tourne le dos aux agriculteurs biologiques suite aux États généraux de l’alimentation. C’est possible : l’abandon du projet militaire du Larzac l’a montré, et a fait de ce plateau français un exemple reconnu dans le monde.
Le gouvernement a décidé d’expulser ces paysan·ne·s et fermier-es qui tendaient la main à l’État pour construire un nouveau modèle de propriété et d’exploitation des sols. Il a décidé d’expulser ces citoyen·ne·s qui, installé·e·s depuis toujours ou arrivant récemment, s’étaient attaché·e·s à cette terre qu’ils et elles ont commencé ou continué à cultiver.
La ferme des Cent Noms en est l’illustration parfaite : alors que deux agneaux y sont nés la semaine passée, elle n’était en rien occupée par des activistes violents, de prétendus « terroristes écolos », mais par des citoyen·ne·s à qui il avait été promis de trouver une solution viable, pacifiste, tournée vers l’avenir. L’intervention des forces de l’ordre avait été présentée comme ciblée, ne concernant que les personnes refusant toute tentative de légalisation de leur présence : la réalité démontre qu’il s’agit d’une attaque contre toutes ces alternatives locales, collectives et de défense d’une agriculture paysanne et durable.
Faut-il que le gouvernement ait peur pour déclencher une telle opération, violente et disproportionnée ? Craint-il la France qui sait construire un modèle respectueux de la nature, dont les bénéfices tirés sont partagés ? Ou craint-il les citoyen·ne·s qui se détournent du modèle productiviste basé sur le mythe de la croissance, et lui préfèrent un monde qui prenne soin de sa population et de la nature ?
Cette France qui s’investit contre les grands projets destructeurs et dangereux sait et peut construire un monde meilleur.
Les écologistes seront présent·e·s aux rassemblements de soutien aux habitant·e·s de la ZAD et appellent à y participer.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux