Discours de David Cormand à l’ouverture des Journées d’été de Lorient

Journées d’été des écologistes

25 26 27 août 2016

Discours d’ouverture de David Cormand, Secrétaire national

Chères amies, chers amis Je veux placer nos journées d’été de Lorient sous le signe de l’espoir.

Espoir pour mon pays, espoir pour notre Europe, espoir pour la terre.

Espoir pour mon pays, la France qui peut redevenir belle aux yeux du monde si elle sait tenir son rang et se placer en tête des nations qui avancent sur le chemin de l’écologie.

Espoir pour notre Europe qui doit se débarasser des charlatans du libéralisme échevelé pour que les citoyens en reprennent le contrôle. Ils s’accrochent partout mais leurs grossiers stratagèmes et leurs recettes éculées n’ont plus l’assentiment des peuples.

Espoir, pour la terre enfin, qui outragée chaque jour et blessée chaque minute vivra quand même parce que la transformation de nos comportements rendra cette survie possible.

Ce triple espoir, je l’affirme avec force est basé sur l’idée que rien n’est jamais joué quand c’est le sort de l’humanité qui est en jeu.

Or sous nos yeux, se déploient de crises en crise tous les bouleversements du monde. Nous sommes à un moment  ou notre destin commun se cristallise.

Et c’est dans ce moment que toutes les peurs, tous les obscurantismes, tous les millénarismes  ressurgissent avec une violence inouïe .  Les bonimenteurs populistes ont besoin qu’augmentent nos craintes pour nous faire avaler leur amère potion de haine. Leurs meilleurs alliés sont les déclinistes, ceux qui nous disent tous les jours que tout est foutu, que rien ne va, que demain sera pire encore. La brutalisation des débats où de moins en moins de place est laissée à l’intelligence, à la nuance, accentue encore ce climat de défiance et de rejet. Or, la politique et la démocratie, pour donner le meilleur d’elles-mêmes, ont besoins d’apaisement, d’écoute et d’empathie.

Nous mêmes écologistes avons trop souvent cédé à la tentation catastrophiste.  Parce que nous voulions alarmer sur la gravité des atteintes portées à la nature, nous avons utilisé  la peur comme levier unique de conviction.

Or la peur sans l’espoir conduit au renoncement.

Voila pourquoi je le redis, il est urgent d’espérer.

Placer nos journées d’été sous le signe de l’espoir, cela signifie que notre message politique n’est pas « nous allons tous mourir» mais plutôt « Voila comment nous allons nous sauver nous-mêmes en sauvant la planète. » Je ne me suis pas engagé en politique pour annoncer des catastrophes mais pour les éviter. A mes yeux, L’écologie politique n’est pas le mouvement qui se repait de la perdition mais celui qui permet la sauvegarde.

Pourtant, les écologistes ont depuis longtemps raisons sur les constats et les solutions.

Regardez la quatrième de couverture du programme des JDE de Lorient 1999, il y a prêt de 20 ans… Déjà, nous parlions d’un partage du temps de travail qui crée réellement de l’emploi, déjà nous parlions de la folie du projet de BURE, déjà nous disions que le futur EPR serait une impasse pour notre filière énergétique…

Mais depuis 20 ans, l’écologie est devenue majoritaire dans la société pour ce qui concerne les constats. Elle doit maintenant devenir majoritaire pour les solutions.

A celles et ceux qui seraient tenté de me dire que je suis un optimiste,  un naïf, je leur réponds que le métier d’Humain c’est d’espérer. L’espoir est par ailleurs la plus noble des ambitions.

L’espoir n’empêche pas la lucidité : il lui ouvre la voie. Car dès lors que l’on espère, on cherche le chemin, et l’on propose des solutions. C’est parce que nous avons espéré qu’un jour deux personnes de même sexe pourraient se marier que l’un des nôtres, Noël Mamère, a transgressé les limites du possible lors du Mariage de Bègles. C’est parce qu’elle a espéré sans relâche que la corruption vacille ne serait-ce qu’un instant qu’Eva Joly a fait trembler les impunis dans l’affaire ELF. Partout en France, C’est parce que les militantes et les militants espèrent mettre en échec la réalisation de grands projets inutiles et imposés qu’ils et elles inventent dans un même mouvement le monde de demain.

Demain, c’est parce que nous aurons su garder intacte la flamme de notre espoir que la transition écologique s’imposera enfin comme la solution innovante du siècle qui s’ouvre.

Mon écologie, notre écologie, ne peut être uniquement une mobilisation pour éviter le pire. Mon écologie, notre écologie ,c’est une tension lucide vers des lendemains meilleurs, un engagement de chaque instant pour protéger les écosystèmes et les droits des générations futurs,  un chemin pour la réinvention du monde.

Voila pourquoi notre premier devoir est de nous réinventer nous-mêmes. Nous n’avons pas le droit de demeurer prisonniers de nos habitudes alors que nous demandons aux autres de tout changer.

Soyons clairs.

Aux travailleurs du nucléaire nous disons que nous allons nous passer de cette énergie et qu’ils doivent dès aujourd’hui se reconvertir. Aux agriculteurs nous disons qu’ils sont trop souvent prisonniers d’un modèle ancien et que l’avenir est à une agriculture paysanne.  Aux industriels  nous disons que la question de l’environnement et de la pollution ne peut plus être tenu en lisière de leurs préoccupations.

Bref, à tous nous adressons des suppliques de changements qui sonnent le plus souvent comme des injonctions.

Mais nous-mêmes, nous sommes nous remis en cause ?

Que sommes-nous prêts à modifier pour rencontrer enfin l’assentiment du plus grand nombre ?

Moins de culpabilisation, plus de propositions. Moins de jugement et plus de générosité. Moins de paroles et d’avantage d’actes. Voilà la mutation que nous devons conduire.

Le premier pas sera de dire adieu au confort de la fausse radicalité.

La fausse radicalité c’est celle qui nous permet de rester entre nous, entre gens persuadés des savoir ce qui est bon pour tous mais trop souvent incapables de le partager avec chacun. La vraie radicalité serait de se poser toujours et à chaque instant la seule question qui vaille : comment convaincre ? Comment entrainer avec nous les millions de personnes qui ont besoin qu’advienne le changement mais ne se mettent pas en mouvement pour l’obtenir.

Le problème c’est que le monde change et  que nous, nous sommes restés les mêmes. Parce que nous avions raison avant les autres, nous nous sommes endormis sur les lauriers de notre bonne conscience. Le temps de nous réveiller est venu. Notre congrès a permis de dresser un  diagnostic clair sur l’état de nos forces et de nos faiblesses. Nous devons maintenant nous réinventer. C’est l’objet de l’année qui vient et d’abord de ces JDE que je souhaite audacieuses, libérées du poids de la division, studieuses autant que ludiques , ouvertes, bref utiles.

Notre mea culpa nous l’avons fait, et je viens ici encore d’en prendre ma part. Mais désormais ce que l’on attend de nous ce n’est pas de l’autoflagellation gémissante, mais de la vivacité et de l’enthousiasme, de la sincérité,  du mouvement, de la  créativité. C’est et ce sera mon rôle de mobiliser toutes les énergies dans les semaines et les mois qui viennent pour y parvenir.

En politique, il n’y a pas de raccourci, mais il n’y a pas d’avantage de fatalité. Rien n’est acquis, mais rien n’est impossible.

A nous de faire de nos primaires une réussite et un tremplin pour notre porte étendard dans la prochaine élection présidentielle.  A nous de faire entendre de nouveau la voix d’une écologie conquérante et indépendante. A nous d’être  à l’heure au plus beau des rendez vous, le rendez vous de l’espoir.

David Cormand

Lorient

25 août 2016

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