Répression au Congo-Brazzaville : La France ne doit pas être complice !

Ce 14 juin, le Président de la République, François Hollande, a reçu le romancier franco-congolais, Alain Mabanckou, également professeur au Collège de France. Cette rencontre fait suite à la lettre ouverte publiée par ce dernier, dans laquelle il dénonçait le silence du Président français face à la tragédie que traverse la République du Congo depuis la victoire, controversée et contestée, aux présidentielles du 20 mars dernier de monsieur Denis Sassou Nguesso, qui cumule déjà 32 années au pouvoir.

Selon le communiqué de l’Élysée, François Hollande a alors manifesté son attachement à la paix et au respect de la démocratie et des libertés publiques dans ce pays.

Cela signifie-t-il que, plus de deux mois après les États-Unis, le Canada ou encore l’Union européenne, la France s’apprête enfin à reconnaître que cette élection n’a été ni libre ni transparente et qu’elle s’est accompagnée de graves violations des droits humains de la part des autorités de Brazzaville ?

Il est permis d’en douter. Hasard ou coïncidence, il s’est tenu le même jour que la rencontre à l’Elysée une autre rencontre, au Quai d’Orsay, entre le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, et son homologue congolais, Jean-Claude Gakosso. Si du côté français, cet entretien a été présenté comme un simple moment d’échanges sur les dossiers relatifs à la région, du côté congolais on a souligné qu’il s’agissait surtout pour les deux parties de « lever les malentendus de ces derniers mois » et de reprendre leur coopération.

Il semble que la déclaration congolaise soit la plus proche de la réalité. Sinon, comment expliquer le silence de la France alors que ce même jour, autre hasard ou coïncidence, le général Jean-Marie Michel Mokoko, un des principaux opposants au régime et candidat à la dernière élection présidentielle, a été arrêté puis incarcéré, après trois mois d’assignation à résidence hors de tout cadre légal, essentiellement pour son refus de reconnaître la victoire supposée de M. Sassou Nguesso ? Comment expliquer le silence de la France alors que l’opposition s’est une nouvelle fois vue interdite de réunion publique quand elle a tenté de dénoncer cette arrestation qu’elle estime arbitraire ?

L’une des seules prises de parole de la France sur le Congo avant ces deux rencontres du 14 juin a concerné le département du Pool, dans le sud du Congo, où de nombreux civils sont victimes d’opérations militaires à l’arme lourde commandées par les autorités congolaises. Le Quai d’Orsay a alors fait part de son souhait que les institutions internationales fassent la lumière sur la situation dans cette région.

Faut-il rappeler à l’Elysée et au Quai d’Orsay que la France est membre du Conseil de sécurité de l’ONU et qu’elle est donc en mesure de le saisir pour agir et ne pas en rester à des déclarations d’intention ? Faut-il informer la Présidence de la République que depuis le 1er juin dernier c’est la France qui préside le Conseil de Sécurité et qu’à ce titre elle est encore plus en capacité de peser sur son agenda ?

Europe Ecologie Les Verts réitère une nouvelle fois son appel au gouvernement français pour qu’il dépose une résolution au Conseil de Sécurité en vue de diligenter une enquête internationale sur les exactions et les violations des droits humains perpétrés en République du Congo aussi bien depuis les élections du 20 mars que lors de la répression du 20 octobre 2015.

EELV renouvelle également son appel au gouvernement français pour qu’il demande aux autorités congolaises de respecter les libertés publiques, notamment en cessant de réprimer l’opposition, en libérant toutes les personnes emprisonnées pour des motifs politiques, à commencer par Jean-Marie Michel Mokoko, et à privilégier une sortie de crise pacifique et inclusive.

Celle-ci ne pourra être durable que si la gouvernance politique et économique ainsi que la gestion des ressources du pays reposent réellement sur l’intérêt des populations.

C’est également à ces conditions que le Congo pourra véritablement devenir un moteur et non un frein au développement et à la stabilité de la région.

Sandra Regol, Julien Bayou, porte-parole nationaux

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