Gare de Manduel : ne méprisons pas la démocratie
En intervenant pour dire que la gare de Manduel est une affaire tranchée et qu’elle doit être engagée d’urgence, le préfet et le secrétaire d’Etat aux transports font l’impasse sur certaines dispositions légales et méprisent la démocratie.
D’une part, à ce jour, aucune enquête publique sur la pertinence et la réalisation de cette gare n’a été effectuée. L’instruction gouvernementale du 16 juin 2014 sur l’évaluation des projets de transport (dont ce type de gare) est pourtant claire : ces projets doivent faire l’objet d’études d’impact et de faisabilité notamment socio-économique et environnementale. Respectons la loi !
D’autre part, la Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées vient de lancer une consultation, les Etats généraux du rail et de l’intermodalité, qui permettent justement de discuter des priorités en matière d’infrastructures de transports pour notre région. La pertinence de la gare de Manduel y est discutée, et vivement contestée, lors des premières réunions publiques. ll est donc scandaleux que les représentants de l’Etat interviennent ainsi dans le débat public, et méprisent les citoyens qui s’expriment actuellement.
Rappelons que le contournement Nîmes-Montpellier n’est pas une ligne à très grande vitesse, mais a d’abord été conçu pour des trains de fret circulant à 120 km/h ainsi que pour des trains voyageurs circulant à 200 km/h et ne s’arrêtant ni à Nîmes, ni à Montpellier. Il n’a donc pas besoin de gares nouvelles pour fonctionner.
Rappelons que les usagers préfèrent majoritairement les gares centrales, et que la SNCF aura le plus grand mal à remplir des TGV qui ne passent pas par les gares centre de Nîmes et Montpellier et qui ne sont pas en correspondance avec les TER. La présidente Delga l’a justement rappelé ce samedi 14 mai à Nîmes.
Rappelons que le partenariat public-privé qui a permis l’engagement précipité de la construction d’une gare nouvelle à Montpellier est contesté devant la juridiction administrative. Un arrêt du chantier par la justice est possible, ce qui serait la meilleure option pour éviter un scandale majeur : une gare fantôme à 200 millions d’euros (130 pour la gare, 70 pour les raccordements routiers et tram).
Rappelons enfin qu’une gare qui ferait perdre du temps à l’immense majorité des utilisateurs est une aberration.
L’observatoire de la saturation de la ligne Nîmes-Montpellier a rendu ses conclusions cette semaine, avec deux constatations percutantes : 1) les gares centrales de Nîmes et Montpellier sont fort loin d’être saturées, puisqu’elles peuvent accueillir deux fois plus de trains qu’actuellement, y compris aux heures de pointe ; 2) la ligne historique Nîmes-Montpellier, une fois débarrassée des trains de fret entre Nîmes et Montpellier, pourra également absorber une augmentation importante (+ 50 % aux heures de pointe, et bien plus le reste du temps) du nombre de trains de voyageurs. il n’y a donc aucune raison objective de vouloir faire circuler les trains de voyageurs qui s’arrêtent à Nîmes et Montpellier sur le contournement de Nîmes et Montpellier.
M. le Préfet, M. le Ministre, aidez nous à mettre en place le tronçon manquant Montpellier-Perpignan avec une ligne nouvelle mixte fret-voyageurs de bout en bout qui permettra à tous les voyageurs de bénéficier d’un service ferroviaire de qualité, et à transférer enfin les 20 000 camions quotidiens de l’autoroute sur le rail ! Tout le monde sera gagnant !
Mathieu BOUCHARD, porte-parole EELV LR : 06 28 33 45 24 – mathieu.bouchard@no-log.org
Sibylle JANNEKEYN, porte-parole EELV LR : 06 63 20 43 60 – sibylle.jannekeyn@hotmail.fr