Crise au Congo-Brazzaville

Congo-Brazzaville : stopper la répression, ouvrir la voie à une transition démocratique

Depuis deux semaines, les autorités du Congo Brazzaville mènent des opérations militaires et policières à l’arme lourde dans le département du Pool, dans le sud du pays. Les premiers témoignages recueillis notamment par Amnesty International font état de vagues d’arrestations arbitraires et surtout de bombardements et pilonnages de zones civiles (habitations, écoles, églises,…) dont le bilan humain pourrait s’avérer très lourd et qui font craindre le pire.

Ces opérations, officiellement lancées pour combattre la milice des « Ninja Nsiloulou », accusée, sans réelles preuves, d’être responsable des violentes attaques qui ont ensanglanté Brazzaville le 4 avril, semblent, en fait, entreprises pour mettre fin aux manifestations pacifiques contestant la réélection du président Denis Sassou Nguesso.

Celui-ci a été déclaré vainqueur dès le premier tour de l’élection présidentielle du 20 mars dernier, avec plus de 60% des voix, malgré une profusion d’irrégularités dont la proclamation des résultats alors que les procès-verbaux n’étaient pas encore compilés. Ces élections se sont déroulées dans une atmosphère d’intimidation de l’opposition et de la population qui s’est vue imposer une interruption totale des communications pendant quatre jours, mais aussi des médias étrangers comme l’a montré l’agression de trois journalistes du Monde et de l’AFP suite à leur interview d’un opposant.

Cette tragédie était hélas prévisible depuis septembre dernier, lorsque Denis Sassou Nguesso, cumulant déjà 32 ans à la tête de l’Etat congolais, a annoncé la tenue d’un référendum pour approuver une réforme constitutionnelle visant à lui permettre de postuler à un nouveau mandat présidentiel. Les contestations populaires à cette manœuvre ont été réprimées avec une violence inouïe qui a causé la mort de dizaines de Congolais. Du referendum constitutionnel d’octobre 2015 à l’élection présidentielle anticipée de mars 2016 – le scrutin devait normalement se tenir en juillet -, Denis Sassou Nguesso a délibérément violé plusieurs conventions dont le Congo est signataire : Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, ou Déclaration de Bamako sur les pratiques démocratiques adoptée par l’Organisation internationale de la Francophonie.

EELV témoigne sa compassion aux familles et aux proches des victimes.

EELV condamne fermement la répression en cours dans la République du Congo et demande son arrêt immédiat.

EELV exhorte le gouvernement congolais à privilégier une voie de sortie de crise pacifique et inclusive.

EELV demande au Conseil de Sécurité des Nations Unies, à l’Union européenne et au Conseil de Paix de l’Union africaine de prendre en urgence toutes les mesures nécessaires à la protection des populations congolaises menacées.

EELV exhorte le gouvernement français à faire pression sur les autorités congolaises pour qu’elles libèrent les prisonniers politiques, à demander une enquête onusienne sur les violations des droits humains en République du Congo depuis les répressions du 20 octobre 2015, à suspendre sa coopération militaire et sécuritaire avec ce pays jusqu’à la cessation des violences d’Etat.

L’actuel pouvoir congolais bénéficie d’une trop grande sympathie de la part de la France du fait, entre autres, de son statut d’allié dans la lutte contre le terrorisme. Ce calcul est voué à l’échec : seul un Congo apaisé, démocratique et gérant ses ressources de manière responsable, écologique et au mieux des intérêts de sa population, sera un allié durablement efficace dans cette lutte.

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