{Aude} Les écologistes inquiets pour la biodiversité des salins

Article de l’Indépendant – 03/11/2012 par Caroline Lemaître
Le site de Port-la Nouvelle est à l\'abandon depuis 2005.

Le site de Port-la Nouvelle est à l’abandon depuis 2005.  © J. L.

Préserver la biodiversité d’un site classé réserve naturelle régionale quand l’origine même de sa spécificité n’existe plus est le casse-tête auquel se heurte depuis de nombreuses années les salins de Port-La Nouvelle.

Pour les représentants d’Europe Ecologie Les Verts, cela n’a que trop duré et ils tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme. Le site, qui n’est plus en activité depuis 2005, a en effet été vendu par la Compagnie des Salins du Midi au Conservatoire du littoral en 2007, grâce à un appui financier conséquent de la Région. « Une partie a été acquise par la région pour être intégrée au domaine portuaire et une autre (les anciens bâtiments) a été vendue à un particulier, mais depuis rien n’a été mis en place pour la gestion du site », explique Albert Cormary.

Le problème n’est pas nouveau, en avril 2006 (tout juste un an après l’arrêt de l’activité des Salins), Philippe Bonhoure, adjoint à l’environnement de Port-La Nouvelle déclarait : « On se retrouve avec une sorte de jachère qui va favoriser l’implantation de roselières et de plantes halophiles qui sont caractéristiques de la mutation naturelle des lagunes qui se meurent ».

Ce site complexe n’a rien de naturel puisqu’il était intimement lié à l’activité humaine des sauniers. La richesse du site reposait comme pour tous les salins sur la qualité de l’eau. La gradation de la salinité permet la multiplication d’espèces différentes, la banalisation du milieu entraîne donc inéluctablement une diminution de cette diversité. Mais de saunier, il n’y en aura plus.

« L’acte de vente stipule que toute production de sel est interdite pendant 25 ans, on peut trouver ça abusif mais c’est ainsi », souligne le porte-parole local d’EELV. Concrètement, la richesse de la biodiversité est liée à la présence de plantes à caractère patrimonial et à celle, plus emblématique, de la faune aviaire.« Aujourd’hui, que voyons-nous ? Côté ornithologique, c’est une désertion quasi totale et côté botanique, le constat est un peu moins désolant mais tout de même très préoccupant », reprend-il devant les anciennes tables salantes résolument vides. « Nous nous inquiétons d’autant plus qu’il n’y a rien de concret qui se profile et que les canaux sont de plus en plus bouchés », souligne Marie-Laure Arripe.
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À SAVOIR
De nouvelles pistes :
Il existe des activités porteuses d’avenir et créatrices de richesses

« Le devenir du site des anciens salins est du ressort des gestionnnaires de la réserve (PNR et mairie de Port-La Nouvelle), mais plus encore de l’autorité de tutelle qui est la Région. Nous nous posons vraiment la question de sa volonté politique», détaille Marie-Laure Arripe. « Si la remise totale en eau a un coût exorbitant, elle doit être envisagée partiellement dans une optique de diversification du site », analyse Albert Cormary qui a déjà pensé à plusieurs activités compatibles. « On pourrait par exemple envisager une culture de la salicorne qui est déjà cultivée dans des régions de France et exportées vers les pays d’Europe du Nord. On pourrait aussi s’inspirer de ce qui se passe à Gruissan avec la culture des micro-algues pour produire des biocarburants. Port-La Nouvelle avec son usine Lafarge, forte émettrice de CO2, pourrait être un site pilote de son piegeage dans une partie des bassins des anciens salins. Nous pensons naturellement à ceux situés près de l’usine, exclus de la réserve naturelle et propriétés de la Région », reprend-il conscient qu’il existe des enjeux très importants. « Les pistes ne manquent pas, ces activités sont porteuses d’avenir et créatrices de richesses locales et d’emplois», conclut-il.

Le site de la réserve naturelle régionale de Sainte-Lucie, qui inclut l’île et les salins, fait partie de la zone Natura 2000 « étangs du Narbonnais ». L’objectif de la constitution du réseau européen Natura 2000 est d’assurer le maintien de la biodiversité par la conservation d’habitats naturels ainsi que d’espèces de la faune et de la flore sauvages, rares, voire menacés à l’échelle européenne. Son objectif n’est pas de faire des « sanctuaires » de nature interdisant toute activité humaine. L’originalité de cette démarche est au contraire de chercher à concilier les exigences écologiques des habitats naturels et des espèces avec les nécessités économiques, sociales et culturelles des sites. La sauvegarde de la biodiversité requiert même souvent le maintien, voire l’encouragement d’activités humaines.

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Une zone Natura 2000

Le site de la réserve naturelle régionale de Sainte-Lucie, qui inclut l’île et les salins, fait partie de la zone Natura 2000 « étangs du Narbonnais ». L’objectif de la constitution du réseau européen Natura 2000 est d’assurer le maintien de la biodiversité par la conservation d’habitats naturels ainsi que d’espèces de la faune et de la flore sauvages, rares, voire menacés à l’échelle européenne. Son objectif n’est pas de faire des « sanctuaires » de nature interdisant toute activité humaine. L’originalité de cette démarche est au contraire de chercher à concilier les exigences écologiques des habitats naturels et des espèces avec les nécessités économiques, sociales et culturelles des sites. La sauvegarde de la biodiversité requiert même souvent le maintien, voire l’encouragement d’activités humaines.

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