{Gard} Gabegie du TCSP de Nîmes Métropole: Intervention auprès des conseillers communautaires

Le groupe local Nîmes Agglomération d’EELV a adressé cet été un courrier, reproduit ci-dessous, aux 101 conseillers communautaires de Nîmes Métropole à propos de la crise ouverte autour du chantier du « TCSP » (Transport en Commun en Site Propre), dont l’écho est à présent national, accompagné de celui qui l’avait été un an plus tôt au commissaire-enquêteur en charge de l’enquête publique concernée.

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Courrier aux délégué-e-s au Conseil Communautaire de Nîmes Métropole (14 juillet 2011)

Madame, Monsieur le-la Délégué-e Communautaire,

Notre groupe local « Nîmes Agglomération » d’Europe Ecologie – Les Verts a récemment adressé un courrier, resté sans réponse, à Monsieur le Maire de Nîmes, concernant le chantier du TCSP.

Il nous a donc paru important de vous faire part directement de notre position dans cette affaire qui défraie encore la chronique, y compris au plan national, après la dernière décision du Tribunal administratif.

Tout d’abord, nous tenons à vous réaffirmer que nous sommes profondément attachés à une forte amplification des transports collectifs, que nous jugeons indispensable pour améliorer la qualité de vie des habitants, et réduire la consommation d’énergie et les pollutions. Le concept de Transport en Commun en Site Propre nous convient donc parfaitement, c’est seulement sa déclinaison dans l’agglomération nîmoise qui nous apparaît en l’état contraire à l’intérêt général.

Depuis longtemps, nous avons manifesté nos réserves et notre opposition quant aux options choisies. Le 30 juin 2010, nous écrivions déjà au Commissaire Enquêteur chargé de l’enquête publique relative au projet de « TCSP axe Nord Sud » pour lui transmettre nos observations. Nos remarques portaient essentiellement sur les points suivants :

  • mauvais choix dans le premier tracé : Nord-Sud au lieu d’Est-Ouest, et éloignement des gares,
  • infrastructures insuffisantes : parkings-relais, voies partagées, concurrence avec les modes de déplacements piétonniers et cyclistes,
  • incompréhensible choix d’énergie avec le gazole,
  • budget élevé et mode de financement inadapté.

Nous n’avions pas évoqué à l’époque la question de l’abattage d’arbres centenaires sauvegardés sur les boulevards, car cette question était restée invisible dans la présentation du projet. On comprend mieux pourquoi aujourd’hui !

A présent, chacun a pu constater comme nous :

  • l’insuffisance du dossier administratif, entraînant une annulation des travaux sur décision de justice, avec un préjudice grave pour les entreprises et les collectivités
  • l’absence totale de concertation sur la question de l’abattage des arbres, qui constitue une atteinte au patrimoine végétal de la Ville, et qui a provoqué une vive réaction de la population, bien au delà du monde politique.

Et comme si le tableau n’était pas encore assez noir, nous apprenons maintenant par voie de presse que la collecte par la Communauté d’Agglomération du versement transport à taux plein par les entreprises serait illégale depuis 13 mois !

Nous déplorons une telle accumulation d’insuffisances, d’erreurs et d’abus. Les préjudices s’additionnent, payés in fine sur deniers publics.

Lors de la séance du Conseil Communautaire du 12 mai dernier, nous faisions partie de celles et ceux qui vous avions alertés à propos de ce projet fort mal engagé. Ce fut malheureusement peine perdue, la plupart d’entre vous se rangeant aux mauvais arguments du maire de Nîmes. Nous tenons néanmoins à saluer le courage de celles et ceux qui ne le firent pas.

Nous vous demandons donc aujourd’hui solennellement de vous ressaisir sérieusement de cette question, qui ne manquera pas d’impacter les finances locales, et sur laquelle vos électeurs seront en droit de vous demander des comptes.

Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur le Délégué-e Communautaire, l’expression de nos salutations distinguées.

Pour le groupe local « Nîmes Agglomération » d’Europe Ecologie – Les Verts,

Patrick Forest,
Marie-Pierre Mercier
Silvain Pastor

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Courrier à l’attention de M. le Commissaire EnquêteurEnquête publique relative au projet de TCSP axe Nord-Sud (2 juillet 2010)

Monsieur le Commissaire Enquêteur,

Nous avons pris connaissance du dossier mis actuellement à la disposition du public dans le cadre de l’enquête publique qui vous a été confiée. Nous souhaitons dans ce cadre vous faire part des remarques et avis suivants.

La liste « Nîmes Avenir Ecologie » menée par Les Verts à l’occasion de la dernière élection municipale nîmoise proposait de « construire l’offre de transports en commun prioritairement selon une dorsale Est-Ouest, axe principal des déplacements dans l’agglomération », en mettant en place des « trains d’agglomération ». L’« étoile ferroviaire nîmoise » y était valorisée comme offrant  « d’immenses possibilités en termes de desserte locale au Nord, vers Alès, à travers les quartiers de garrigue, à l’Est, vers Remoulins et vers Avignon, à travers des quartiers denses en population et des villages de l’agglomération, au Sud, au-delà de St-Césaire vers Vauvert, et à l’Ouest, vers Montpellier, avec deux lignes irriguant d’autres villages de l’agglomération ». L’utilisation de ce précieux patrimoine ferroviaire devait être facilitée par la libération des sillons permise par la réalisation du contournement ferroviaire au sud de Nîmes. Les réseaux de bus et de Transport en Commun en Site Propre devaient être conçus en complément de cette offre structurante par voie ferrée pour desservir l’ensemble des équipements collectifs et des quartiers.

En termes stratégiques

Au regard de ces propositions complètes et cohérentes à l’échelle de l’agglomération, la première critique qui peut être faite à l’actuel projet de TCSP est donc qu’il ne procède d’aucune vision stratégique globale en matière de déplacements (même si c’est le cas en matière d’urbanisme, commercial ou non, voir plus loin).

La priorité donnée à l’axe Nord-Sud (en fait Centre-Sud) au lieu de l’Est-Ouest est révélateur d’une volonté d’étalement de la ville vers le sud et de drainage des populations de centre-ville vers les grandes surfaces commerciales. Nous contestons fortement cette stratégie, dont les conséquences seront :

–l’augmentation du prix du foncier, visant à transformer des terres agricoles riches et fertiles en zones commerciales supplémentaires ou d’habitation, alors que nous avons plus que jamais besoin de paysans locaux pour favoriser la distribution en circuits courts de produits alimentaires et que la zone des Costières est notoirement inondable,

–l’assèchement du commerce de proximité de centre-ville, pourtant facteur de lien social et de réduction des déplacements inutiles.

Loin de résoudre les problèmes actuels de circulation à l’échelle de l’agglomération, le projet ne fait qu’anticiper sur de nouveaux besoins en déplacements, qu’il contribuera d’ailleurs lui-même à créer dans le cadre de la stratégie cachée d’étalement urbain, dont il est la partie émergée.

Le choix de ne pas desservir, dès la réalisation de la première ligne, le site des gares, ferroviaire et routière, reste enfin une des plus lourdes erreurs commises, car il empêche tout développement de l’intermodalité. Le Plan de Déplacement Urbain adopté en décembre 2006 incluait pourtant le « cadencement de l’étoile ferroviaire » – ignorée dans le projet actuel.

Sur les détails du projet

Relevons tout d’abord le caractère complexe du dossier de présentation, parfois un peu d’amateurisme dans le rédactionnel et des hypothèses non tranchées, qui ne permettent pas aux citoyens de se positionner réellement dans le cadre de l’enquête publique.

La capacité cumulée des parkings-relais envisagés (environ 500 places), au stade des Costières et à la sortie de l’A54, apparaît bien faible au regard des besoins prévisibles des milliers de voyageurs quotidiens de la ligne.

Le recours au gazole comme carburant des bus ne laisse pas de surprendre pour un projet qui prétend s’inscrire dans le « Grenelle de l’environnement ».

Il est en outre difficile de parler véritablement de « TCSP » quand plusieurs tronçons sont partagés avec d’autres modes de déplacements :•double-sens dans la rue de la République (retour par la rue du Mail envisagé précédemment et abandonné) impliquant l’empiètement sur l’espace qui devrait être dévolu aux piétons et aux cyclistes•bus Tango empruntant le « site propre » sur le bd Gambetta notammentIl est à craindre de ce fait une diminution de la vitesse commerciale. Par ailleurs, l’absence de coordination et même la concurrence avec les modes de déplacements « doux », cyclistes et piétonniers, dans le tronçon central choisi, celui de la rue de la République, est très regrettable.

Enfin, c’est le financement du projet qui pose problème. Il y a une incohérence à faire payer les entreprises en fonction de leur nombre de salariés alors que très peu d’entre eux seront concernés par la ligne (8 déplacements domicile-travail sur 10 se faisant dans l’agglomération sur un axe Est-Ouest). Le « Versement Transport » invoqué ne permet même pas, quoi qu’il en soit, de financer actuellement le réseau Tango. Et l’augmentation de cette contribution, bien qu’annoncée, est loin d’être assurée. Le projet a été pensé avant le début de la crise et la politique de réduction des déficits publics qu’engage le gouvernement. Son coût, qui en fait une opération de prestige, empêchera la mise en place d’autres solutions, pourtant moins onéreuses et immédiatement opérationnelles (voies piétonnes et cyclables, aménagement de couloirs de circulation strictement réservés aux bus).

C’est au vu de l’ensemble de ces éléments que nous vous invitons, Monsieur le Commissaire Enquêteur, à émettre un AVIS DEFAVORABLE au projet de TCSP Axe Nord-Sud de Nîmes Métropole.

Patrick Forest,
Secrétaire du groupe local« Nîmes Agglomération »des Verts & Europe Ecologie

Marie-Pierre Mercier
Militante associative nîmoise

Silvain Pastor
Tête de liste « Nîmes Avenir Ecologie » à l’élection municipale de 2008

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