Une autre économie est possible
Cet article est paru dans le numéro 172 du magazine Français du monde.
Face à la logique purement financière et de maximisation des profits quels que soient les coûts, il existe des alternatives. L’économie sociale, solidaire et verte représente un ensemble de mécanismes et d’initiatives permettant de créer de la richesse et du bien-être sans pour autant augmenter les inégalités et notre dette écologique.
Les entreprises d’insertion emploient des personnes qui connaissent des difficultés, étant trop éloignées du marché du travail pour y trouver une place facilement. Derrière la logique sociale se trouve bien souvent une logique environnementale, promouvant un usage durable de nos ressources. Entreprises d’insertion, Envie répare des appareils électroménagers, Les Jardins de Cocagne développent des exploitations maraîchères solidaires et biologiques.
La solidarité internationale fait aussi partie de cette économie, notamment via le commerce équitable qui permet de rémunérer des producteurs dans des pays du Sud à un prix plus juste que celui offert par les grands circuits de production et de commercialisation. L’offre importante de cafés équitables en est un exemple.
Mais au delà des secteurs d’interventions et des personnes ciblées, ces approches alternatives revisitent les mécanismes de l’économie de marché afin de ne pas nous enfermer dans des ressorts uniquement compétitifs mais de nous placer dans des approches collaboratives. C’est le sens des Sociétés COopératives et Participatives (SCOP), qui sont soumises à l’impératif de rentabilité mais dont la gestion est démocratique (les salariés-coopérateurs, majoritaires au capital, ont chacun une voix) et l’usage des profits fléché en priorité vers le projet de la SCOP et ses emplois. Cette forme touche toute taille d’entreprise et tout type de secteur, du Groupe Chèque Déjeuner à l’école de conduite ECF en passant par le Théâtre du Soleil.
Cette autre économie se développe aussi en réponse à des pratiques nouvelles, au potentiel fort car liées aux technologies de l’information. La consommation collaborative crée de nouvelles activités comme l’auto-partage, qui est un exemple d’une économie de la fonctionnalité par opposition à celle fondée sur la priorité. Voyant les sites internet de troc et de partage se multiplier et grandir, certaines entreprises de distribution commencent à organiser dans leurs locaux le recyclage et l’échange de leurs produits.
L’esprit collaboratif gagne une place nouvelle avec le développement de partenariats entre entreprises et organisations non gouvernementales, jusqu’à la mise en œuvre de collaborations entre concurrents. Par exemple : Mitsubishi a fait le choix de collaborer avec l’ONG Rainforest qui critique l’impact de sa production sur les forêts tropicales ; des sociétés concurrentes de l’agroalimentaire se regroupent pour développer ensemble des solutions d’emballage responsable.
L’économie sociale, solidaire et verte est aujourd’hui déjà loin des marges. Surtout, elle n’a pas vocation à être une niche de réparation des impacts d’activités prédatrices pour l’homme et son environnement. Elle vise la modification de nos modèles économiques et sociaux pour changer d’ère…
Lucien Bruneau
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