«Le bio n’est pas l’ennemi du champagne»

À l’occasion de la venue des têtes de liste EELV pour

les Régionales à Château-Thierry et Épernay, voici cinq idées reçues autour de la viticulture durable.

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1 – Les vignerons ne sont pas fans du bio On ne peut pas dire que les vignerons sont effectivement « mordus » de la culture bio. Il suffit également de constater le nombre d’exploitations installées ou converties en bio : 110, représentant quelque 420 à 430 hectares… sur 33 400 en Champagne. C’est dire le peu d’affection pour ce que Vincent Laval, président des vignerons bio de Champagne, installé à Cumières, appelle pourtant «  la méthode normale de viticulture puisqu’elle n’utilise aucun produit chimique  ». Pour autant, Nadine Cortial, tête de liste Europe Écologie-Les Verts dans la Marne, constate «  des efforts depuis plusieurs années  ». Habitante d’un village viticole dans le massif de Château-Thierry, elle échange avec des professionnels en réflexion sur l’utilisation des pesticides.

Depuis 2001, les vignerons ont également le choix entre une viticulture bio, une viticulture durable en autoévaluation et une viticulture durable certifiée (lire ci-dessous). «  La Champagne vise ainsi une viticulture 100 % écologique et se donne les moyens de dépasser les objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement afin de rester une région pionnière de la viticulture mondiale », affirme le comité Champagne. L’écologie (le plus respectueux de l’environnement, ndlr) oui mais le bio… pas tout de suite.

2 – Le bio coûte plus cher, à produire et à consommer «  Une bouteille de champagne bio coûte entre 18 et 1 000 euros ; une bouteille de champagne conventionnel, entre 9 et 6 000 euros  », appuie Vincent Laval, affilié à aucun parti politique. «  Le bio est plus cher mais la fourchette est plus large en conventionnel.  » Plus rares, les produits bios sont plus chers. Et à produire ? Dans la mesure où Vincent Laval, par exemple, emploie trois salariés en CDI, sa production coûte plus cher qu’un vigneron en culture conventionnelle qui n’embauche personne, sauf des saisonniers pendant les vendanges. Ce n’est pas le cas de tous. «  Soit on fait du bio avec des tracteurs, ce qui représente quand même 20 à 30 % de travail en plus par rapport à une culture conventionnelle, poursuit le viticulteur. Soit on fait tout à la main et là, on dépasse largement le ratio.  » Comme l’éprouvent Gaëtan Gillet et Jean-Philippe Waris, négociant et viticulteur en biodynamie à Avize, sur leurs parcelles sous tuteurs : 40 % de travail en plus.

3 – EELV quasiment inexistant auprès du milieu viticole C’est bien simple, aucun représentant « vert » dans le bassin sparnacien, qui compte le plus grand nombre de viticulteurs. Est-ce à dire que les vignerons n’ont aucun intérêt pour l’écologie. Non, bien sûr, même si la marge de progression reste très importante. À ce jour, on compte 7 % d’exploitation certifiée viticulture durable par le comité Champagne, soit 2350 hectares.

Mais cela prouve aussi la difficulté du parti à être légitime dans ce bassin ardu. Corinne Rufet, vice-présidente de la région Ile-de-France, affirme pourtant que les territoires sont «  essentiels  » pour défendre les valeurs de défense de l’environnement. Mais sans relais local, comment faire ? Nadine Cortial a, quant à elle, du «  mal  » à s’expliquer cette absence dans ce milieu viticole.

«  Tout le monde prétend faire de l’écologie. À Épernay, il y a eu des militants, fortement phagocytés par le groupe rémois. Mais nous menons une réflexion actuellement pour que l’ouest rémois couvre le bassin sparnacien.  »

Les soutiens politiques seraient plus appréciables pour soutenir les demandes d’aides auprès de l’Europe selon Vincent Laval. «  Cela permettrait à des viticulteurs de passer ou de s’installer en bio.  »

4 – La Haute valeur environnementale, un « truc de bobo » Le discours est clair pour Sandrine Bélier et Sandrine Rousseau, têts de liste EELV pour la région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne et Nord-Pas-de-Calais-Picardie : «  On n’est plus à l’heure des aménagements donc, à un moment, il faut arrêter et dire stop aux produits chimiques.  »

La haute valeur environnementale, certification dépendant du Ministère de l’agriculture, n’est pas suffisante. Elle ne séduit pas non plus Vincent Laval : «  C’est une avancée par rapport à ceux qui utilisaient des pesticides à haute dose mais c’est une tromperie de la clientèle puisque cette certification n’interdit pas leur utilisation.  »

5 – Le bio est moins bon et donne moins de rendement «  Il suffit de regarder les vignes…  », souligne le viticulteur de Cumières. «  Nous pouvons atteindre les 10 500 kg de rendement demandés cette année. Mais parfois nous ne les atteignons pas par choix.  » «  Le bio n’est pas l’ennemi du champagne  », relaie Nadine Cortial. Quant à la qualité gustative, elle reste suggestive. «  Il n’y a pas de mauvais terroir en Champagne mais de la diversité des produits de l’appellation.  » Et en cela, bio ou non, tous les vignerons s’y retrouvent.

Claire HOHWEYER et Michel MAINNEVRET

Source : http://www.lunion.com/550598/article/2015-09-17/le-bio-n-estpas-l-ennemidu-champagne

 

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