L’État français condamné sur le dossier de l’ours pyrénéen : il y a urgence pour sa réintroduction
communiqué du groupe écologiste et citoyen au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine du 12 mars 2018
Le groupe des élu·e·s écologistes à la Région Nouvelle-Aquitaine se félicite de la décision du tribunal administratif de Toulouse qui vient de condamner l’État pour non-respect de l’obligation lui étant faite d’assurer la bonne conservation de l’ours brun dans les Pyrénées.
Déjà en septembre 2016, Nicolas Thierry, vice-président en charge de l’environnement et de la biodiversité demandait à Ségolène Royal, alors ministre de l’écologie, la réintroduction de deux ourses femelles en vallée d’Aspe. Demande réitérée à l’été 2017 par Jean-François Blanco à Nicolas Hulot, nouveau ministre de l’écologie.
Le jugement du tribunal administratif de Toulouse est intervenu après que deux associations de défense de l’animal, Ferus et Pays de l’ours-Adet, ont déposé en 2015 un recours pour faire reconnaître « la carence de l’État français dans son obligation de maintenir la population d’ours bruns dans un état de conservation favorable », ainsi que l’exige la directive Habitats de 1992.
La décision des juges pointe bien l’urgence : faute de réintroduire des femelles, l’ours risque tout simplement de disparaître des Pyrénées.
Il ne reste plus que deux ours mâles dans les Pyrénées occidentales : Néré (19 ans, de souche slovène) et Cannellito (12 ans, le fils de Cannelle, la dernière femelle de souche pyrénéenne tuée par un chasseur en 2004). Par comparaison, ce sont 27 ours (13 femelles, 8 mâles et 6 oursons) qui se répartissaient en 2015 dans les territoires, côtés français et espagnol, des Pyrénées centrales et orientales.
Sans un renforcement rapide (une ou deux femelles), le noyau occidental (Pyrénées-Atlantiques) est en effet condamné, réduisant à néant plusieurs décennies d’efforts publics et privés pour aller vers une cohabitation entre l’ours et le pastoralisme, l’ours et la chasse, et pour protéger les habitats de cette espèce.
La réintroduction d’une femelle est le seul moyen de conserver et transmettre le patrimoine génétique de la souche pyrénéenne que possède Cannellito.
La disparition définitive de la souche pyrénéenne constituerait en outre une perte d’identité pour les Pyrénées : conserver ce patrimoine génétique, c’est aussi conserver un patrimoine culturel fortement ancré (carnavals, blasons, mythes, légendes, contes et dictons pyrénéens associés à l’ours).
Cette condamnation de L’État français intervient alors qu’un récent sondage de l’Ifop montre que les Français sont à 84% favorables au maintien d’une population d’ours dans les Pyrénées.
La balle est plus que jamais dans le camp du ministère de la transition écologique et solidaire, c’est pourquoi nous renouvelons notre demande de réintroduction de femelles de façon urgente.
Nicolas Thierry, vice-président en charge de l’environnement et de la biodiversité.
Jean-François Blanco, conseiller régional des Pyrénées-Atlantiques.