Yémen : brisons le silence
Depuis le 4 novembre, la coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite impose un blocus total, aérien, terrestre et maritime au Yémen après qu’un missile balistique a été tiré samedi vers la capitale saoudienne, Riyad, par les combattants Houthis alliés à l’ex-président Ali Abdellah Saleh.
Ce blocus empêche l’aide humanitaire vitale, les médicaments et les fournitures commerciales d’atteindre les zones sinistrées, ainsi que la circulation des travailleurs et travailleuses humanitaires à l’intérieur et à l’extérieur du Yémen. Mark Lowcock, le chef humanitaire de l’ONU, a déclaré que cette décision aggraverait une crise humanitaire « catastrophique » qui a poussé des millions de personnes au bord de la famine et causé une épidémie massive de choléra. Il s’agit probablement, comme le rappellent les ONG, d’un des plus grands épisodes de famine de l’histoire. « Plus de 20 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, sept millions d’entre elles sont confrontées à des conditions de famine et dépendent entièrement de l’aide alimentaire pour survivre » ont prévenu l’ONU et les ONG présentes dans le pays, dans une déclaration conjointe.
Au Yémen, le système de santé, d’approvisionnement en eau et d’assainissement a été dévasté par plus de deux ans et demi de guerre qui a fait plus de 10 000 morts. Un chaos que le blocus ne fait qu’aggraver en privant des millions de personnes de l’alimentation et des médicaments dont ils ont besoin pour survivre. Aux privations de la famine s’ajoutent, du fait de la faiblesse physique des personnes, les risques de pandémie et d’infections.
Europe Écologie Les Verts salue la déclaration française qui rappelle que « L’accès complet, inconditionnel et sans entrave à l’aide humanitaire est une obligation du droit international humanitaire qui s’impose à l’ensemble des parties au conflit », et demande d’intensifier les efforts pour que cette déclaration soit effective sur le terrain. Car ce blocus est vécu par les yéménites comme une punition collective.
Europe Écologie Les Verts rappelle que la protection de la population civile et des infrastructures civiles doit être considérée comme une priorité par toutes les parties. Il n’existe pas de solution militaire au conflit et l’escalade actuelle du conflit yéménite sape les perspectives d’un règlement politique, seule solution durable.
Europe Écologie Les Verts demande également au gouvernement français et à l’Union européenne de multiplier les contacts avec toutes les parties pour reprendre le processus de négociation sous la direction des Nations unies.
Au-delà des déclarations d’intentions, Europe Écologie Les Verts appelle à un embargo sur la vente d’armes à l’Arabie Saoudite qui ne respecte en aucun cas les lois de la guerre dans le pays. La France ne devrait plus vendre des armes à Ryiad, conformément à sa ratification en 2014 du traité sur le commerce des armes.
La situation au Yémen sera à l’ordre du jour du prochain Conseil fédéral d’Europe Écologie Les Verts du 2 décembre.
Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux
Source : Yémen : brisons le silence